tranches de vie

Publié le 3 Septembre 2016

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….
Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

Tu dois tendre les bras pour lire ton dernier best-seller et que tu finis avec une paire de lunettes progressives sur le bout de ton nez.

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

Tu ne dors plus que six heures par nuit et que tu dois te lever pour faire pipi.

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

Tu te lèves le matin avec des douleurs partout et que ton médecin te dit qu’il n’y a rien à faire que c’est l’arthrose de la cinquantaine.

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

Tu dois passer ta première mamo de dépistage et que tu te retrouves un beau matin avec les nénés écrabouillés entre deux plaques de plexiglas.

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

Tu reçois le catalogue Daxon dans ta boîte aux lettres et que tu revois en un éclair les robes-tabliers de ta grand-mère et ses cœurs croisés de Playtex.

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

Tu te surprends à dire lorsque j’étais jeune ou de mon temps….

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

Tu manges des yaourts Taillefine, cinq fruits et légumes par jour et trois tablettes de chocolat et que tu continues à t’arrondir.

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

Tes dernières collègues sont plus jeunes que tes enfants et que la petite stagiaire te vouvoie en t’appelant madame.

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

Quand tu tapes ménopause sur Google.

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

Tu enfiles une minijupe et qu’elle finit illico presto à Emmaüs.

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

La vendeuse de Séphora te dévisages un long moment alors que tu tapotes ton code en caisse et te glisse discrètement dans ton sac, des échantillons antirides, liftant + et coup d’éclat.

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

On te dit que tu ressembles de plus en plus à ta mère.

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

Tu déjeunes le matin avec des céréales spécial K, des flocons d’avoine et du jus de pruneau (tu vois ce que je veux dire).

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

Tu chantonnes, mangez la banane par les deux bouts ouin, ouin et qu’on te demande si tu te sens bien.

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

Quand dans la terrible épreuve du miroir grossissant pour t’épiler les sourcils, tu ressembles à un vieil éléphant du zoo de Vincennes.

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

Tu reçois de la pub pour t’abonner à Pleine vie avec des communiqués pour monte escaliers.

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

Ton banquier veut te refourguer des assurances- vie pour préparer ta succession.

Tu as coché la plupart des affirmations ci-dessus, Bienvenue au club de quinquas.

Mais n’ai pas peur, médites cette citation de Marie-Louise Audibert

Vieillir c'est s'arracher à soi, un soi habituel, commode, et en même temps s'approcher du noyau dur. Plus tu vieillis, plus tu es. Plus tu t'effaces, plus tu es là. Finis les masques et les stratagèmes.
 

Et oui,

Plus tu vieillis, plus tu t’approches de la quintessence de toi même

 

C'est beau non?

 

Tu sais que tu as cinquante ans quand ….

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Publié le 23 Août 2016

Laver son linge sale

Laver son linge est aujourd’hui une activité rapide et quotidienne. Nous enfournons chaque jour dans le tambour, des vêtements à peine portés pour des cycles courts à 30°C. 

Il fut pourtant un temps avant l’apparition de la machine à laver où cette corvée mobilisait toutes les forces de la femme au foyer et ceci des jours entiers.

C’était le temps de la lessiveuse, vous savez cette lourde marmite de zinc munie d’une tubulure centrale, qu’on remplissait d’eau et de paillettes de savon et qui chauffait sur le poêle ou la gazinière.

Laver son linge sale

Dans les années 50, ma grand-mère soufrait tellement de sa sciatique qu’elle fut un temps dans l’impossibilité d’entretenir le linge pour les quatre personnes vivant à la maison.

Porter la lessiveuse sur le feu, la remplir à la casserole, ressortir les draps pesants, dégoulinants d’eau, les mettre dans la grande panière en osier, les porter au lavoir pour les frotter à la brosse à chiendent, les battre, les rincer, les tordre devenait au-dessus de ses forces.

Sa jambe était coincée au point qu’elle se déplaçait le genou sur une chaise.

Marcelle dut se résoudre à embaucher une aide. Elle chercha longtemps dans le pays mais toutes les bonnes laveuses étaient prises. La seule qu’elle trouva, fut une vieille bohémienne qui louait ses bras pour quelques sous. On la nommait la Parapluie car elle réparerait des baleines d’ombrelles et de parapluies.        

