Publié le 6 Août 2016

Sur les pas de Bernadette - 1 : Son enfance

Beaucoup d’entre nous ont reçu un jour, une médaille, une carte postale ou une fiole d’eau bénite en provenance de Lourdes.

Mais qui connait vraiment l’histoire de Bernadette Soubirous ?

Bernadette, François et Louise Soubirous
Bernadette, François et Louise Soubirous

Bernadette, François et Louise Soubirous

Lorsque qu’elle nait en 1844,  Lourdes est une bourgade tranquille de 4000 habitants lovée aux pieds de son château fort et protégée par les Pyrénées.  

Bernadette est la fille ainée d’un couple uni, Louise et François Soubirous. Ses parents sont meuniers à Boly, ils vivent avec les Castérot, la famille de Louise dans un moulin prospère.

Bernadette tête paisiblement le sein de sa mère, bercée par le bruit des meules et les effluves de farine.

Moulin Boly

Moulin Boly

Et puis voilà que les malheurs s’enchainent au moulin Boly. Louise est victime d’un accident, elle se brule la poitrine à une chandelle et ne peut plus nourrir Bernadette. Le bébé doit partir pour la bergerie de Bartrés où Marie Laguës devient sa nourrice.

Bernadette garde des liens proches avec son père qui vient souvent la visiter mais elle ne regagne son foyer que pour ses deux ans.

La famille Castérot quitte le moulin, François perd un œil en repiquant ses meules, le moulin est de plus en plus mal géré

Pour les 10 ans de Bernadette, il n’y a plus de sous dans l’escarcelle Soubirous et la famille quitte Boly pour un logement trés modeste.

François et Louise Soubirous ruinés, n’ont pas d’autres solutions pour survivre que de se louer à la journée pour de durs travaux. Les épreuves les accablent sans cesse, cinq de leurs enfants meurent en bas âge. Bernadette elle-même est de santé fragile, souffrant d’asthme et de problèmes intestinaux.

Lourdes milieu XIXème siècle
Lourdes milieu XIXème siècle

Lourdes milieu XIXème siècle

A la fin de l’année 1855, il y a vraiment trop de bouches à nourrir chez les Soubirous. Bernadette part comme petite servante au café de sa tante Castérot. Elle sera nourrie et logée, ce qui soulagera un peu ses parents.

Dans le contexte économique très difficile de cette moitié du XIX siècle, la dégringolade sociale se poursuit pour la famille de Bernadette. Les Soubirous chôment fréquemment, ils sont criblés de dettes et finissent par être jetés à la rue.  

Un cousin, André Sajous, les recueille par charité et les voici logés dans un local insalubre de 16m2 nommé "le cachot" en rapport avec son ancienne fonction.

Ils s’entassent à six dans la puanteur et l’humidité de cette pièce unique donnant sur une cour remplie de fumier. Ils n’ont plus que deux lits et quelques hardes. Ils sont plus pauvres que les plus pauvres, marginalisés, affamés, maladifs.  

Ils restent pourtant unis, riches d’amour et d’honnêteté malgré les accusations infondées de vol à l’encontre du père.

Le cachot
Le cachot

Le cachot

La famille vit comme on le dirait aujourd’hui, au-dessous du seuil de pauvreté et en septembre 1857, toujours dans le souci de soulager ses parents, Bernadette remonte à Bartrés. Elle devient bergère et petite bonne à tout faire chez son ancienne nounou.  

A 13 ans, elle est quasiment illettrée et sa nourrice ne tient pas sa promesse de la faire instruire et catéchiser.

Bernadette accepte sans regimber toute les tâches et les brimades mais elle s’ennuie et a soif d’apprendre.

En janvier 1858, elle n’y tient plus, elle rentre à Lourdes pour rejoindre sa famille au cachot. C’est le retour à la misère pour elle mais aussi à l’affection de sa famille.

C’est aussi le début de son instruction, elle est scolarisée dans la classe des indigents de l'Hospice tenue par les sœurs de la Charité. A suivre....

 

Episode  2 : Massabielle

http://tdbc.over-blog.com/2016/08/sur-les-pas-de-bernadette-2-massabielle.html

Episode 3 : L'affaire Soubirous

http://tdbc.over-blog.com/2016/08/sur-les-pas-de-bernadette-3-l-affaire-soubirous.html

Statue de Bernadette gardant ses moutons

Statue de Bernadette gardant ses moutons

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Publié le 29 Juillet 2016

Le monument aux morts

Augustine décacheta le pli de l’administration avec les yeux brouillés.  

Que lui voulait donc encore cette République Française qui 7 ans plus tôt l’avait laissé seule avec ses deux petits.

Courrier reçu par M-Augustine

Courrier reçu par M-Augustine

Madame,

C’est avec une émotion profonde que nous venons vous annoncer, pour que vous puissiez y assister, l’inauguration du monument aux morts que la commune a élevé à ses glorieux morts. Il aura lieu à 10 heures et demie, dimanche 8 août 1920, date que portera le drapeau spécialement acquis pour la circonstance.

La municipalité à qui ce pieux devoir est confié a voulu que la cérémonie fût impressionnante dans sa simplicité. Il en sera ainsi et le recueillement le plus absolu sera observé.

Vous aurez la place d’honneur.

Votre douleur est grande, nous la partageons.

Puisse la fière part que nous y prenons, être à votre peine une atténuation et vous encourager.

En vous renouvelant nos condoléances émues, nous vous saluons avec un profond respect.

Pour le conseil municipal

Le maire

Marie-Augustine et Jean-Louis

Marie-Augustine et Jean-Louis

Augustine se cacha dans la souillarde pour que les enfants ne voient pas ses larmes.

L’espace d’un instant, elle revit le bon sourire de Jean-Louis, elle sentit sa moustache brune caresser ses lèvres avides de baisers et ses mains qui enserraient sa taille fine.

Elle se boucha les oreilles, chiffonnant le courrier officiel. Cette lettre ranimait le feu des canons et les éclats d’obus éclataient dans son cœur serré sur le mort pour la France.

Elle vit le corps vigoureux de son aimé, démantelé, méconnaissable, enfoncé dans la terre éventrée. Il gisait là entre les squelettes des arbres désintégrés, sous les salves incessantes qui finissaient de l’enterrer.   

Elle étouffa ses cris d’horreur avec le torchon à vaisselle qu’elle tenait toujours dans ses mains tremblantes.

Que savait-il ce scribouillard de la mairie, de ses cauchemars, de son labeur pour survivre et élever ses enfants devenus pupilles de la nation ?

