Résultat pour “la place”

Publié le 5 Mai 2016

Spectacles insolites sur le Nil
Spectacles insolites sur le Nil
Spectacles insolites sur le Nil
Spectacles insolites sur le Nil

Egypte, chapitre 3  
Nous sortons de notre léthargie au barrage d’Esna. Une longue file ininterrompue de bateaux de croisière glissent lentement en direction du goulot étroit.

Nous suivons attentivement la manœuvre lorsque nous sommes soudain distraits par des cris provenant du fleuve.

Qu’est ce qui se passe ?
Comme tous les passagers nous nous précipitons à la rambarde du Crocodilo pour regarder dans l'eau.
Un spectacle époustouflant nous attend. Des dizaines de petites barques arrivent dont ne sait où et se rapprochent dangereusement des gros bateaux. Il y a du courant et les frêles embarcations nous frôlent de près. 

Je ne comprends rien à cette scène surréaliste et j’ai peur que les barques ne se fassent happer par notre bateau.

Ma frayeur est de courte durée, les barques de tête s’amarrent au Crocodilo avec la complicité des employés du bord, s’accrochent les unes aux autres puis se laissent tracter. 
C’est alors que des catapultes de sacs en plastique atterrissent sur le pont. Ils sont remplis de djellabas, de foulards, de bijoux et 10 mètres plus bas dans le Nil, les gars jactent tous à la fois.

Nous comprenons que les négociations ont démarré. Celui qui veut acheter un objet met les sous dans le sac plastique à la place de son acquisition, sinon il relance le paquet par-dessus bord.  

Un joyeux moment de rires. 
 
Le soir venu, nous regagnons notre cabine le cœur joyeux, notre bonne humeur ne tarit pas.

Les garçons de cabines sont des artistes et des taquins. Chaque jour ils nous font  une surprise : le dessus de lit roulé en boudin avec un chapeau et des lunettes de soleil, un pliage en singe pendu à la porte de la salle de bain, une serviette en forme de serpent sur le lit, des trucs dans nos chaussures …

A peine la douche prise, la fin d’après-midi est consacrée à la visite des cabines des copains. Nous sommes redevenus des ados chahutants.

La croisière s’amuse !

Ding, il est l’heure d’aller se restaurer. Après le repas, des hommes en costumes traditionnels  investissent la salle à manger avec des tambourins et toutes sortes d’instruments locaux. Ils nous entraînent dans des chants rythmés.

Tout le monde tape dans ses mains et les serveurs se mettent à danser.

La soirée se termine sur les banquettes du salon devant un verre de jus de goyave blanche et un spectacle de derviche tourneur.

 L’homme vêtu d’une longue jupe multicolore, tourne, tourne, tourne sans fin, de plus en plus vite au son de la musique orientale.

Bouches ouvertes, le spectacle nous hypnotise.

Allez retour aux cabines, demain le réveil sera de nouveau matinal.

Derviche tourneur

Derviche tourneur

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Publié le 1 Avril 2016

Fatma la marocaine

Elle est encore toute jeune lorsque son chemin croise celui du docteur quelque part au Maroc. Elle devient la nourrice des enfants, sa servante fidèle et fait bien vite partie de la famille.

A la fin du protectorat en 1956, le docteur regagne la France et Fatma abandonne son pays pour suivre la famille dans cette France si loin de ses racines.

Le docteur achète une clinique et Fatma devient son infirmière. Cette femme sait tout faire et se rend rapidement indispensable dans les petites chambres des opérés. Elle sert les repas, vide les bassins, fait rire les patients. Sa personnalité, son parler, ses robes colorées enchantent les malades qui l'adoptent immédiatement.

Elle est le rayon de soleil qui réchauffe les coeurs.

Quelques années plus tard, le vieux docteur aussi basané que sa fidèle servante se retire dans notre village pour jouir d'une retraite bien méritée. Il installe Fatma dans une maisonnette annexe de sa grande maison et Fatma poursuit son aide en faisant le ménage, le jardinage, les commissions.

Elle prend possession du bourg comme jadis de la clinique blanche.

Elle entre chez chacun, embrasse et tutoie les habitants, s'invite à boire le café...

Sa grande silhouette ne passe pas inaperçue lorsqu’elle traverse la place à grands pas, son cabas à carreaux ballotant à son bras.

Vêtue de multiples jupons, de robes bariolées, de corsages colorés et de voiles sur ses cheveux de jais, c’est l’exotisme assuré.

Son visage anguleux, brûlé par le soleil est tout parcheminé mais elle sourit tout le temps découvrant toutes ses dents en or.    

Son menton est scindé d’un trait tatoué et ses vieilles mains ridées exhibent des arabesques. Fatma est une berbère.

Chaque jour, je la croise dans les rues où elle promène sa gouaille et ses longues gounelles* et il est impossible d'échapper à ses baisers au goût de gitanes brunes. 

*jupes en patois Bourbonnais

Tous les trois ans, en mal du pays, elle repart au Maroc pour quelques mois de vacances mais inlassablement elle revient dans son village d'adoption.

Fatma adore les enfants, elle leur offre des bonbons, des surprises puis lorsqu’ils grandissent des cadeaux de mariage, de naissance. Une année, elle m'a rapporté du Maroc, deux bracelets en argent ciselé, je les ai toujours, précieusement conservés dans un petit coffret.

Et puis un jour, Fatma est morte et on l’a enterré dans coin du petit cimetière communal, bien loin de sa terre natale.

Au revoir Fatma la marocaine, tu restes dans nos mémoires.

Les barcelets offerts par Fatma

Les barcelets offerts par Fatma

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Publié le 14 Avril 2016

Les campagnardes à Paris - Le métropolitain

Avec un groupe de copines nous débarquons à Paris en cet fin d'été 2013.