La Parapluie arriva donc un beau lundi avec un grand sourire édenté qui la faisait ressembler à une sorcière. Elle ne sentait pas très bon et ses mains n’étaient pas très propres mais Marcelle n’avait pas le choix.

D’ailleurs, elle était forte comme un homme cette Parapluie et portait brassées sur brassées sans jamais se plaindre.

Marcelle soupirait en voyant son beau linge blanc pressé contre la robe douteuse mais que faire avec cette douleur dans le dos qui ne la lâchait pas.

Par temps de pluie, l’histoire se compliquait car la Parapluie saisissait sa brouette et emmenait le linge dans son antre. Il revenait puant le vieux grenier, l’urine de chat et le fumier.

Marcelle n’en pouvait plus.

 

Laver son linge sale

Faute de laveuses expérimentées, il fallait absolument trouver une solution.

En 1955, les premières machines à laver arrivèrent sur le marché.

Marcelle eu connaissance que sa cousine s’était équipée et c’est comme ça qu’un beau dimanche, toute la famille fut invitée à assister à la première lessive automatisée.

En arc de cercle dans l’étroit cagibi, les bonnes femmes rassemblées commentaient l’événement sous le regard vaniteux de la maitresse de maison. Tout y passa, marque, prix exorbitant, fonctionnement et même en catimini quelques propos acerbes sur l’hôtesse.  

Marcelle en première ligne ne s’intéressait qu’à l’engin et quelle ne fut pas sa déception, lorsqu’elle se rendit compte que cette Laden ne servait qu’à rincer et n’épargnait  nullement ni  la corvée de la lessiveuse, ni celle de l’essorage aux rouleaux.

Et bien, dit -elle résignée c’est pas demain qu’on se débarrassera de la Parapluie.

Mais dans les années 50, le progrès galopait vite et quelque mois plus tard, voici la première machine chauffante.

Cette fois ci fut la bonne et mes grands-parents raclèrent leurs fonds de tiroirs pour acquérir ce merveilleux appareil.

Au revoir Parapluie !

Laver son linge sale

La machine fut enfin en place dans la cuisine. Imaginez, une grande cuve émaillée avec un disque tournant en caoutchouc et des palmes pour brasser. Une rampe à gaz sous la cuve qui assurait le chauffage et un petit moteur pour vidanger.   

Et rien n’était perdu, on récupérait l'eau savonneuse de lavage , le lessi, pour la tournée suivante.

Il fallait ensuite saisir le linge bouillant avec de longues pinces puis le passer entre deux rouleaux pour extraire l’eau sale puis le renfourner dans la machine pour rincer et ceci à trois reprises.

C’était encore laborieux mais quelle révolution !

Marcelle n’a jamais perdu vue cette brave Parapluie. Elle la croisait dans le quartier avec son grand cabas  et elle s’arrêtait de temps à autre pour boire le café.

Je crois bien qu’elle a laissé la lessive et s’est remise à réparer, devinez quoi, des parapluies!

Quelques chiffres: En 1954 8,4% des ménages étaient équipés d'une machine à laver le linge, une machine qui restait chère (en 1950 une machine à laver de bonne qualité équivalait à quatre mois de salaire "moyen").
Source : http://www.chartres.fr/fileadmin/user_upload/Actus/Pdf/DP_annees_50__GOOTENBERG_OK.pdf

Et en photo de couverture, la mère Denis, l’héroïne d'une publicité des années 1970.
Vedette mérite votre confiance chantait la pub et la mère Denis répondait ça c'est vrai ça!

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Publié le 21 Août 2016

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Publié le 15 Août 2016

La vallée des rois

Egypte, chapitre 6

Nous traversons le Nil dans un petit bateau blanc orné de frises multicolores.

Quelques minutes plus tard nous débarquons sur la rive gauche, celle où le soleil se couche, celle des sépultures des rois et des reines.

La vallée des rois

Après ¾ d’heure de bus et un petit coucou aux colosses de Mémnon, nous arrivons à la vallée des rois.

La vallée des rois
La vallée des rois
La vallée des rois

Malgré l’heure matinale, la chaleur est à la limite du supportable et nous nous enroulons la tête avec des fouloirs pour nous protéger du soleil.

Un petit train nous conduit dans un site immense au cœur d’une montagne aride : la vallée des rois.