Que savait-il ce gratte-papier, de son époux, jeune lieutenant dévoué qui tomba au cœur d’un été qui ne parvenait plus à réchauffer sa dépouille abandonnée.

Cette lettre remuait le long fer à jamais fiché dans sa plaie béante de veuve. Ses larmes de sang se mêlaient à nouveau avec celui qui coulait dans les sillons de la terre Lorraine.

Elle revécut cette longue année sans nouvelles et ses démarches vaines pour le retrouver.  

Sa chair se tordait encore des affres de ses nuits blanches, la secouant d’interminables spasmes de désespoir qui laissaient son lit moite et ravagé.   

Mon Dieu, qu’elle avait espéré qu’il ne fut que blessé, inconscient, amnésique. Elle pria même pour qu’il fût amputé, aveugle, défiguré ….

Il était quelque part dans ses espoirs jusqu’à la missive funèbre qui la laissa pantelante et muette.

Il était mort depuis longtemps, depuis les premiers jours de la guerre.

Augustine, la belle épouse du lieutenant valeureux  troqua son corsage blanc pour une vilaine robe noire et quitta le village qui n’était pas le sien.

Bien loin de leur petite maison, toute joie à jamais disparue, elle poursuivit sans lui, sa vie de veuve et de mère pour les deux orphelins de ce papa glorieux.

Une inauguration de monument aux morts après la guerre 14/18

Une inauguration de monument aux morts après la guerre 14/18

Et voilà qu’aujourd’hui, on l’informait que le nom de Jean-Louis était inscrit sur le monument du souvenir, là-bas dans le village de leurs belles amours.

Elle imagina les lettres d’or se détachant sur le marbre gris, 1er nom de la longue liste, 1er mort de la commune.

Augustine ne pourrait pas prendre la place d’honneur que la commune lui réservait. Elle imagina pourtant le long cortège sombre et tous ces enfants sans père. Elle entendit les discours patriotes, les hommages rendus et les bénédictions du vieux curé.

Elle vit les étendards levés,

les bouquets de bleuets et de coquelicots qui repoussaient

au vent dans les terres dévastées.

Augustine, se ressaisit, Jean-Louis dont les os dispersés s’entassaient pêle-mêle dans la terre de l’est aurait afin son mausolée.  

Sur le buffet de la salle, trônait une photo qu’elle aimait tant, elle souligna de son index leur couple si bref tandis que ses yeux clairs cherchaient dans le jardin leurs deux enfants joyeux.

A la mémoire de Jean-Louis et Marie-Augustine mes arrières-grands-parents

Le monument aux morts

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Publié le 20 Juillet 2016

Aux portes du désert

Egypte, chapitre 5

Le thermomètre marque 40 degrés lorsque nous débarquons à Assouan.
Emad nous guide au-dessus de la ville, dans une carrière de granit d’où proviennent les obélisques.

Nous nous approchons d’un obélisque couché qui n’a jamais quitté la roche.
Les ouvriers taillaient la face externe à même le rocher puis les côtés et enfin mettaient des coins de bois gorgés d’eau qui en séchant gonflaient et faisaient éclater la pierre.

L’obélisque était ensuite fignolé aux ciseaux avant d’être hissé de sa fosse puis roulé jusqu’au Nil sur des rondins. 

Un nubien jovial, noir de peau et habillé d’une magnifique robe bleu azur, gravit la colline à grand pas. Il a repéré les bus de touristes et sait bien qu’il y a quelques sous à gagner.

Il sourit de toutes ses dents « foto, foto » dit t’il en  mimant le geste.  
Bon, encore une fois, il y a du bachshish dans l’air mais cette fois ci je ne résiste pas et je prends la pose près de cet homme bien souriant.

Aux portes du désert
Aux portes du désert
Aux portes du désert
Aux portes du désert

Lorsque nous embarquons dans la felouque en fin d’après-midi, la température est redevenue supportable.

Nous nous installons sur les banquettes garnies de coussins moelleux tandis que le marin manœuvre son voilier dans la pure tradition égyptienne.

Main dans la main, nous voguons, unis, insouciants, le visage au vent et nous laissons gagner par la pure douceur du moment.

Et voilà que l’égyptien tape sur un tambourin et se met à chanter. Nous reprenons  en chœur la mélopée en tapant dans nos mains.

Les visages sont souriants, nous sommes merveilleusement bien !

Quand la chanson s’achève, mon amour reste rêveur et regarde l’horizon.

Quelle belle image éternelle que cette silhouette aimée voguant tranquillement sur le Nil mené par le batelier à la longue djellaba immaculée.
Le calme est soudain rompu quand surgissent, une bande de gamins, à plat ventre sur des planches en polystyrène. Ce sont des garçonnets d’une huitaine d’années qui viennent chanter pour les touristes en échange de piécettes.

Comment ne pas s’interroger et se sentir désolés de tous ces petits dépenaillés livrés aux eaux sales du fleuve. 

Aux portes du désert
Aux portes du désert
Aux portes du désert
Aux portes du désert

Le muezzin appelle à la prière, les hommes sortent leur tapis et s’agenouillent dans la ville. Puis ce sont des dizaines de femmes qui se regroupent dans la fraicheur du square. A chaque coin de rue, les enfants mendient, pieds nus.

La porte du souk est éclairée de plusieurs lanternes superposées et nous invite à entrer dans le monde des mille et une nuits.

Nous sommes assaillis de couleurs et de bruits et Emad quitte rapidement la rue principale pour nous conduire dans des ruelles moins fréquentées.

De chaque côté de ces passages étroits, les marchants étalent des cuivres, des étoffes, des bijoux et des papyrus.

Nos narines se gonflent des senteurs entêtantes des épices colorées et nos yeux balaient les étals clinquants.

Les touristes croisent les gens du quartier se rendant aux échoppes de fruits et de légumes, de viandes ou d’épiceries.

Le jeune guide nous offre un pot dans un petit café bric à brac dissimulé de la ruelle par un immense bougainvillier. 

Nous nous installons dans la courette, presque en famille, autour d’un mobilier de jardin bigarré, tables rouillées et fauteuil en plastiques. Une grande pancarte coca cola trône incongrue dans ce décor du bout du monde.

Le patron fait circuler le narguilé et le thé à la menthe.

L’atmosphère est sereine et nous chuchotons en sirotant le breuvage brulant.

Aux portes du désert
Aux portes du désert
Aux portes du désert

Un peu plus tard, le groupe s’éparpille entre les boutiques de la grande rue pour dépenser ses livres égyptiennes et marchander quelques souvenirs.

J’ai repéré des étoffes de soie, vertes, jaunes et rouges et j’entame ce jeu de négoce qui m’amuse beaucoup.