La plupart des filles n'a jamais mis les pieds dans la capitale et nous ressemblons à une bande de provinciales un chouia ahuries.

L'expérience dont quelques unes se souviendront encore longtemps est celle du métro.

Notre bête noire, la station Châtelet/ Les Halles, le plus gros nœud parisien par lequelle nous transitons à plusieurs reprises au cours de notre séjour.

Des kilomètres de couloirs carrelés, des fourmilières humaines s'agitant en tout sens , des SDF, des musiciens , des bruits inconnus, des odeurs...

Le long tapis roulant devient immédiatement le terrain de jeux des deux enfants qui nous accompagnent. Ils se mettent à courir sans prévenir.

Mais c'est aussi le terrain de vol à la tir pour d’autres gens qui ont bien repéré que nous étions des touristes.

L'une des filles en fait peu après l’expérience malheureuse en rattrapant son sac in extremis.

Ce Paris sous terre, nous fait peur tellement il est éloigné de notre campagne familière.

Grosse émotion pour tous. On lui avait bien dit à notre amie de mettre son sac en bandoulière!

Dans la foulée, une autre des filles, sans doute perturbée par l'événement du sac, s’entrave au bout du tapis roulant et s’étale de tout son long.

Moins une pour une collision humaine en chaîne.

Pour rejoindre les quais, il faut glisser son ticket dans le composteur, le récupérer à l’autre bout et pousser le tourniquet.

Opération facile pour des millions de gens qui l'effectuent multi quotidiennement mais qui devient le pire cauchemar de l'une de nos camarade.

Le trident du tourniquet lui joue des tours à chaque passage et la pauvre se retrouve bloquée. .

Nous assistons impuissantes à son stress grandissant.

A quatre pattes, la voilà contrainte de franchir l’obstacle de façon pas trop académique et qui lui vaudrons quelques contusions.

Et dans d'autres stations, il faut en plus gérer la porte guillotine qui malheureusement se referme avant le passage d'une 3ème protagoniste.

Ne lâche rien

Inscription trouvée au sol dans notre périple

Un peu plus tard dans la rame, la fillette du groupe prend une leçon de vie.

Son petit bout de langue tout rose, pour s’amuser, pour braver sort de sa bouche en direction d'un monsieur à la canne blanche qu'elle croit non voyant.

C’est mal, elle le sait, sa maman ne relâche jamais son rôle éducatif mais la petite fille est espiègle et ne fait jamais relâche elle non plus.

Elle mérite une remarque et doit s’excuser.

Et voici que cet l’homme s'en prend à la fillette de façon complétement disproportionnée. Il l’invective violemment en lui signifiant qu'il n'est pas aveugle mais mal voyant et qu'il a très bien vu qu'on lui tirait la langue.

La maman se place instinctivement devant sa fille pour la protéger des cris et des gesticulations du bonhomme qui semble ne pas vouloir se calmer. Il s’en prend indistinctement à la mère et à la fille.

Mon amie garde un calme Olympien qui évite l’escalade de la violence.

Nous avons tous eu peur et la petite fille s'est assise pétrifiée sur un strapontin. Elle pleure, tête baissée et rentrée dans ses épaules.

Avec un peu de recul, nous discutons de ses deux mondes qui se sont croisés, l’espace d’une situation, celui de l’enfance inconsciente et du handicap violent.

Être handicapé justifie t’il un tel manque de discernement d’une espièglerie d’enfant?

Cet homme subit t’il des remarques perpétuelles qui lui ont fait perdre tout sens commun ?

Une fois sur le quai, la maman prend du temps pour expliquer une fois de plus à sa fille que les gens sont tous différents et que chacun doit être respecté quelque soit sa couleur, sa corpulence ou son handicap.

Et pour terminer le trajet en métro, une note une peu humoristique.

Dernier déplacement pour rejoindre la gare. La ligne est plus moderne et les stations sont annoncées par haut parleur :

Bercy, Bercy, Bercy

Et voici qu'il y en a une qui demande à plusieurs reprises et très sérieusement :

Pourquoi, la dame n’arrête pas de dire Merci?

Bin parce qu’elle est bien élevée, pardi!

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Tranches de vie

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Publié le 24 Janvier 2016

Le trousseau

Comme chaque mois de juin, la table de la salle à manger est encombrée de piles de linge à marquer.

Les petites étiquettes blanches tissées de rouge sont arrivées et maman n’a que quelques semaines pour les coudre à chaque pièce de vêtements avant mon départ en colonie de vacances.

Alors dès qu’elle a un moment de libre entre deux clients du magasin, elle tire l’aiguille.

Dès que les vêtements sont marqués, ils s’entassent sagement dans ma petite valise en carton.

Moi, j’aime bien préparer la trousse de toilette. C’est une belle trousse fleurie à trois pochettes.

Dans la première je mets un joli gobelet décoré de roses et son étui à brosse à dents assorti

Dans celle du milieu ma brosse à cheveux à picots métalliques, quelques barrettes, des élastiques et du shampoing   

Dans la dernière des cotons tiges  et une savonnette Camay toute neuve qui sent bon.

Le trousseau

Entre deux serviettes, je case le nécessaire à courrier avec son grand bloc quadrillé et les enveloppes  timbrées avec l’adresse de la maison et de celles de mémé, tata Monique et tata Aline.

 Une gourde en plastique jaune, un chapeau de soleil et l’indispensable KW qui prend peu de place et qu’on va trimballer un mois durant autour de notre taille. Il servira aussi à se bagarrer à bouts d’élastiques ou à marquer les bases du jeu de ballon prisonnier.

Ah, j’oubliais, très important une enveloppe avec 10 francs pour ramener un souvenir, Pig gadget, le Club des cinq et le trésor de l’ile et les réserves de bonbons et gâteaux.