De toutes parts des groupes vont et viennent, les explications des guides s’entremêlent dans toutes les langues.   

Emad nous donne quelques informations sur le culte des morts.

Les Egyptiens croient à la résurrection de l’âme. Les morts de l’Egypte ancienne sont embaumés, momifiés puis ensevelis dans des sépultures qui varient suivant les époques et le rang social.

Dans la vallée des rois, les rochers dissimulent des hypogées d’une soixantaine de pharaons du Nouvel Empire (environ 1530-1069 avant J.-C.).

Les tombes sont entièrement dissimulées dans la montagne, ne laissant visibles que de petites portes pour y accéder.

Nous empruntons de longues galeries inclinées puis nous traversons plusieurs pièces multicolores. Des vivres et des meubles y sont entreposés pour la vie éternelle. La dernière salle est celle du sarcophage où reposaient les dépouilles des pharaons.

Les murs des galeries et des pièces sont ornés de hiéroglyphes, de dessins et de bas-reliefs dont la plupart ont conservé leurs couleurs. Chaque fresque raconte la vie quotidienne et le monde de l’au-delà. Les scènes doivent aider les défunts à passer dans l’au-delà.

C’est émouvant et tellement grandiose.

La vallée des roisLa vallée des roisLa vallée des rois
La vallée des roisLa vallée des rois

Il y a une foule impressionnante qui patiente sous un soleil de plomb pour visiter le tombeau de Thoumosis III. Il est situé au bout d’une faille étroite. Il faut grimper dans la montagne par une échelle métallique puis redescendre à pic par un boyau cimenté jusqu’aux entrailles de la terre.

On se croirait en enfer tellement il fait chaud, il n’y a pas d’aération et les touristes se succèdent dans un ballet incessant qui soulève la poussière et rend l’air irrespirable. 

Un dernier escalier nous mène au plus profond, dans la salle ovale du sarcophage.

En file indienne, nous remontons vite à l’air libre pour échanger nos impressions à l’ombre de la montagne.  

Les Egyptiens considèrent que l’homme est composé de plusieurs dimensions :
- le djet : le corps à momifier
- le shouyt : l'ombre  
- Le ren : le nom
- le ba : le principe spirituel enfermé dans l’homme prenant son envol à la mort du défunt. Il reste attaché au corps qui doit donc rester intact par la momification.
- le ka : l'énergie vitale statique qui naît en même temps que l'humain et qui survit après la mort. C’est un double divin   
- l'akh : l’esprit lumineux qui vit aupr
ès du Dieu Ré  après la mort.

C’est complexe mais passionnant.

La vallée des rois
La vallée des roisLa vallée des rois

Sur le chemin du retour, un ouvrier égyptien perché sur son tracteur semble indifférent aux touristes et à la chaleur, il trimbale sa bombonne avec beaucoup de bruit et de sérieux.

Vite, se désaltérer dans le bus climatisé !

Scènes de vie quotidienne
Scènes de vie quotidienne
Scènes de vie quotidienne
Scènes de vie quotidienne
Scènes de vie quotidienne

Scènes de vie quotidienne

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Publié le 29 Juillet 2016

Le monument aux morts

Augustine décacheta le pli de l’administration avec les yeux brouillés.  

Que lui voulait donc encore cette République Française qui 7 ans plus tôt l’avait laissé seule avec ses deux petits.

Courrier reçu par M-Augustine

Courrier reçu par M-Augustine

Madame,

C’est avec une émotion profonde que nous venons vous annoncer, pour que vous puissiez y assister, l’inauguration du monument aux morts que la commune a élevé à ses glorieux morts. Il aura lieu à 10 heures et demie, dimanche 8 août 1920, date que portera le drapeau spécialement acquis pour la circonstance.

La municipalité à qui ce pieux devoir est confié a voulu que la cérémonie fût impressionnante dans sa simplicité. Il en sera ainsi et le recueillement le plus absolu sera observé.

Vous aurez la place d’honneur.

Votre douleur est grande, nous la partageons.

Puisse la fière part que nous y prenons, être à votre peine une atténuation et vous encourager.

En vous renouvelant nos condoléances émues, nous vous saluons avec un profond respect.

Pour le conseil municipal

Le maire

Marie-Augustine et Jean-Louis

Marie-Augustine et Jean-Louis

Augustine se cacha dans la souillarde pour que les enfants ne voient pas ses larmes.