Pour quelques piastres, je repars avec mes foulards et un tas de babioles qui feront le bonheur de toute la famille. 

Il est tard maintenant et le temps est venu de regagner le Crocodilo.

Chapitre 6 : La vallée des rois

 

Aux portes du désert

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Publié le 18 Juillet 2016

La dictée :  feuilleton des années 1980

Une belle découverte que ce vieux feuilleton en six épisodes des années 80 qui a récompensé Pascale Rocard d’un Sept d’or.

L’histoire commence en 1881 dans la campagne Aveyronnaise près de Rodez.

Une jeune veuve de condition modeste, Maria Messonier souhaite que son fils Louis accède à l’enseignement. Malgré la fougue de sa mère, les pères de la ville n’acceptent pas ce petit paysan qui ne parle que le patois.

Au retour de l’école, Maria et Louis sont surpris par une tempête de neige en pleine forêt, on entend même les loups qui hurlent, ils sont perdus … Le destin heureux leur fait croiser Paulin Labarthe qui rejoint au même moment, dans une carriole couverte, le même village que les Meissonier, il vient s’installer dans une maison dont il a hérité.

Dans la tempête, ils aperçoivent la voiture de leur sauveur

Dans la tempête, ils aperçoivent la voiture de leur sauveur

Paulin est fils d’imprimeur, photographe, ancien communard. Il est surtout bon et instruit et ne se fait guère prier pour entreprendre l’éducation de Louis. Maria effectue des travaux ménagers en échange de l’instruction de son fils.

Une tendre idylle nait bientôt entre Maria et Paulin et le précepteur se prend d’affection pour Louis, devenant un véritable père pour lui en même temps que le compagnon de sa mère.  

Quelques temps plus tard, Louis armé des rudiments indispensables de l’instruction intègre enfin l’école religieuse puis l’école normale des instituteurs. Malgré la rudesse  des conditions de vie de cet internat et les brimades de certains professeurs, il réussit brillement et sort major de sa promotion.

L’école de Jule Ferry, publique, laïque et obligatoire en est encore à ses balbutiements et tout reste à construire pour éduquer et instruire les enfants. Louis malgré sa 1ère place qui lui ouvre de grandes voies, choisit d’enseigner aux plus modestes, aux « comme lui » et rejoint sa première école dans un petit village, non loin de chez ses parents, au Cayrol.

Louis à l'école normale

Louis à l'école normale

D’année en année, il dicte ce texte de Victor Hugo.

Le progrès de l’homme par l’avancement des esprits ; point de salut hors de là. Enseignez ! Apprenez ! Mangez le livre !
Toutes les révolutions de l’esprit sont incluses, amorties dans ces mots :
Instruction Gratuite et Obligatoire. 
Partout où il y a agglomération d’hommes, il doit y avoir, dans un lieu spécial, un explicateur public des grands penseurs.
Nul ne peut savoir la quantité de lumière qui se dégagera de la mise en communication du peuple avec les génies.
L’ignorance est un appétit. Le voisinage de la nature rend l’homme du peuple propre à l’émotion sainte du vrai.
Tous les enseignements sont dus au peuple
 

Une dictée bien compliquée que les enfants rendent remplie de fautes mais dont ils comprennent immédiatement le sens intrinsèque et la volonté de leur maitre à travailler avec eux pour leur avenir.

1ère école de Louis encore en uniforme de l'armée effectuée aprés son école normale

1ère école de Louis encore en uniforme de l'armée effectuée aprés son école normale

Camille une jeune institutrice le rejoint bientôt dans la petite école, ils s’aiment et  ils s’épousent.   

Le travail  scolaire, le secrétariat de mairie, l’amicale laïque occupent tout le temps de ce jeune couple. Louis et Camille dépensent leurs forces, dispensent leur savoir sans compter avec cette volonté sans cesse renouvelée, cette foi, d’ouvrir les esprits de leurs concitoyens, pour donner la chance à chacun de s’élever dans la société.

Camille et Louis Messonier

Camille et Louis Messonier

Après 11 ans de bons et loyaux services, le couple bien peu soutenu par la municipalité et Camille enceinte et à bouts de force déménage à la ville.

Louis prend la direction d’une grande école, Camille malheureusement perd son bébé.

Le temps passe, leurs deux enfants dans leur sillage deviennent maitre et maitresse d’école ….

Pendant cinq épisodes jusqu’à la grande Guerre, l’on suit cette lignée d’instituteurs et les avancées de  l’école de la république.   

Carole dans sa classe des années 80

Carole dans sa classe des années 80

Le 6ème et dernier épisode, nous projette dans les années 1980, Carole l’arrière petite fille de Louis et Camille poursuit le combat de ses ancêtres et revient aux sources dans cette école de campagne du Cayrol. L’école menace de fermée, il n’y a plus qu’une quinzaine d’élèves. Les bâtiments et les mentalités n’ont guère évolués en 100 ans.

Le maire est tout aussi hostile que celui d’autrefois, le poêle trône toujours dans la classe et la maitresse est toujours considérée « à tout faire ».

A son tour  elle regagne la ville pour enseigner dans une classe d’éducation spécialisée. En face d’elles une trentaine de grands gaillards d’origines variées qui pensent surtout à chahuter. Carole parvient à les capter en racontant l’histoire de Louis, ce petit paysan patoisant qui apprit le français et sortit de sa condition par son travail et l’accès à la culture.

Et Carole  lut  ceci : Le progrès de l’homme par l’avancement des esprits, point de salut hors de là…
 

Si votre curiosité a été éveillée, cliquez vite sur le lien ci-dessous :

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Publié le 13 Juillet 2016

Ma jolie colonie de vacances à l’île de Ré

 