Le trousseau

Une fois à la colo, la première après-midi est entièrement occupée à faire l’inventaire et à compter les petites culottes.

Grand bazar dans le box où toute l’équipe de petites filles fait connaissance en comparant les jolies robes et les maillots de bain.

« Tu t’appelles comment »

« Véronique et mon papa, il est épicier  et toi »

« Catherine et moi, mon papa, c'est le directeur de la colonie» rétorque ma voisine aux taches de rousseur.

 

Autant dire qu’on est devenues copines vite fait !

Le trousseau

La coutume en ce temps-là était de ramasser les friandises de tous les colons pour les mettre en commun et de nous les redistribuer équitablement chaque jour.

 

Mais une rumeur inquiétante circule entre les box

« Attention, les monos gardent les bonbons pour eux »

 

J’ai beau être petite, il ne me faut pas longtemps pour planquer mon butin.

Sucettes dans les chaussettes, paquets de gâteaux dans les manches d’un pull, Treets dans la trousse de toilette…

Ni vu, ni connu, je suis trop forte !

Le trousseau

Tout est enfin rangé dans le petit placard en bois.

Il reste à faire les lits et cette pauvre mono n’est pas au bout de ses peines. Elle veut absolument nous montrer comment rouler le drap autour du polochon.

 

Mais pour nous le polochon sert à se taper dessus dans de grands fous rires, ça démarre bien cette année.

 

Tient y’en a une qui est  partie aux cabinets.

« Et si on lui f’sait son lit en portefeuille » invente ma nouvelle meilleure amie.  J’me dis que j’risque rien, si on se fait prendre, son père c’est l’dirlo !

 

Et soudain, y’a une grande qui lance :

«  V’la Raymond, planquez-vous »

Raymond, c’est justement le dirlo. Il est gentil avec sa moustache mais faut quand même pas lui marcher sur les pieds.

 

Coup de sifflet dans le couloir, le dortoir se calme instantanément.

Le trousseau

Et c’est parti pour 4 semaines de jeux, de chants et de feux de camp…

 

Lorsqu’on ressortira les valises, la moitié d’entre nous aura perdu ses mouchoirs, sa casquette ou ses chaussettes et la mono inscrira tout ça bien soigneusement dans la deuxième case de la liste de nos trousseaux.

 

Mais on a les temps, les vacances ne font que commencer.

Un jour en colonie, la si, la sol…

Chanson Un jour en colonie

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Quand j'étais petite

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Publié le 23 Août 2016

Laver son linge sale

Laver son linge est aujourd’hui une activité rapide et quotidienne. Nous enfournons chaque jour dans le tambour, des vêtements à peine portés pour des cycles courts à 30°C. 

Il fut pourtant un temps avant l’apparition de la machine à laver où cette corvée mobilisait toutes les forces de la femme au foyer et ceci des jours entiers.

C’était le temps de la lessiveuse, vous savez cette lourde marmite de zinc munie d’une tubulure centrale, qu’on remplissait d’eau et de paillettes de savon et qui chauffait sur le poêle ou la gazinière.

Laver son linge sale

Dans les années 50, ma grand-mère soufrait tellement de sa sciatique qu’elle fut un temps dans l’impossibilité d’entretenir le linge pour les quatre personnes vivant à la maison.

Porter la lessiveuse sur le feu, la remplir à la casserole, ressortir les draps pesants, dégoulinants d’eau, les mettre dans la grande panière en osier, les porter au lavoir pour les frotter à la brosse à chiendent, les battre, les rincer, les tordre devenait au-dessus de ses forces.

Sa jambe était coincée au point qu’elle se déplaçait le genou sur une chaise.

Marcelle dut se résoudre à embaucher une aide. Elle chercha longtemps dans le pays mais toutes les bonnes laveuses étaient prises. La seule qu’elle trouva, fut une vieille bohémienne qui louait ses bras pour quelques sous. On la nommait la Parapluie car elle réparerait des baleines d’ombrelles et de parapluies.        

La Parapluie arriva donc un beau lundi avec un grand sourire édenté qui la faisait ressembler à une sorcière. Elle ne sentait pas très bon et ses mains n’étaient pas très propres mais Marcelle n’avait pas le choix.

D’ailleurs, elle était forte comme un homme cette Parapluie et portait brassées sur brassées sans jamais se plaindre.

Marcelle soupirait en voyant son beau linge blanc pressé contre la robe douteuse mais que faire avec cette douleur dans le dos qui ne la lâchait pas.

Par temps de pluie, l’histoire se compliquait car la Parapluie saisissait sa brouette et emmenait le linge dans son antre. Il revenait puant le vieux grenier, l’urine de chat et le fumier.

Marcelle n’en pouvait plus.

 

Laver son linge sale

Faute de laveuses expérimentées, il fallait absolument trouver une solution.

En 1955, les premières machines à laver arrivèrent sur le marché.

Marcelle eu connaissance que sa cousine s’était équipée et c’est comme ça qu’un beau dimanche, toute la famille fut invitée à assister à la première lessive automatisée.

En arc de cercle dans l’étroit cagibi, les bonnes femmes rassemblées commentaient l’événement sous le regard vaniteux de la maitresse de maison. Tout y passa, marque, prix exorbitant, fonctionnement et même en catimini quelques propos acerbes sur l’hôtesse.  

Marcelle en première ligne ne s’intéressait qu’à l’engin et quelle ne fut pas sa déception, lorsqu’elle se rendit compte que cette Laden ne servait qu’à rincer et n’épargnait  nullement ni  la corvée de la lessiveuse, ni celle de l’essorage aux rouleaux.

Et bien, dit -elle résignée c’est pas demain qu’on se débarrassera de la Parapluie.