L’espace d’un instant, elle revit le bon sourire de Jean-Louis, elle sentit sa moustache brune caresser ses lèvres avides de baisers et ses mains qui enserraient sa taille fine.

Elle se boucha les oreilles, chiffonnant le courrier officiel. Cette lettre ranimait le feu des canons et les éclats d’obus éclataient dans son cœur serré sur le mort pour la France.

Elle vit le corps vigoureux de son aimé, démantelé, méconnaissable, enfoncé dans la terre éventrée. Il gisait là entre les squelettes des arbres désintégrés, sous les salves incessantes qui finissaient de l’enterrer.   

Elle étouffa ses cris d’horreur avec le torchon à vaisselle qu’elle tenait toujours dans ses mains tremblantes.

Que savait-il ce scribouillard de la mairie, de ses cauchemars, de son labeur pour survivre et élever ses enfants devenus pupilles de la nation ?

Que savait-il ce gratte-papier, de son époux, jeune lieutenant dévoué qui tomba au cœur d’un été qui ne parvenait plus à réchauffer sa dépouille abandonnée.

Cette lettre remuait le long fer à jamais fiché dans sa plaie béante de veuve. Ses larmes de sang se mêlaient à nouveau avec celui qui coulait dans les sillons de la terre Lorraine.

Elle revécut cette longue année sans nouvelles et ses démarches vaines pour le retrouver.  

Sa chair se tordait encore des affres de ses nuits blanches, la secouant d’interminables spasmes de désespoir qui laissaient son lit moite et ravagé.   

Mon Dieu, qu’elle avait espéré qu’il ne fut que blessé, inconscient, amnésique. Elle pria même pour qu’il fût amputé, aveugle, défiguré ….

Il était quelque part dans ses espoirs jusqu’à la missive funèbre qui la laissa pantelante et muette.

Il était mort depuis longtemps, depuis les premiers jours de la guerre.

Augustine, la belle épouse du lieutenant valeureux  troqua son corsage blanc pour une vilaine robe noire et quitta le village qui n’était pas le sien.

Bien loin de leur petite maison, toute joie à jamais disparue, elle poursuivit sans lui, sa vie de veuve et de mère pour les deux orphelins de ce papa glorieux.

Une inauguration de monument aux morts après la guerre 14/18

Une inauguration de monument aux morts après la guerre 14/18

Et voilà qu’aujourd’hui, on l’informait que le nom de Jean-Louis était inscrit sur le monument du souvenir, là-bas dans le village de leurs belles amours.

Elle imagina les lettres d’or se détachant sur le marbre gris, 1er nom de la longue liste, 1er mort de la commune.

Augustine ne pourrait pas prendre la place d’honneur que la commune lui réservait. Elle imagina pourtant le long cortège sombre et tous ces enfants sans père. Elle entendit les discours patriotes, les hommages rendus et les bénédictions du vieux curé.

Elle vit les étendards levés,

les bouquets de bleuets et de coquelicots qui repoussaient

au vent dans les terres dévastées.

Augustine, se ressaisit, Jean-Louis dont les os dispersés s’entassaient pêle-mêle dans la terre de l’est aurait afin son mausolée.  

Sur le buffet de la salle, trônait une photo qu’elle aimait tant, elle souligna de son index leur couple si bref tandis que ses yeux clairs cherchaient dans le jardin leurs deux enfants joyeux.

A la mémoire de Jean-Louis et Marie-Augustine mes arrières-grands-parents

Le monument aux morts

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Publié le 20 Juillet 2016

Aux portes du désert

Egypte, chapitre 5

Le thermomètre marque 40 degrés lorsque nous débarquons à Assouan.
Emad nous guide au-dessus de la ville, dans une carrière de granit d’où proviennent les obélisques.

Nous nous approchons d’un obélisque couché qui n’a jamais quitté la roche.
Les ouvriers taillaient la face externe à même le rocher puis les côtés et enfin mettaient des coins de bois gorgés d’eau qui en séchant gonflaient et faisaient éclater la pierre.

L’obélisque était ensuite fignolé aux ciseaux avant d’être hissé de sa fosse puis roulé jusqu’au Nil sur des rondins. 