Colonie de Bellerive-sur-Allier à la Couarde sur mer, juillet 1973.
Nous sommes enfin arrivés après toutes ces longues heures de voyage et la traversée en bac !
Nous sautons des cars, heureux d’enfoncer nos pieds dans le sable de l’immense cour carrée. Il fait encore chaud en cette fin d'après-midi et l’on nous dirige à l’ombre de la galerie bordée de pins pignons. Les moniteurs s’affairent pour nous distribuer un goûter de pâtes de fruits et du sirop de grenadine. Après ce long voyage, ça fait du bien.
Raymond le directeur, nous repartit, ensuite dans nos groupes : les petits de 6/8 ans, les moyens de 9/11 ans (mon groupe), les moyens-grands de 11/12 ans et les grands de 13/14 ans.
Je rejoins sept autres petites-filles, autour de notre monitrice Babeth, une rouquine au sourire accroché aux lèvres. Elle nous conduit vers les valises qui gisent à côté des soutes ouvertes des autocars.
Peu après, chacune traîne son barda, jusqu’au bâtiment de droite, celui des filles. Nous sommes saisies par la fraîcheur et la pénombre en pénétrant dans les chambres aux rideaux tirés. Notre box est situé au milieu du dortoir, ses murs sont immaculés et tranchent avec les dessus de lits aux rayures colorées. Nous nous précipitons pour choisir nos places, toutes persuadées d’avoir obtenu la meilleure.
Babeth nous demande de sortir nos affaires et de les étaler sur le lit ; elle va passer pour l’inventaire. Elle s’occupe de nous à tour de rôle et pendant ce temps-là, les autres partent à la découverte du dortoir. D’abord timidement puis avec de grands rires, nous arpentons le long couloir. Tout au bout, nous croisons les grandes filles qui gloussent de se retrouver alors que de l’autre côté, quelques petites pleurent leur maman.
À l’extrémité du dortoir, il y a des barres de lavabos, les WC et une salle pour se déchausser.
Le sol est recouvert d’un carrelage et les portes vitrées donnent sur la galerie couverte qui nous a accueilli tout à l’heure. Par les fenêtres, nous apercevons les garçons devant un bâtiment identique au nôtre, ils ont revêtu des shorts et jouent au football. La chance !
Babeth, on peut aller jouer dehors ? L’après-midi se termine par un jeu de chandelle en cercle au milieu de la cour. Il court, il court le furet...
Le lendemain et chaque matin, le réveil est échelonné, chacune se lève à l’heure qui lui convient, ouvre son lit, fait sa toilette et enfile son short et ses baskets.
Au réfectoire un solide petit déjeuner nous attend : pain frais, beurre et confiture, compote, chocolat et café au lait, de quoi prendre des forces pour la journée.
À 9 h 30, nous avons toutes pris le petit-déjeuner. Il est l'heure de retourner au dortoir pour faire nos lits, ranger nos chambres puis nous rejoignons les garçons.
La matinée est consacrée aux activités manuelles : pompons, objets en pinces à linge, colliers de perles, tableaux de fil tendus, portes serviettes en raphia, nos moniteurs ne manquent pas d'imagination.
Et nous chantons sans cesse, accompagnés de Gérard à la guitare.
« Au loin, on voit tourner la mouette autour d’un point noir sur du bleu, nul ne sait qu’elle guette son amoureux » ou « Tiens bon la barre et tiens bon le vent, Hisse et ho, Santiano «. C'est beau !
Avant midi, nous nous rendons aux marabouts, il faut se mouiller le visage et les bras puis s’allonger sur des lits de camp ou à même le sol pour une « cure de sommeil ». C’est un moment de retour au calme qu’on appelle aujourd’hui relaxation. Je sens encore l’eau qui s’évapore de ma peau sous la tente réchauffée par le soleil de la mi-journée et j’entends la voix lente du moniteur qui nous demande de nous détendre et de fermer les yeux.
À 12 h 30, bien apaisés, nous passons aux lavabos pour nous laver les mains puis nous gagnons le réfectoire. C'est une grande salle claire où des petits murets séparent des tables de six. Nous sommes assis sur des bancs et avons la responsabilité de servir nos camarades à tour de rôle tandis que d’autres vont chercher le pain ou remplir les brocs d’eau. Nous sommes fiers de ces petites tâches qui nous autonomisent.
La monitrice nous demande de tout goûter avant de dire que l’on n’aime pas. Elle nous apprend également quelques astuces de colo comme manger sa compote dans son verre ou sa part de gâteau sur l’envers de l’assiette. Ça limite la vaisselle !
Le jour des frites, il y a toujours du rab et nous faisons "mailloche". Autant vous dire que je n’ai pas trouvé, la définition de ce mot dans le dictionnaire. Il veut dire que toute la table se précipite sur le plat (au grand dam des moniteurs). Raymond sort alors son sifflet et plus personne ne bronche.