Mais dans les années 50, le progrès galopait vite et quelque mois plus tard, voici la première machine chauffante.

Cette fois ci fut la bonne et mes grands-parents raclèrent leurs fonds de tiroirs pour acquérir ce merveilleux appareil.

Au revoir Parapluie !

Laver son linge sale

La machine fut enfin en place dans la cuisine. Imaginez, une grande cuve émaillée avec un disque tournant en caoutchouc et des palmes pour brasser. Une rampe à gaz sous la cuve qui assurait le chauffage et un petit moteur pour vidanger.   

Et rien n’était perdu, on récupérait l'eau savonneuse de lavage , le lessi, pour la tournée suivante.

Il fallait ensuite saisir le linge bouillant avec de longues pinces puis le passer entre deux rouleaux pour extraire l’eau sale puis le renfourner dans la machine pour rincer et ceci à trois reprises.

C’était encore laborieux mais quelle révolution !

Marcelle n’a jamais perdu vue cette brave Parapluie. Elle la croisait dans le quartier avec son grand cabas  et elle s’arrêtait de temps à autre pour boire le café.

Je crois bien qu’elle a laissé la lessive et s’est remise à réparer, devinez quoi, des parapluies!

Quelques chiffres: En 1954 8,4% des ménages étaient équipés d'une machine à laver le linge, une machine qui restait chère (en 1950 une machine à laver de bonne qualité équivalait à quatre mois de salaire "moyen").
Source : http://www.chartres.fr/fileadmin/user_upload/Actus/Pdf/DP_annees_50__GOOTENBERG_OK.pdf

Et en photo de couverture, la mère Denis, l’héroïne d'une publicité des années 1970.
Vedette mérite votre confiance chantait la pub et la mère Denis répondait ça c'est vrai ça!

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Publié dans #Tranches de vie, #Autrefois

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Publié le 1 Septembre 2016

Comment tu faisais avant ?

Le prochain épisode de l’émission  Famille à remonter le temps , proposera une immersion dans les années 70. J’attends cet épisode avec impatience car c’est l’époque de quand j’étais petite, l’époque de mon enfance, de mon adolescence dont je vous parle régulièrement.

Un univers pas si lointain mais complétement obsolète pour les jeunes générations.

J’ai envie de jouer les Wonder Woman, de tourner sur moi-même, de troquer mes cinquante ans contre mes pats d’eph.

Allez, hop, replongez avec moi, l’espace d’un billet dans les seventies colorées.  

Comment tu faisais avant ?

Evidemment point de PC sur lequel je suis en train de rédiger cet article. Ma mère possédait une machine à écrire et au collège nos professeurs utilisaient une polycopieuse à alcool pour dupliquer nos cours ou nos interros.

Les notions d’internet, de tablettes numériques, d’objets connectés, d’Ebooks  étaient complètement inconnues. Nous lisions dans des livres papier, nous cherchions des données, des renseignements, des informations à la bibliothèque, dans les encyclopédies, dans l’annuaire, dans les journaux, par téléphone ou directement dans des lieux (gares, administrations, entreprises….).

En 2016, savez-vous que toutes générations confondues, 61% de la population possèdent un smartphone alors qu’en 1974, seul 10% des ménages ouvriers avaient un téléphone à cadran rond à la maison. En cas de besoin, on se rendait à la cabine publique des PTT (Postes, télégraphes et téléphones). 

Pour l’anecdote, lorsque je me suis mariée en 1985, j’ai reçu en masse, non pas des textos mais des télégrammes.

Comment tu faisais avant ?

Il n’y avait pas d’écran plat dans les salons, la télévision était une boîte carrée à cadre en bois ou en plastique avec seulement deux chaines. Il fallait appuyer sur de gros boutons et tourner une molette pour régler la luminosité. 

Il n’y avait pas de lampes halogènes, ni d’ampoules basses consommations mais des barres de néon qui envahissaient les rues commerçantes et les cuisines en formica.

Les photos sont numériques depuis quelques décennies, elles se prennent par centaines via nos smartphones ou nos appareils dernier cri. Qui se rappelle encore du temps des pellicules douze, vingt-quatre ou trente-six poses et des développements hors de prix. C’est en 1976, pour ma communion, que j’ai eu mon premier Kodak et autant vous dire qu’on réfléchissait à deux fois avant de de faire clic, clac.

Le four micro-ondes n’existait pas, ni les robots ménagers multifonctions. La cuisine se faisait au dernier moment ou se réchauffait à la casserole.

Le réveil matin était strident et ne diffusait ni radio, ni musique.  Il n’y avait pas de CD et encore moins de Mp3, la musique swinguait sur les microsillons puis sur minicassettes.

Il n’y avait pas de consoles de jeux mais un panel de jouets en plastique et de jeux de société. 

Pas de lycra ni de polaire mais des tissus nylon aux motifs psychédéliques.

Comment tu faisais avant ?

Il n’y avait pas de limitation de vitesse, ni de ceinture de sécurité, au point qu’en 1972, le nombre de morts sur les routes atteignait 18 000 personnes. Un grand plan de sécurité routière se mit alors en place rendant la ceinture obligatoire en 1973 et promulguant les premiers abaissements de limitation de vitesse en 1974.

Il est rapide et facile de nos jours de faire ses courses en ligne ou même d’auto scanner ses produits dans son hyper préféré. Le code-barre européen ne fit pourtant son apparition qu’en 1977 et il fallut attendre encore quelques années pour voir nos caissières faire glisser nos achats devant les cellules de lecture.

Sur les rayons il n'y avait ni de rasoir jetable, ni de savon liquide, ni de capsules de lessive. Il n’y avait pas non plus de lait UHT, d’œufs surprise, de salade en paquet ou de café moulu.