Un nubien jovial, noir de peau et habillé d’une magnifique robe bleu azur, gravit la colline à grand pas. Il a repéré les bus de touristes et sait bien qu’il y a quelques sous à gagner.

Il sourit de toutes ses dents « foto, foto » dit t’il en  mimant le geste.  
Bon, encore une fois, il y a du bachshish dans l’air mais cette fois ci je ne résiste pas et je prends la pose près de cet homme bien souriant.

Aux portes du désert
Aux portes du désert
Aux portes du désert
Aux portes du désert

Lorsque nous embarquons dans la felouque en fin d’après-midi, la température est redevenue supportable.

Nous nous installons sur les banquettes garnies de coussins moelleux tandis que le marin manœuvre son voilier dans la pure tradition égyptienne.

Main dans la main, nous voguons, unis, insouciants, le visage au vent et nous laissons gagner par la pure douceur du moment.

Et voilà que l’égyptien tape sur un tambourin et se met à chanter. Nous reprenons  en chœur la mélopée en tapant dans nos mains.

Les visages sont souriants, nous sommes merveilleusement bien !

Quand la chanson s’achève, mon amour reste rêveur et regarde l’horizon.

Quelle belle image éternelle que cette silhouette aimée voguant tranquillement sur le Nil mené par le batelier à la longue djellaba immaculée.
Le calme est soudain rompu quand surgissent, une bande de gamins, à plat ventre sur des planches en polystyrène. Ce sont des garçonnets d’une huitaine d’années qui viennent chanter pour les touristes en échange de piécettes.

Comment ne pas s’interroger et se sentir désolés de tous ces petits dépenaillés livrés aux eaux sales du fleuve. 

Aux portes du désert
Aux portes du désert
Aux portes du désert
Aux portes du désert

Le muezzin appelle à la prière, les hommes sortent leur tapis et s’agenouillent dans la ville. Puis ce sont des dizaines de femmes qui se regroupent dans la fraicheur du square. A chaque coin de rue, les enfants mendient, pieds nus.

La porte du souk est éclairée de plusieurs lanternes superposées et nous invite à entrer dans le monde des mille et une nuits.

Nous sommes assaillis de couleurs et de bruits et Emad quitte rapidement la rue principale pour nous conduire dans des ruelles moins fréquentées.

De chaque côté de ces passages étroits, les marchants étalent des cuivres, des étoffes, des bijoux et des papyrus.

Nos narines se gonflent des senteurs entêtantes des épices colorées et nos yeux balaient les étals clinquants.

Les touristes croisent les gens du quartier se rendant aux échoppes de fruits et de légumes, de viandes ou d’épiceries.

Le jeune guide nous offre un pot dans un petit café bric à brac dissimulé de la ruelle par un immense bougainvillier. 

Nous nous installons dans la courette, presque en famille, autour d’un mobilier de jardin bigarré, tables rouillées et fauteuil en plastiques. Une grande pancarte coca cola trône incongrue dans ce décor du bout du monde.

Le patron fait circuler le narguilé et le thé à la menthe.

L’atmosphère est sereine et nous chuchotons en sirotant le breuvage brulant.

Aux portes du désert
Aux portes du désert
Aux portes du désert

Un peu plus tard, le groupe s’éparpille entre les boutiques de la grande rue pour dépenser ses livres égyptiennes et marchander quelques souvenirs.

J’ai repéré des étoffes de soie, vertes, jaunes et rouges et j’entame ce jeu de négoce qui m’amuse beaucoup.

Pour quelques piastres, je repars avec mes foulards et un tas de babioles qui feront le bonheur de toute la famille. 

Il est tard maintenant et le temps est venu de regagner le Crocodilo.

Chapitre 6 : La vallée des rois

 

Aux portes du désert

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Publié le 21 Juin 2016

Les trois chansons de Francis Lalanne qui ont marqué ma vie

Pleure un bon coup ma p’tite Véro  

J’ai 18 ans, je suis jeune et amoureuse et il est si dur chaque fin de week-end de le quitter pour regagner le lycée. Alors nous écoutons à tue-tête, cette chanson qui me donne l’autorisation d’être triste et qui réussit malgré tout à me faire sourire.