En fin de repas, l’on débarrasse les assiettes et les verres pour faciliter le travail des personnes de service.
Après avoir mangé, c’est l’heure tant attendue du courrier. Je reçois une carte pratiquement chaque jour, de mes parents, grands-parents ou tantes. De belles images que j’affiche au-dessus de mon lit.
L’une ou l’autre des fillettes reçoit parfois un colis rempli de bonbons, de petits jouets et de journaux illustrés. Le partage est la règle, car certaines copines ne reçoivent rien.
On se regroupe ensuite à l’ombre des galeries pour lire son courrier, faire des jeux de mains ou de ficelles et ramasser des pommes de pin dont nous mangeons les amandes. "Trois p'tits chats, Trois p'tits chats, Trois p'tits chats, chats, chats".
À 14 h, nous rentrons au dortoir pour la sieste. C’est un temps où chacune doit s’occuper en silence sur son lit. Les plus petites dorment pour de bon alors que les grandes lisent, écrivent, fabriquent des scoubidous ou des colliers de perles.
Youpi, la sieste est terminée. Nous enfilons les maillots de bain, les chapeaux et nous préparons la trousse de secours, le périmètre, la caisse de pain et les bidons de sirop pour le goûter. En route pour la mer.
Nous traversons la colo, ouvrons le portail donnant dans le petit bois Henri IV. Nous empruntons alors un petit chemin aux odeurs de résine qui nous mène à la plage des Prises. Pieds-nus, nous grimpons la dune bordée d'herbes touffues et de fleurs violettes. Et soudain, l'océan est là, haut, bleu, magnifique, bruyant. Il reflue mousseux et odorant sur le sable clair. Une odeur inconnue nous remplit les poumons, ça sent la mer !
Pour beaucoup d'enfants, c'est une découverte et les cris de joie couvrent bientôt le bruit des vagues et du vent marin.
D'autres groupes sont déjà assis sur le sable, les enfants jouent patiemment pendant que deux moniteurs installent le périmètre.
Puis vient notre tour de baignade, oh ce n’est pas bien long, une demie-heure heure environ pour permettre à tous les groupes d’en profiter. Qu'à cela ne tienne, ça vaut le coup de sauter par-dessus les vagues, de s'éclabousser, de tenter de nager dans cette eau qui n'arrête pas de bouger. Bouha, j'ai bu la tasse, que c'est salé !
Après le bain, nous nous séchons puis entortillés dans notre serviette de bain nous enfilons une culotte sèche sans que personne n'entrevoit notre derrière.
Puis vient le temps des jeux de plage. Nous ramassons des coquillages, creusons de puits, enterrons les pieds de nos copains, jouons aux osselets avec des cailloux. Que de bons moments !
17 h 30, il est l’heure de gravir la dune dans l'autre sens et de regagner la colo. Nous nous rendons directement aux douches puis à la lingerie où chacun récupère son linge soigneusement rangé dans sa case.
Après dîner, nous traversons la cour jusqu'aux bâtiments en bois, ce sont des salles d'activités qui le soir, nous accueillent pour la veillée. Nous faisons des petits jeux calmes, nous chantons ou l'on nous lit de contes. Pour la première fois de ma vie, je fais connaissance avec les lettres de mon moulin et de ce curé de Cucugnan qui nous fait tant rire.
Deux fois par semaine, nous partons en randonnée avec le KW autour de la taille et le chapeau vissé sur la tête. Ce sont de longues marches d’une demie ou d’une journée entière. Nous nous rendons au phare des baleines (11,2 Km), St Martin en Ré (8,5 km), Ars en Ré (7 Km), Loix (5 km)…À la colo, on marche sans cesse et nous chantons pour nous donner du courage, un kilomètre à pied ça use, ça use…
A midi le directeur nous apporte les caisses d’œufs durs, de tomates, les fruits, le pain d’épice et les incontournables jerricanes de sirop de menthe ou de grenadine.
D'autres matinées sont plus calmes, ce sont des jours de correspondances, de nettoyage des chaussures ou de ramassage des papiers de la cour. La colo nous apprend le civisme et le vivre-ensemble.
Chaque samedi soir, il y a une Grande veillée préparée par un groupe d’âge. Un spectacle de chants, de danses, de sketches auquel toute la colo assiste. Rires et applaudissements réjouissent les colons.
Les dimanches sont des journées de fête. Après le spectacle de la veille, la grasse matinée est autorisée puis nous rejoignons nos moniteurs qui tiennent chacun un atelier. Individuellement, nous choisissons notre animation ou mono préféré : construction de cabanes dans le petit-bois attenant, activités manuelles, chants, contes, jeux, cuisine…
Le repas du midi est, ce jour-là, amélioré et l’après-midi est consacrée à un grand jeu, une kermesse, un jeu de piste ou une chasse au trésor avec un goûter de crêpes, de glaces et des bonbons à gagner.
Le 14 juillet est aussi un jour de fête, nous nous déguisons, fabriquons des drapeaux et le soir venu, nous nous rendons sur la plage pour voir le coucher de soleil puis le feu d’artifice.
Les soirées sont aussi ponctuées des anniversaires du mois dont le mien. Je souffle cette année-là, mes neuf bougies, entourée de mes amies ; elles m’ont fabriqué un petit cadeau de coquillages et de pommes de pin avec l’aide attentif de Babeth.
Quatre semaines passent vite, nous nous sommes bien amusés, mais il est temps de passer à la pesée et sous la toise. Il est de bon ton d'avoir grossi et grandi pendant ce mois et ceci est inscrit sur notre fiche sanitaire.
Le dernier jour, nous allons à la Couarde acheter les souvenirs. Je prends un petit chalutier sur un socle avec l'inscription "Ile de Ré".
L'après-midi, il faut refaire l’inventaire, remplir les valises et nous faisons les folles en sautant sur les lits.
Au petit matin du dernier jour, nous plions nos draps, bouclons nos valises et embrassons bien fort nos camarades et nos moniteurs. Il y a des larmes, des joues mouillées de tristesse de se séparer et des promesses de revenir l'année prochaine.
Nous repartons toutes dorées, les genoux couronnés et la tête bourdonnante de refrains entrainants et d'amitiés d'été.
Au revoir l’Ile de Ré, nous allons retrouver nos parents.

 

Photos de la colonie de Bellerives sur Allier à la Couarde sur mer en 1983 (année ou j'y suis retournée comme mono)Photos de la colonie de Bellerives sur Allier à la Couarde sur mer en 1983 (année ou j'y suis retournée comme mono)Photos de la colonie de Bellerives sur Allier à la Couarde sur mer en 1983 (année ou j'y suis retournée comme mono)

Photos de la colonie de Bellerives sur Allier à la Couarde sur mer en 1983 (année ou j'y suis retournée comme mono)

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Publié le 8 Juillet 2016

Dans la cuisine de ma grand-mère

En haut d’un escalier, il y a la cuisine de grand-mère. Une grande pièce ensoleillée qui fleure bon les confitures et le biscuit de Savoie.

Le buffet et la table en formica cohabitent avec des meubles en bois plus anciens. Dans le buffet, il y a tout un inventaire à la Prévert : un presse-purée, un hachoir à viande, un fer à repasser et une yaourtière….

Dans la niche du buffet, il y a un tas de papiers, le calendrier des PTT, une pile de journaux, le poste de radio et la corbeille à pain. Vous savez cette huche à pain métallique de forme arrondie avec sa porte coulissante.

Il y a un frigidaire vieillissant acheté il y a plus de 10 ans mais qui à l’époque  remplaça de façon révolutionnaire le garde-manger et les allers-retours incessants à la cave où l’on conservait les aliments.

Dans cette cuisine, on trouve encore une cuisinière et une chaudière à gaz qui alimente les gros radiateurs du chauffage central.

Dans le bahut à trois tiroirs, il y a la boîte à bigoudis et tout un attirail de couture et de pelotes de laine.

Sur le sol un linoléum moucheté qui recouvre le plancher qui continue de grincer sous nos pieds.

Les interrupteurs électriques sont encore en porcelaine tandis qu’un plafond le large néon aveuglant à remplacer le plafonnier.

Dans la cuisine de ma grand-mère

Et puis il y a des objets insolites tel ce vase en cuivre martelé à décor de feuilles de vigne dont grand-mère me raconte souvent que c’est un obus de la Grande guerre rapporté par son frère.

J’ai le droit de jouer avec le prisme pyramidal. Je connais le nom de cet objet en verre mais je n’ai jamais vraiment su à quoi il avait bien pu servir et de qui mes grands-parents le tenaient. En tout cas, lorsqu’on regarde dedans, on y voit les couleurs de l’arc-en-ciel et des images complètement déformées.  

Les vrais objets conservés dans la famille
Les vrais objets conservés dans la famille

Les vrais objets conservés dans la famille

Dans un recoin tout sombre, l’on trouve le petit évier émaillé sur lequel il faut superposer deux bassines pour faire la vaisselle. Au-dessous de l’évier, l’on range  la poubelle, la pelle et la balayette cachées par un petit rideau.