A l’heure où les sacs plastiques vont être interdits, il est drôle de se rappeler qu’en ce temps-là, on utilisait largement les cabas et les sacs en papier kraft

Dans les petites villes les acheteurs allaient encore chez l’épicier, le boucher et le boulanger tandis qu’en périphérie fleurissaient les supermarchés et qu’à la campagne fermaient un à un les petits magasins.  

En 1970, la moitié des femmes étaient encore des ménagères qui n’avaient  pas d’emploi à l’extérieur et qui jusqu’en 1965 ne pouvaient  gérer ni leurs biens propres, ni exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari.

Comment tu faisais avant ?

Ce matin, Lucie, 8 ans, demanda à son papy, s’il y avait des Pokémons dans son jardin lorsqu’il était petit.

Devant la réponse négative et amusée du vieil homme, la fillette lui dit très sérieusement :

Comment tu jouais avant?  

Comment tu faisais avant ?

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Publié le 7 Septembre 2016

Allo Béa, je passe en caisse

Allo Béa, ça va ?

Moi ? Oh si tu savais, je reviens de l’hyper, une vraie galère. Ça grouillait de monde là-dedans et avec les travaux d’agrandissement, quel bordel!

Tu trouves les saucissons en face des soutiens-gorge…Tu te rends compte, ça fait envie !

Après une heure de slalom, j’arrive enfin en caisse et là t’aurais vu, que des files interminables et des chariots archi bondés.

Bon, je me décide pour la six et comme d’habitude, je vois que la sept avance plus vite.

Y’avait un môme qui braillait dans un caddy et la mère qui ne disait rien. Ça sentait le camembert et il faisait chaud, l'horreur!

Et là, ça avance plus et qu’est-ce que je vois trois places devant ? La caissière qui téléphone et puis une employée à roulettes qui file dans un rayon.

Manquait plus que ça !

Allo Béa, je passe en caisse

Quinze minutes plus tard,  je positionne enfin le chevalet « client suivant » et  je déballe mes courses sur le tapis roulant, tu sais les grosses courses du samedi.

Le tapis était bondé, j’entassais les derniers trucs en équilibre en priant que rien ne tombe et j’attendais que la cliente précédente ait fini de remballer.

L’hôtesse de caisse en a profité pour passer un petit coup de pschitt puis elle a causé à sa copine : Eh  Jeanine c’est quand ta pause et bla, bla, bla… Elle a ensuite fait tourner son tabouret, mit ses doigts à sa bouche, replacé une mèche de cheveux et baladé son regard vide de droite à gauche en attendant que la cliente règle ses achats.  

A un moment, ses yeux ont croisé les miens. Je lui prépare alors mon plus beau sourire et un bonjour. Et bin, tu m’aurais vu, je me suis retrouvée toute conne avec mon sourire avorté et mon bonjour ravalé. Elle ne m’a pas calculé, mais alors pas du tout, du tout.

Puis j’ai vu ses grands ongles manucurés tapoter d’impatience car la cliente n’en finissait pas de chercher sa carte de crédit.

Enfin, c’était mon tour, j’ai franchi le portique de sécurité, soulagée de ne pas sonner. Mais si rappelle-toi Béa, la fois où je me suis retrouvée pieds nus car mes chaussures n’avaient pas été démagnétisées.

Allo Béa, je passe en caisse

Bref,  je me mets en mode turbo, sac en bandoulière et mains automatiques pour saisir mon premier article et là j’ai droit au protocole « Accueil de caisse ». Tu sais, le sourire ultra Bright  assorti du bonjour monocorde. Et pis c’est tout, ma vieille, j’ai pas eu un mot de plus, la fille s’est mise à scanner et moi à speeder.

Je me suis mise à remplir mes sacs à l’arrache car les courses déboulaient genre pop-corn qui sortent d’une casserole sans couvercle.

A un moment, j’ai vu son avant-bras qui poussait le tas qui s’accumulait parce que je n’allais pas assez vite.

J’ai senti une petite suée sur mon front parce que j’avais encore plein de trucs à ranger. Et là, j’ai entendu la voix aigüe qui m’annonçait le prix à payer, réclamait ma carte de fidélité et mon pedigree …. Et moi je pensais, purée, si les œufs s’en sont sortis, j’aurais de la chance. 

Payement accepté!      

Elle m’a alors tendu les deux mètres de ruban de caisse et m’a dit au revoir.

Une boîte de cassoulet encore à la main j’ai voulu répondre au revoir mais elle ne me regardait déjà plus. Un jeune homme à barbe venait de passer le portique protocolaire.

Sourire, bonjour, scanne des packs de bière.

J’ai poussé vite fait mon chariot dans l’allée pour dégager le terrain, me débattant  avec ma carte, mes tickets à plier, un chou-fleur qui se barrait et j’ai pensé comme dans un jeu quand on regagne son camp : ouf, je suis sauvée !

Allo Béa, je passe en caisse

 Sinon Béa, t’as essayé le Drive ? Confortablement installée dans ton canapé, tu mets des articles dans ton panier virtuel et tu les récupères au dépôt à l’heure qui te convient.

Je te préviens quand même, fais gaffe de bien cliquer où il faut. Un jour, je me suis retrouvée avec deux lots de 6 boîtes de thon et trois kilos de courgettes.

Non mais sinon, c’est bien le Drive, l’employée est vachement plus aimable qu’en caisse.

T’as qu’à voir? Y’a pas longtemps au moment de récupérer ma commande, elle m’annonce qu’il manque les melons. Je lui demande comment ça se fait vu qu’ils étaient disponibles sur le site. Et voilà qu’elle me toise en me disant que ce n’est plus la saison. J’en suis restée coite, c’est vrai que fin août, c’est plus la saison des melons ! 