Je blottis mon visage dans le creux de son épaule et je laisse couler de tendres baisers mouillés assortis de promesses pas si folles…

La maison du bonheur 

Lettres romantiques, retrouvailles fougueuses…  

Trois années plus tard, Lalanne nous accompagne à l’autel et nous invite à ne plus nous quitter, à vivre enfin dans notre maison du bonheur.

Au fond d’une cour gravillonnée, en face du gros noisetier et des hortensias roses, notre amour est blotti dans un petit nid recouvert de lierre. Notre jeunesse prend son envol et roucoule son union proclamée.

La maison de nos cœurs tout neufs et aimants donne des éclats de rire au quotidien et prend soin de notre couple déjà si pérenne et infiniment fort.

 On se retrouvera

Les années se sont ajoutées aux années et il m’est impossible de raconter 30 ans de petits riens et de tellement tout qui fabrique la vie.

La vie, c’est un bébé et puis deux à bercer, une leçon à réciter, des cerises au jardin, un château sur le sable, le bac à célébrer, une étudiante à installer et tant de fierté…

La vie c’est tout ce quotidien, les poubelles à sortir, la vaisselle à ranger, les discussions sans fin….

La vie est un voyage, un cap à admirer, un canal à longer, un phare dans le brouillard….

La vie ce sont tous ces partages, hier, aujourd’hui, demain et puis nos corps lovés.

Et puis soudain, demain n’existe plus, plus de lueur dans le lointain, plus de côtes, plus rien….

Et Lalanne est là, il est ma boussole et il chante pour me donner le sens.

Petite Véro, la boucle est bouclée, notre vie est bouclée.

Tu as le droit de pleurer.....encore un peu.  

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Publié le 11 Juin 2016

Comment j'ai pas mangé Hermann

Si comme moi, il y a encore 15 jours, vous n’avez jamais entendu parler d’Hermann et bien, vous allez de suite faire sa connaissance.

Il y a donc quinze jours, ma fille affiche sur son Facebook, la photo d’Hermann et  me prévient qu’il va bientôt arriver à la maison ???

Une petite recherche sur internet me renseigne immédiatement qu’Hermann est une sorte de Tamagotchi liquide dont on doit s’occuper pendant 10 jours en le remuant et le nourrissant.

Le temps venu, on sépare Hermann en quatre portions et l’on en offre trois à des amis tout en gardant une part pour soi. Vous suivez, bien sûr !

Une lecture plus approfondie me renseigne que cette mixture est composée de farine, de sucre et de QUOI, de lait.  Et bien là, je l’annonce tout de go, je n’en veux pas du Hermann, je ne vais tout de même pas récupérer un truc qui traine dans une cuisine (même celle de ma fille) depuis 10 jours et qui trainait avant dans une autre cuisine inconnue et qui trainait avant dans une autre cuisine et qui trainait avant (va savoir depuis combien d'années) dans d'autres cuisines. En fait c’est une chaine de bactéries qu’on veut me refiler.

Merde, ma fille veut se débarrasser de moi façon Marie Besnard!

Comment j'ai pas mangé Hermann

Mais, j’ai beau tergiverser, Hermann arrive dans son petit bocal en verre. Il ressemble à une pâte à crêpes bien lisse et dégage une petite odeur aigrelette telle que décrite dans les sites que j’ai consultés. Il est accompagné de son protocole du prendre soin bienveillant, ah non zut, ça c’est dans le cadre de mon travail !

Non, trêve de rigolade, il m’est remis avec une notice qui indique les trucs à faire pendant 10 jours.

Jour 1, il faut le verser dans un saladier, le mélanger et le recouvrir d’un torchon pour qu’il respire bien.

Le lendemain, il bulle et dégage cette odeur de vinaigre pas franchement agréable de fermentation…Mais bon, on va voir ce qui se passe.

Au 3ème jour, il faut lui ajouter du sucre en quantité, de la farine et du lait. Les choses sérieuses commencent, le coco s’emballe, mousse, se prend en masse et fermente grave. Il faut donc le touiller et ne surtout pas le mettre au frigo car môssieur est frileux en plus.  

Le temps de le cuire se rapproche dangereusement et j’ai beau avoir choisi  mes trois victimes, je n’ai pas très bonne conscience.

Alors pour me rassurer, je tapote encore une fois sur Google et je trouve le principe du levain naturel, de la fermentation avec le sucre…et des dizaines de personnes qui mangent et se refilent Hermann.