Les torchons sèchent au-dessus du tuyau à anneaux de la chaudière alors que sur le feu la cocotte-minute ronronne préparant  le délicieux veau à la tomate, mon plat préféré.

Je me sens bien dans cette cuisine douillette.

Je m’installe hiver comme été sur le gros radiateur en fonte où je lis les malheurs de Sophie ou François le bossu.

Dans la cuisine de ma grand-mère

Il est l’heure de manger, je sors les assiettes dépareillées en faïence rustique et le saladier en arcopal.

Mémé m’apprend à faire la sauce de salade : moutarde, sel, poivre et une cuillerée de vinaigre pour trois d’huile. Elle me fait rajouter des petites herbes ciselées odorantes dont j’apprends le nom, de l’estragon. Il reste à rajouter les feuilles de laitue qu’on vient de secouer par la fenêtre dans le panier à salade grillagé.

Il faut encore moudre le café et j’adore appuyer sur le couvercle tout rond du moulin électrique. Il passera tout à l’heure dans cette étrange cafetière dont j’ai su des années plus tard qu’elle s’appelait à l’italienne.

Voici pépé qui rentre du bureau. Je lui saute au cou, lui laissant à peine le temps d’accrocher son chapeau. Il a deux heures de pause pour déjeuner et va avoir le temps de jouer avec moi.

Dans la cuisine de ma grand-mère
Dans la cuisine de ma grand-mère
Dans la cuisine de ma grand-mère
Dans la cuisine de ma grand-mère

En début d’après-midi, mémé prépare la confiture, celle que je préfère aux framboises juteuses.

Elle touille les fruits  rouges avec du sucre cristallisé et un jus de citron dans un chaudron en cuivre. Elle m’appelle pour écumer cette mousse odorante qui se forme en surface. Je mangerai l'écume toute chaude pour mon quatre heures.

Je m’en pourlèche déjà les babines.  

Elle verse ensuite la confiture dans des pots en verre cannelés.

Pendant qu’elle refroidit, elle fait fondre de la paraffine qu’elle coulera sur la confiture pour bien fermer les pots. Il restera ensuite à les recouvrir de petits papiers transparents et de les fixer avec des élastiques. Je collerais  enfin une étiquette :

Confiture de framboise 1972

Dans la cuisine de ma grand-mère
Dans la cuisine de ma grand-mère

Au-dessus du bahut, la pendule égraine les heures tranquilles de mon enfance choyée.

J’ai repris mon livre et je rêvasse sereine sur le radiateur en regardant les petits perroquets qui trempent leur museau dans le verre à pied.

Il faut aller jouer cocotte

La voix douce de ma mémé me réveille de ma torpeur, elle m’envoie courir dans le jardin.

Dans la cuisine de ma grand-mère

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Publié le 5 Juillet 2016

Juillet au bord de l'eau

J’ai 5 ans en juillet 1969 et le dimanche lorsque le magasin ferme ses portes, nous partons pique-niquer au bord de l’eau.

Maman remplit la glacière en polystyrène tandis que papa arrime le canoé pneumatique sur le toit de la 4L.

Sur la banquette arrière de la voiture, entre mon frère et moi, nos parents entassent tout un bric à brac hétéroclite nécessaire pour la journée.

Une véritable expédition pour la gamine que je suis !

Notre 4L bleue ressemblait à celle ci

Notre 4L bleue ressemblait à celle ci

Le voyage ne dure pourtant que quelques minutes, la rivière coule en bas de la colline.

Ma mère descend ouvrir la barrière de barbelé puis cahin, cahin la voiture bringuebale entre les ornières et les bovidés qui nous regardent un peu étonnés. 

Il reste à traverser le grand champ où paissent de grosses vaches qui m’effraient tant.  

Au bout du pré, mon petit frère saute de la voiture en tenant solidement son ballon dans les bras et déjà nous gambadons au bord de l’eau.

Ça sent la vase, la menthe sauvage, les bouses de vaches et l’été. Ces odeurs reconnaissables entre toutes qui me replongent aujourd’hui encore dans cette petite enfance insouciante.

Juillet au bord de l'eau

Maman étale le déjeuner à l’ombre des peupliers et nous dégustons de bon appétit du poulet froid, des chips et des fruits juteux qui nous laisse la bouche et les doigts poisseux.

Et puis c’est le temps calme où allongés sur une couverture, il faut respecter la digestion. Nous feuilletons des livres d’images, Babar, Le livre de la jungle, La chèvre de M Séguin….

Papa écoute le Tour de France en sourdine sur son transistor et maman cherche un modèle de couture dans modes et travaux.

Un petit vent doux et le chant des grillons nous bercent, je crois bien qu’Olivier et mon père se sont endormis.

Bord de Sioule

Bord de Sioule

Puis nous avons le droit d’aller jouer : partie de foot, jeu de volant, saute-mouton…Nous nous roulons dans l’herbe comme de jeunes chiots et chahutons avec notre père.

Et voici qu’il s’éloigne pour couper de petites branches d’arbres. Nous le regardons curieux. Il entaille une tige souple de noisetier et en glisse une seconde à l’intérieur.

Il fabrique un moulin!

Il nous demande d’apporter de grosses pierres pour former un goulot et un petit barrage sur l'eau. Il plante ensuite deux fourches en bois sur lesquelles il pose le petit moulin qui se met à tourner vigoureusement.

Nous tapons dans nos des mains et maman rigole

Petit moulin de branches

Petit moulin de branches

C'est enfin la baignade, nous nous allongeons, le ventre sur les galets, il y a à peine de quoi nous mouiller, nous remplissons nos seaux, nous aspergeons ou apprenons à faire des ricochets.

Papa nous prend avec lui sur le canoé pour une petite balade sur la rivière.

Maman s’inquiète, y’a du courant, la bas, va pas trop loin !

Olivier mon petit frère

Olivier mon petit frère

Pépé nous rejoint en fin d’après-midi pour pécher, il nous montre comment accrocher un asticot, lancer le fil et ferrer un poisson. En peu de temps, il remplit son panier de petites fritures que mémé préparera ce soir pour le souper.

La journée se termine, il faut ranger le matériel, recharger la voiture et regagner la maison pour un bon bain avant diner.

Il reste la terrible traversée du pré et le troupeau de vaches qui à cette heure a quitté son coin ombragé et nous barre ostensiblement le chemin. Ouf, nous voilà sauvés!

Maman referme la barrière sur

cette belle journée de juillet au bord de l’eau.

Pépé Robert à la pêche

Pépé Robert à la pêche

Photos façon gouache

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Publié le 24 Juin 2016

Le petit Poucet

Il était une fois, un grand classique de Charles Perrault, lu, entendu, raconté, transmis par la plupart d’entre nous.