Bon, en fait, ce que je préfère, c’est la solution scanette. Tu connais l’adage on est jamais mieux servi que par soi-même.

Tu passes ta carte sous un lecteur, tu saisis la scanette qui clignote et tu vois s’afficher : Bienvenue Madame Cliente.

Enfin quelqu’un de sympathique dans ce magasin.

Allez Béa, bisous, à plus.

Allo Béa, je passe en caisse

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Publié dans #Tranches de vie, #Allo Béa, #Humour

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Publié le 13 Mars 2016

Expérimenter, c’est bien jouer

Avec mon petit  frère, nous sommes toujours en train d’inventer des trucs extraordinaires pour nous amuser.

Pas besoin de boites de jeux sophistiquées, avec trois fois rien nous sommes enchantés.

Chercheur d’or, heu non de fer

Assis en tailleur dans la courette de la maison, munis des tamis de nos seaux de plage, d’aimants et d’un petit pot en verre, nous extrayons patiemment la limaille de fer d’un tas de sable.

Petit à petit, le bocal se remplit de manne précieuse, fruit de longues heures de labeur.

Bientôt nous serons riches

Expérimenter, c’est bien jouer

Y’a de l’électricité dans l’air

C’est le grand-père qui nous montre ce tour de magie. Il faut frotter énergiquement une règle en plastique contre un chiffon de laine. Elle attire alors de petits bouts de papiers découpés.

Je comprends que c’est le même phénomène qui rend mes cheveux fous lorsque je retire mon pullover.

Heureusement c'est pas du 220 volts

Expérimenter, c’est bien jouer

Elle se met dans tous ses états

Pas besoin d’être bien grand pour prendre son premier cours de chimie. L’eau coule du robinet et est déposée dans le freezer du réfrigérateur.  Nous constatons le lendemain qu’elle s’est solidifiée dans le bac à glaçons et qu’elle redevient liquide à l’air ambiant ou dans le verre d’apéro de papa (qu’est-ce que je raconte-moi !)

Et lorsque notre mère fait bouillir de l’eau pour cuire nos coquillettes, de la vapeur s’échappe de la casserole et la vitre de la cuisine se couvre de buée.

Très drôle alors d’écrire nos prénoms avec nos doigts sur le carreau opaque.

Expérimenter, c’est bien jouer

Non mais Allo !

Il faut sauver  deux boites de conserves de la poubelle puis  demander à pépé de faire des petits trous au fond de chacune d’elle.  On tend ensuite une grande longueur de ficelle d’emballage entre les deux boites, on  la passe  dans les trous et on attache avec des nœuds solides.

Mon petit frère met  ensuite son oreille à l’extrémité d’une des boites et moi je parle dans  l’autre en me positionnant quelques mètres plus loin.  Allô t’es ou ?

 Super pratique pour communiquer !

Expérimenter, c’est bien jouer

Silence ça pousse

Nous avons dévalisé tout le paquet de coton hydrophile et renversé  la boite de haricots secs.

Entre deux couches de coton mouillé, il faut placer les haricots et les entreposer sur le rebord de la baignoire. Quelques jours plus tard, la salle de bain est envahie de haricots magiques.

Trop cool !

 

 

Expérimenter, c’est bien jouer

Mer d’huile

Vite fait bien fait, remplir un verre d’eau et y verser une cuillerée d’huile. Touiller avec une fourchette. L’huile se disperse en gouttelettes puis remonte à la surface et forme une couche au-dessus de l’eau.  

C’est juste rigolo !

Expérimenter, c’est bien jouer

Le vin et le parfum

Nous avons aussi fabriqué du vin et du parfum (en fraude). Écrabouillage de raisins ou de feuilles de roses, filtration, ajout d’alcool à 90°C (chouravé dans l’armoire à pharmacie de mémé). Chut !

Bon, je dois avouer que ça n’a pas bien marché. 

Expérimenter, c’est bien jouer
Expérimenter, c’est bien jouer

Lumière blanche

Un gros travail de recherches mené par notre père. Il nous explique la décomposition de la lumière et comme on n’y comprend rien, il nous propose l’expérience suivante.

Nous découpons un grand cercle dans un carton épais qu’il faut séparer en 7 portions. Chaque case est coloriée d’une couleur de l’arc en ciel. 

Le disque est alors accroché en son centre à un clou fixé au mur puis l’on fait tourner la roue.

Et effectivement tout devient  blanc !

C’est cette fameuse lumière blanche composée de toutes les couleurs  de l’arc en ciel. 

Si c’est pas de la grande science ça !

Expérimenter, c’est bien jouer

De l’encre plein les doigts

Ou l’art de détourner une cartouche d’encre.

Il faut une feuille de papier sur laquelle on dépose des gouttes d’encre.  On plie ensuite le papier et l’on presse fort pour étaler.

Lorsqu’on ouvre la feuille, des animaux étranges apparaissent sous nos yeux ébahis. 

On savait pas à l’époque que c’est aussi un test psy.

Expérimenter, c’est bien jouer

Fil et bouton 

Il faut chiper une bobine de fil et un gros bouton dans la boite à couture de mémé.  En couper un bon morceau, le doubler, enfiler le bouton, faire un nœud, y passer les index et enrouler le système  sur lui-même.

Lorsque le fil est bien entortillé, il faut faire un mouvement de va et vient avec les doigts. Le fil devient alors élastique.  

C’est très amusant (sauf lorsque le fil casse !)

Expérimenter, c’est bien jouer

A vous d'expérimenter

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Quand j'étais petite

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Publié le 24 Février 2015

Lectures et liberté

J'ai 7 ans lorsque je découvre Les Club des cinq de Enid Blython. Je cours avec les 4 enfants et le chien Dagobert, je pars en camping sur l’île au trésor ou au phare des tempêtes ou encore dans la maison hantée.