Hermann, Joe, Maurice ou gâteau de l’amitié suivant les régions circule depuis la nuit des temps, il viendrait d’Alsace. Hermann est donc un levain naturel qui sert à faire une sorte de brioche que l’on fourre de pommes, de raisins, de fruits confits, de chocolat…

Ceci me rassure un peu mais à deux jours de la fin de l’expérience, si j’ai décidé de cuire ma part, j’ai aussi décidé de congeler les trois autres au lieu de les donner.  Non, ne me remercier pas mes amies…c’est de bon cœur et je sais que si je n’en réchappe pas, vous ne m’oublierez pas.

Ces deux derniers jours, Hermann veut sortir du saladier, il gonfle jusqu’au torchon et se transforme en Mister Hyde hideux et effrayant...J’ai hâte de lui régler son compte à celui-là !

Nous voici à l’avant dernier jour, je lui donne à manger une dernière fois, toujours sa dose de sucre, farine et lait…il est accroc, le gars ! Je le laisse reposer 15 minutes et je le sépare en quatre comme il se doit. Illico presto, comme je l’avais prémédité, j’envoie les trois paquets au congel.

Le lendemain, je m'occupe de la part survivante d'Hermann. Il faut à nouveau rajouter du sucre, de la farine et puis des œufs et du beurre. Je choisis d’incorporer des raisins, de la vanille, du rhum et des écorces d’orange. Je garde encore l’espoir de me laisser attendrir par cet ersatz de cake.

Je le verse dans un moule rectangulaire, je le parsème de sucre en grains et je l’enfourne, l’air faussement détachée.  

Oui, je sais, il avait l'air appétissant mais ne vous fiez pas aux apparences.
Oui, je sais, il avait l'air appétissant mais ne vous fiez pas aux apparences.
Oui, je sais, il avait l'air appétissant mais ne vous fiez pas aux apparences.
Oui, je sais, il avait l'air appétissant mais ne vous fiez pas aux apparences.

Oui, je sais, il avait l'air appétissant mais ne vous fiez pas aux apparences.

 Hermann lève bien régulièrement, il commence même à dorer, il ferait presque envie la salop. Mais car il y a un mais, la maison n’embaume pas cette bonne odeur de gâteau qui cuit ?

C’est bizarre, ça sent toujours l’aigre/fermenté.

Hermann, mon vieux, retrouve vite ton acte de contrition, t’es mal barré.

Une heure plus tard, je le sors du  four avec un peu de pitié. Je me dis qu’il sera peut-être tout de même sauvé in extrémis par mes papilles alléchées.

Comme une dernière grâce, j’immortalise ses derniers moments et lui laisse encore un moment de répit en le laissant  refroidir.

L’heure est arrivée, Hermann attend le verdict ! Et il tombe implacable et cruel.

Hermann, est déclaré DEGUEU et

est condamné à être jeté en pitance aux oiseaux.

Comment j'ai pas mangé Hermann

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Publié le 1 Juin 2016

Déluge

La voute du ciel n’est plus qu’un immense nuage noir, bas et menaçant qui déverse à torrent sa lourde pluie pénétrante.

Les eaux des fleuves, des rivières et des ruisseaux sortent une à une de leur lit trop étroit. Ils se regroupent en lacs gigantesques qui ne laissent émerger que les toits des villages à moitié engloutis.  

Puis c’est la grêle ravageuse qui hache menu la verdure du printemps, qui cabosse les voitures, fracasse les vitrines. Les rues se transforment en mer de glace tandis que dans le lointain toutes sirènes hurlantes, les pompiers sortent leurs pompes impuissantes.   

Zeus n’en a pas fini, il affole la nue de serpents électriques, fait gronder le tonnerre au-dessus de nos têtes et ordonne à la foudre de frapper des innocents.

Peu à peu la terre et l’asphalte disparaissent sous les eaux qui grossissent sans fin. L’océan grisâtre pénètre dans les villes et les villages, s’engouffre inexorablement dans les caves, les sous-sols, les magasins et les maisons. Les gens s’affolent, tentent de sauver quelques effets puis se réfugient à l’étage. Ils assistent désarmés à ce déluge et retiennent la pluie qui coule aussi de leurs yeux.   