Le livre de contes illustré est le genre de cadeau qu’on offre à un petit enfant pour que ses parents le lui lise avant de s’endormir.

Quant à moi,  je redécouvre Le petit Poucet en préparant une animation pour les résidents de l’EHPAD* où je travaille. 

*Etablissement pour personnes âgées dépendantes.

Je ne me souvenais plus de la violence du texte et j’en reste quelques instants bouche bée. C’est pourtant le leitmotiv du conte que d’être terrifiant : horrible marâtre qui veut tuer sa belle-fille, méchant loup qui veut dévorer une fillette, mari qui assassine ses épouses….

Les contes de fées ont ce rôle d’activer l’imagination des plus jeunes. Les psychanalystes expliquent qu’ils sont des symboliques des problèmes sociaux et des difficultés de la vie, ils aident à affronter les épreuves et à les surmonter. Chaque histoire est un chemin de vie que l’on partage avec ses enfants et qui se transmet de génération en génération. C’est un engendrement mutuel et perpétuel où l’enfant grandit tandis que l’adulte devient parent dans des sociétés en mouvances perpétuelles.

Le petit Poucet
Le petit Poucet
Le petit Poucet

Mon public a 90 ans et pourtant lorsque j’annonce la lecture du conte choisi, chacun a hâte de se replonger dans cet univers merveilleux (moi y compris).

Les contes traditionnels sont aussi fait pour nous adultes, ils ne sont pas datés, ils peuvent être actualisés aux problématiques actuelles, aux personnalités des gens qui nous entourent, aux handicaps de la vie…

Je me suis entrainée en amont à lire en y mettant le ton, en respectant les ponctuations, en jouant les personnages. Lorsque j’entonne le traditionnel « Il était une fois », on entend une mouche voler dans le petit salon de vie de la maison de retraite.

Le groupe est particulièrement attentif et les personnes âgées boivent le récit, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte. Ils réagissent aux différentes scènes, tantôt souriants, tantôt indignés ou rassurés.

Le conte a cet effet d’attraction, les personnels passant par-là se joignent à nous pour savourer quelques bribes d’enfance. 

Il se vit dans ce rassemblement une sorte de communion des imaginaires.

L’auditoire est comme subjugué et extrêmement calme.

Le petit Poucet
Le petit Poucet
Le petit Poucet

Il est vrai qu’elle est terrible cette histoire de bûcherons qui décident de perdre leurs sept garçons dans la forêt car ils ne peuvent se résoudre à les laissé mourir de faim sous leurs yeux.  

Le plus jeune, pas plus grand qu’un pouce est aussi le plus malin et lorsqu’on les mène au fond du bois, il sème des petits cailloux blancs pour retrouver leur chemin et rentrer à la maison.

Cachés derrière la porte, ils voient leur père et mère en train de faire bombance avec les sous que le seigneur vient de leur rembourser. Les parents sont malgré tout bien contents de revoir leur progéniture et leur offre les restes du pantagruélique repas.  

La vie reprend jusqu’à épuisement de la pièce d’or

puis ils retombent dans la misère.

Plus machiavéliques encore, les parents récidivent en perdant la tribu encore plus loin dans la noire forêt et ils se débrouillent cette fois ci pour que le petit Poucet ne puisse pas marquer son chemin avec ses cailloux.

Poucet a beau tenter de semer des miettes de pain, les oiseaux les mangent et les enfants sont bel et bien abandonnés.     

Le moment de découragement passé, Le petit Poucet reprend ses esprits et fait preuve d’une grande force en guidant ses frères en direction d’une lueur qui les mène vers une maison.

Ils ne sont pas sauvés pour autant, le plus dure reste à vivre,  ils se sont jetés dans la gueule de l’ogre qui aime tant la chair fraiche.

Le petit Poucet les sauvera pendant la nuit en échangeant leurs bonnets de coton contre les sept couronnes d’or des filles de l’ogre.

Le plus innommable de cette histoire est quand l’ogre tue ses propres filles en pensant égorger les garçons. On nage en pleine mare de sang et c’est la pauvre mère qui découvre la macabre scène au matin.

Les enfants se sauvent et l’ogre les poursuit chaussé de ses bottes de sept lieux. Las de courir par-dessus montagnes et rivières, il finit par s’endormir au pied du rocher où sont cachés les sept frères.

Le petit Poucet toujours en alerte, dérobe les bottes de l’ogre. Celles ci ont le pouvoir de s’adapter au pied de celui qui les porte. Poucet vole à son tour en quelques enjambées jusqu’à la maison de l’ogre. Il embrouille l’ogresse en lui disant qu’il vient de la part de son mari. Elle lui remet toute leur fortune pensant qu’elle servira à le sauver des griffes de terribles voleurs.

L’histoire, comme il se doit, finit bien pour la famille des bucherons et leurs enfants qui vécurent le reste de leur vie heureux et sans soucis d’argent.

Le petit Poucet
Le petit Poucet

Pour notre groupe de personnes âgées, c’est la troisième séance contée et leur plaisir est intact et communicatif. 

Le conte semble un outil de médiation très intéressant pour faire renaitre des souvenirs, pour faire émerger des émotions, pour communiquer et apaiser les personnes désorientées.  

Le temps d’une histoire, ils se sont évadés et ont revu cet ancien qui contait le soir à la veillée en cassant des noix ou en attisant le feu…

Le petit Poucet

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Publié le 21 Juin 2016

Les trois chansons de Francis Lalanne qui ont marqué ma vie

Pleure un bon coup ma p’tite Véro  

J’ai 18 ans, je suis jeune et amoureuse et il est si dur chaque fin de week-end de le quitter pour regagner le lycée. Alors nous écoutons à tue-tête, cette chanson qui me donne l’autorisation d’être triste et qui réussit malgré tout à me faire sourire.

Je blottis mon visage dans le creux de son épaule et je laisse couler de tendres baisers mouillés assortis de promesses pas si folles…

La maison du bonheur 

Lettres romantiques, retrouvailles fougueuses…  

Trois années plus tard, Lalanne nous accompagne à l’autel et nous invite à ne plus nous quitter, à vivre enfin dans notre maison du bonheur.

Au fond d’une cour gravillonnée, en face du gros noisetier et des hortensias roses, notre amour est blotti dans un petit nid recouvert de lierre. Notre jeunesse prend son envol et roucoule son union proclamée.

La maison de nos cœurs tout neufs et aimants donne des éclats de rire au quotidien et prend soin de notre couple déjà si pérenne et infiniment fort.