Je dévore aussi Les Clan des 7, une société secrète aux aventures extraordinaires qui se réunit dans des lieux insolites où l'on obtient le droit d'entrer en donnant le mot de passe.

Et toujours du même auteur, la série des Mystères qui m’entraîne avec d'autres personnages dans  péripéties extraordinaires.

Les points communs de ces livres de bibliothèque rose sont l’aventure et la liberté.

De très jeunes enfants qui se retrouvent sans cesse dans des situations extrêmes, qui dénouent des intrigues, espionnent les bandits, sautent par la fenêtre, passent le nuit dehors, allument des feux de camp, se déplacent à vélo sans contrainte.

Avec les copines de primaire, nous mettons en place un véritable trafic de bibliothèque rose, nous échangeant le matin de bonne heure sous le manteau un "Club des cinq et les gitans" contre "Un mystère de la péniche".

Le mercredi après midi, nous fabriquons des insignes de notre propre clan avec mot de passe pour entrer dans le garage d'une petite copine.

Des jeux d'enfants pas si innocents où les chefs et les suiveurs se révèlent où les jeux nous construisent de par cette imagination débridée alimentée par nos lectures mouvementées.

Mais une fille grandit vite, nous voici de grandes demoiselles de 10 ans en classe de CM2, nous lisons désormais la bibliothèque verte, les Alice et les sœurs Parker de Caroline Quine.

Des histoires de jeunes filles de 18 ans, détectives amateurs, que nous suivons désormais à l'université, en voiture, en voyage à travers le monde. Elles ont des amoureux, vont au bal et résolvent des enquêtes et intrigues compliquées.

Pendant les vacances, c'est la bibliothèque de mes grand-parents maternels qui assouvie ma passion des livres.

Lectures moins actives, plus champètres, je découvre toute la collection de la Comtesse de Ségur et ces livres verts appelés du nom de leur auteur Les Trilby.

Installée sur le dossier du canapé rouge, je dévore sans autre contrainte les Malheurs de Sophie, Les petites filles modèles ou Un bon petit Diable…

Je découvre la discipline sévère, les punitions au pain sec et à l'eau. J'entrevois les différences sociales et la notion de charité faite au plus pauvres.

Les Trilby montrent également divers milieux sociaux et culturels, apportent une ouverture sur le handicap ou la différence.

Toujours une morale et des valeurs d'efforts et d'amélioration de soi mises à l'honneur.

Je galope à travers Paris avec Dadou, le pauvre gosse qui survit en vendant illégalement sur les marchés et vit avec sa maman veuve dans une roulotte déglinguée. Sa rencontre avec Guy le petit garçon riche et handicapé va changer sa vie à jamais.

Je pars en vacances et gagne ma liberté avec cette bande de cousins qui pendant deux mois vont s'auto gérer dans la montagne Cannoise, s’épanouir et faire aussi de grosses bêtises.

Je visite les rites et coutumes du Japon, de l'Inde ou du Maroc avec des enfants de mon âge qui découvrent les différences de culture, de coutumes et de religion.

 

Et pour terminer l'inventaire des bouquins marquants de mes premières années de lectrice, je citerais le Petit Prince dont une magnifique édition illustrée m'a été offerte pour mes 8 ans.

Je découvre avec curiosité, le boa géant qui a avalé un éléphant, toutes ces petites planètes rigolotes, cet arbre qu'on appelle baobab, la rose et le renard et cette image de fin du petit garçon foudroyé qui m'a tant impressionné...

Le petit prince est d'abord ce très beau livre d'images où je me plonge le soir venu.

Je lis aussi peu à peu, des bribes de l'histoire sans en comprendre la portée.

Je devine la signification des mots en les associant aux images, un allumeur de réverbère, un buissessman, une comète, un cratère...

Quelques années plus tard au collège, je découvre St Exupéry, son histoire...

Ce livre reste depuis toujours à portée de main.

Devenue maman, je l'ai fait découvrir à mes filles et je l'ai redécouvert moi même avec une lecture adulte.

En 2012, j'ai compris du fond de mon cœur ce que signifiait « On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est Invisible pour les yeux."

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Quand j'étais petite, #Culture

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Publié le 12 Décembre 2016

Le miracle de Noël à la résidence Forward (Conte de Noël)

Cinq ans que Chelsea allait où la poussait ses missions d’intérim, incapable de rester plus de quelques semaines à la même place.

En ce mois de décembre, elle revenait travailler à la résidence Forward et comme chaque année elle se dit qu’ici, il y avait quelque chose de différent.

C’était peut-être cet esprit de Noël qui flottait dans l’air, c’était peut-être la proximité
de son village d’enfance, c’était peut-être la joie de revoir Mme Smith ? 

Onze mois durant, elle pensait souvent à Mme Smith avec la peur d’apprendre qu’elle était décédée.

Chelsea s’était instantanément attachée à cette résidente lorsque leurs regards s’étaient croisés pour la première fois.

Elle se revit sortant du secrétariat alors que la vieille dame en franchissait le seuil accroché au bras de sa fille Elle la revit toute menue dans son manteau trop grand, une petite valise à ses pieds, immobile, indifférente à l’agitation. Elle se revit dans sa blouse blanche toute neuve, son livret d’accueil dans les mains.

Chelsea sourit et la dame la regarda avec un regard de détresse qu’elle n’oublierait jamais.

Elles se retrouvèrent peu après dans une petite chambre vide. Mme Smith pleurait doucement, prostrée dans un fauteuil, elle n’avait pas voulu quitter son manteau. D’une voix suraiguë, elle appelait « Jenna » à intervalles réguliers. Sa valise était échouée sur le lit et sa fille était repartie. 