La ville est devenue une Venise ravagée, sillonnée de sauveteurs dans des bateaux pneumatiques. Les habitants ont revêtu leurs habits imperméables, leurs bottes en caoutchouc et les pieds dans l’eau s’organisent pour s’entraider.

Déluge

Dans toutes les mémoires, il y a de ces crues incontrôlables qui sont marquées d’un trait sous les ponts.  

A Paris, l’inondation qui a marqué l’histoire est celle de 1910 avec le zouave du pont de l’Alma noyé jusqu’au cou.  

L’inondation avait gagné en ampleur 10 jours durant et la Seine avait atteint le niveau de 8,62 m à l’échelle du pont d’Austerlitz avant de décroitre pendant 35 jours.

A l’heure où j’écris cet article (1 juin 2016 à 19h18), la Seine est au niveau de 4,38 au même endroit.

Photos Delcampe - Le Zouave du pont de l'Alma en 1910 et le 1er juin 2016
Photos Delcampe - Le Zouave du pont de l'Alma en 1910 et le 1er juin 2016
Photos Delcampe - Le Zouave du pont de l'Alma en 1910 et le 1er juin 2016

Photos Delcampe - Le Zouave du pont de l'Alma en 1910 et le 1er juin 2016

Voici une petite histoire trouvée dans un numéro du journal Le petit parisien du 30 janvier 1910.

Tous les soirs, M Jalabert parcourt les rues de son quartier en barque pour secourir d’éventuels sinistrés.

Ce soir-là, il est rue de Bercy vers 23H00 et crie

  • Ohé, ohé

Et une voix venant d’outre-tombe lui répond

  • Ohé, aidez-moi

Il trouve alors un homme en mauvaise posture avec de l’eau jusqu’à la ceinture. Il l’embarque dans son canot et l'homme fut ainsi sauvé.

Journal l'illustration de 1910

Journal l'illustration de 1910

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Publié le 12 Mai 2016

La coup de la panne à Philae

Egypte, chapitre 4

Chaque jour, nous découvrons un nouveau temple dédié à un Dieu. Ils sont tous grandioses et différents, chargés d’histoires antiques que notre jeune guide nous fait découvrir avec passion.
Emad, jeune diplômé en histoire de l’université du Caire rêve des châteaux de la Loire et des rois de France. Il aimerait obtenir un visa pour visiter Chenonceau, Chambord, Amboise et se balader dans un jardin à la française. 

Il parle un français agrémenté de vocabulaire choisi qu’il enrichit au contact des touristes. Nous nous amusons à lui livrer des expressions populaires : Se mettre en rang d’oignons, Ce n’est pas la mer à boire, Il pleut des cordes.
 

Mon temple préféré est celui de Philae dédié à Isis.

Lors de la construction du grand barrage d’Assouan, il a été sauvé des eaux. Complètement démonté, il a été reconstruit pierre à pierre sur une petite île.

C’est évidement pharaonique.

Sur l’embarcadère de l’île, un homme de notre groupe  échappe ses lunettes de soleil dans l’eau. Trois égyptiens  du port  se précipitent, plongent et se relaient un bon moment pour tenter de les repêcher. L’opération échoue et le français commence à s’engueuler avec sa femme

Les plongeurs reçoivent malgré tout un bakchich et l’incident clos, nous remontons dans le petit bateau à moteur avec notre couple encore un peu échauffé.

Le nôtre est le seul qui n’a plus de toit et est quelque peu délabré.

Le conducteur démarre en tirant  en continue sur le fil du moteur. Le bateau ronfle, démarre à grand peine et s’immobilise peu après au beau milieu du lac. Le bateau dérive et les touristes applaudissent.

Quelqu’un entonne « Chauffeur si t’es champion, appuie, appuie, chauffeur si t’es champion appuie sur l'champignon ».  

Le refrain est repris en cœur par tous les passagers. Comme d’habitude, l’ambiance est excellente et rien ne peut nous attrister.

Le marin d’eau douce ne se déconcentre pas, il soulève le capot du moteur, trifouille là-dedans pendant quelques minutes et un coup de mars et ça repart. 


ZON pas de CHSCT là-bas,

ni de protocole d’évacuation. 
 

Ouf, nous arrivons sains et saufs sur la terre ferme en riant de cette avenure!

Chapitre 5 : Aux portes du désert

La coup de la panne à Philae
La coup de la panne à Philae
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