 On se retrouvera

Les années se sont ajoutées aux années et il m’est impossible de raconter 30 ans de petits riens et de tellement tout qui fabrique la vie.

La vie, c’est un bébé et puis deux à bercer, une leçon à réciter, des cerises au jardin, un château sur le sable, le bac à célébrer, une étudiante à installer et tant de fierté…

La vie c’est tout ce quotidien, les poubelles à sortir, la vaisselle à ranger, les discussions sans fin….

La vie est un voyage, un cap à admirer, un canal à longer, un phare dans le brouillard….

La vie ce sont tous ces partages, hier, aujourd’hui, demain et puis nos corps lovés.

Et puis soudain, demain n’existe plus, plus de lueur dans le lointain, plus de côtes, plus rien….

Et Lalanne est là, il est ma boussole et il chante pour me donner le sens.

Petite Véro, la boucle est bouclée, notre vie est bouclée.

Tu as le droit de pleurer.....encore un peu.  

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Publié le 11 Juin 2016

Comment j'ai pas mangé Hermann

Si comme moi, il y a encore 15 jours, vous n’avez jamais entendu parler d’Hermann et bien, vous allez de suite faire sa connaissance.

Il y a donc quinze jours, ma fille affiche sur son Facebook, la photo d’Hermann et  me prévient qu’il va bientôt arriver à la maison ???

Une petite recherche sur internet me renseigne immédiatement qu’Hermann est une sorte de Tamagotchi liquide dont on doit s’occuper pendant 10 jours en le remuant et le nourrissant.

Le temps venu, on sépare Hermann en quatre portions et l’on en offre trois à des amis tout en gardant une part pour soi. Vous suivez, bien sûr !

Une lecture plus approfondie me renseigne que cette mixture est composée de farine, de sucre et de QUOI, de lait.  Et bien là, je l’annonce tout de go, je n’en veux pas du Hermann, je ne vais tout de même pas récupérer un truc qui traine dans une cuisine (même celle de ma fille) depuis 10 jours et qui trainait avant dans une autre cuisine inconnue et qui trainait avant dans une autre cuisine et qui trainait avant (va savoir depuis combien d'années) dans d'autres cuisines. En fait c’est une chaine de bactéries qu’on veut me refiler.

Merde, ma fille veut se débarrasser de moi façon Marie Besnard!

Comment j'ai pas mangé Hermann

Mais, j’ai beau tergiverser, Hermann arrive dans son petit bocal en verre. Il ressemble à une pâte à crêpes bien lisse et dégage une petite odeur aigrelette telle que décrite dans les sites que j’ai consultés. Il est accompagné de son protocole du prendre soin bienveillant, ah non zut, ça c’est dans le cadre de mon travail !

Non, trêve de rigolade, il m’est remis avec une notice qui indique les trucs à faire pendant 10 jours.

Jour 1, il faut le verser dans un saladier, le mélanger et le recouvrir d’un torchon pour qu’il respire bien.

Le lendemain, il bulle et dégage cette odeur de vinaigre pas franchement agréable de fermentation…Mais bon, on va voir ce qui se passe.

Au 3ème jour, il faut lui ajouter du sucre en quantité, de la farine et du lait. Les choses sérieuses commencent, le coco s’emballe, mousse, se prend en masse et fermente grave. Il faut donc le touiller et ne surtout pas le mettre au frigo car môssieur est frileux en plus.  

Le temps de le cuire se rapproche dangereusement et j’ai beau avoir choisi  mes trois victimes, je n’ai pas très bonne conscience.

Alors pour me rassurer, je tapote encore une fois sur Google et je trouve le principe du levain naturel, de la fermentation avec le sucre…et des dizaines de personnes qui mangent et se refilent Hermann.

Hermann, Joe, Maurice ou gâteau de l’amitié suivant les régions circule depuis la nuit des temps, il viendrait d’Alsace. Hermann est donc un levain naturel qui sert à faire une sorte de brioche que l’on fourre de pommes, de raisins, de fruits confits, de chocolat…

Ceci me rassure un peu mais à deux jours de la fin de l’expérience, si j’ai décidé de cuire ma part, j’ai aussi décidé de congeler les trois autres au lieu de les donner.  Non, ne me remercier pas mes amies…c’est de bon cœur et je sais que si je n’en réchappe pas, vous ne m’oublierez pas.

Ces deux derniers jours, Hermann veut sortir du saladier, il gonfle jusqu’au torchon et se transforme en Mister Hyde hideux et effrayant...J’ai hâte de lui régler son compte à celui-là !

Nous voici à l’avant dernier jour, je lui donne à manger une dernière fois, toujours sa dose de sucre, farine et lait…il est accroc, le gars ! Je le laisse reposer 15 minutes et je le sépare en quatre comme il se doit. Illico presto, comme je l’avais prémédité, j’envoie les trois paquets au congel.

Le lendemain, je m'occupe de la part survivante d'Hermann. Il faut à nouveau rajouter du sucre, de la farine et puis des œufs et du beurre. Je choisis d’incorporer des raisins, de la vanille, du rhum et des écorces d’orange. Je garde encore l’espoir de me laisser attendrir par cet ersatz de cake.

Je le verse dans un moule rectangulaire, je le parsème de sucre en grains et je l’enfourne, l’air faussement détachée.  

Oui, je sais, il avait l'air appétissant mais ne vous fiez pas aux apparences.
Oui, je sais, il avait l'air appétissant mais ne vous fiez pas aux apparences.
Oui, je sais, il avait l'air appétissant mais ne vous fiez pas aux apparences.
Oui, je sais, il avait l'air appétissant mais ne vous fiez pas aux apparences.

Oui, je sais, il avait l'air appétissant mais ne vous fiez pas aux apparences.

 Hermann lève bien régulièrement, il commence même à dorer, il ferait presque envie la salop. Mais car il y a un mais, la maison n’embaume pas cette bonne odeur de gâteau qui cuit ?

C’est bizarre, ça sent toujours l’aigre/fermenté.

Hermann, mon vieux, retrouve vite ton acte de contrition, t’es mal barré.

Une heure plus tard, je le sors du  four avec un peu de pitié. Je me dis qu’il sera peut-être tout de même sauvé in extrémis par mes papilles alléchées.

Comme une dernière grâce, j’immortalise ses derniers moments et lui laisse encore un moment de répit en le laissant  refroidir.

L’heure est arrivée, Hermann attend le verdict ! Et il tombe implacable et cruel.

Hermann, est déclaré DEGUEU et

est condamné à être jeté en pitance aux oiseaux.

Comment j'ai pas mangé Hermann

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