Chelsea s’agenouilla aux pieds de la nonagénaire et lui parla à voix basse. Mme Smith releva la tête et leurs yeux s’accrochèrent pour la deuxième fois.

N’ayez pas peur, je suis là lui dit-elle, vous êtes à la résidence pour personnes âgées, je vais vous aider à retirer votre manteau, vous devez avoir chaud ?

Apaisée par la voix calme, Mme Smith accepta de se dévêtir et d’ouvrir sa valise. Sur les vêtements pliés, Chelsea vit un cadre soigneusement enveloppé dans du papier de soie. Sur l’image en noir et blanc il y avait une famille des années cinquante, le père, la mère et deux fillettes. Tous les quatre portaient des chemisettes blanches et des canotiers. Ils étaient appuyés sur un muret en bord de mer. Au bas de la photo, il y avait une inscription Biarritz, France, 1949.

 Chelsea tendit le cadre à Mme Smith et elle la vit esquisser un sourire. Un doigt frêle souligna lentement chacun des personnages tandis qu’une petite voix énonçait : là c’est moi et mon mari et celle-là, c’est Jenna et là, voici Abby.

Mme Smith s’habitua assez rapidement malgré sa maladie d’Alzheimer qui progressait à grands pas. Bientôt elle ne put plus parler et un jour elle ne reconnut plus ses filles. Le couloir devint son nouveau domaine qu’elle arpentait du matin jusqu’au soir en serrant tout contre elle un sac à main en vieux cuir.

D’une année sur l’autre Chelsea retrouvait sa préférée, elle avait repris du poids et semblait sereine à Forward. Sa chambre était maintenant remplie de bibelots, de souvenirs, de photos.  

Mais ce 1er décembre 2016, Chelsea ne la vit pas dans son couloir bleu. Son cœur s’emballât, où était Mme Smith ? Elle suivait les avis d’obsèques, elle l’aurait su quand même si elle était morte !

Chelsea se renseigna et on lui de dit que Mme Smith était tombée tête première dans l’escalier et que si elle ne s’était rien cassée, elle n’avait plus jamais plus remarché depuis deux mois. Chelsea descendit au grand salon et elle eut du mal à se frayer un chemin entre les décorations qui encombraient le sol. Avidement, elle la cherchât des yeux et la vit soudain recroquevillée dans un coin. Elle vit son visage triste, ses yeux plissés, sa bouche contractée et ses rides qui se perdaient dans ses cheveux d’argent. Elle vit sa robe redevenue trop lâche qui recouvrait son corps amaigri. Comme une naufragée accrochée à un radeau, elle était agrippée à un ours en peluche. On aurait dit que toute sa vie avait migré aux bouts de ses doigts et que c’est pour ça qu’elle ne lâchait plus cet ourson qui la rattachait à la terre.

Le lendemain matin, Chelsea voulut aider pour la toilette et on lui répondit qu’on n’avait pas besoin d’elle. Elle referma la porte et elle ne sait pas pourquoi, elle resta là. C’est alors qu’elle l’entendit geindre de l’autre côté de la cloison. Chelsea comprit qu’on avait découvert Mme Smith et que le froid l’incommodait. Chelsea entrebâilla la porte au moment où le pauvre corps gourd de la résidente roula sur le côté et que la préposée aux soins lui posa les mains sur le métal glacé de la barre de sécurité. Mme Smith hoquetait presque imperceptiblement et son corps était si raide qu’on aurait dit une planche noueuse. Lorsqu’on la mit assise et qu’on voulut la lever, elle battit des bras pour chasser les mains qui la contenaient avec peine.  On lui fit plier les genoux dans un fauteuil que l’on roula ensuite en dehors de la chambre.

Les deux préposées virent alors Chelsea et lui demandèrent ce qu’elle faisait là.

Je l’ai entendu pleurer répondit simplement la jeune femme et elle demanda ensuite pourquoi les méthodes de soins bien traitantes n’étaient plus utilisées.

 Ses collègues haussèrent les épaules en rétorquant qu’on avait plus le temps.

Les jours suivants, Chelsea se débrouilla pour être affectée au couloir bleu et mit en œuvre toutes ses compétences pour parvenir à capter à nouveau les yeux gris de Mme Smith.

 Elle s’assit à ses côtés, prit le temps de lui parler, de la toucher avec précaution, de ne pas la découvrir complètement. Elle lui détailla tous les gestes qu’elle effectuait et ne cessa de lui dire des mots tendres pour qu’elle n’ait pas peur. Elle recouvrit la barre froide d’une couverture pour ce transfert si délicat nécessaire pour nettoyer le dos et les fesses. Puis elle la prit dans ses bras et la remercia de l’avoir si bien aidé dans ses soins matinaux.  

Peu après, assises toutes les deux au bord du lit, elles dialoguaient des regards quand soudain un bredouillage joyeux raisonna dans l’alcôve. Des mots mystérieux ne cessaient de sortir de la bouche fripée, elle semblait conter une histoire infinie. Chelsea répondait gaiement aux intonations de la vieille dame, ces deux-là conversaient et semblaient si heureuses de s’être retrouvées.

Quand elle la sentit prête, Chelsea la mit debout à l’aide d’une seconde soignante. Soutenue sous les bras, Mme Smith mit un pied devant l’autre et se mit à marcher à petits pas timides puis peu à peu assurés.

Arrivée à bon port, elle parlait encore, un sourire nouveau accroché à ses lèvres. Chelsea fut si émue qu’elle laissa couler une larme de joie dans le giron de son ainée. Cette dernière posa alors ses lèvres sur la joue duveteuse de la jeune soignante et y déposa un délicat baiser.

 

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Publié dans #Nouvelles

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