Le petit Poucet

Publié le 24 Juin 2016

Le petit Poucet

Il était une fois, un grand classique de Charles Perrault, lu, entendu, raconté, transmis par la plupart d’entre nous.

Le livre de contes illustré est le genre de cadeau qu’on offre à un petit enfant pour que ses parents le lui lise avant de s’endormir.

Quant à moi,  je redécouvre Le petit Poucet en préparant une animation pour les résidents de l’EHPAD* où je travaille. 

*Etablissement pour personnes âgées dépendantes.

Je ne me souvenais plus de la violence du texte et j’en reste quelques instants bouche bée. C’est pourtant le leitmotiv du conte que d’être terrifiant : horrible marâtre qui veut tuer sa belle-fille, méchant loup qui veut dévorer une fillette, mari qui assassine ses épouses….

Les contes de fées ont ce rôle d’activer l’imagination des plus jeunes. Les psychanalystes expliquent qu’ils sont des symboliques des problèmes sociaux et des difficultés de la vie, ils aident à affronter les épreuves et à les surmonter. Chaque histoire est un chemin de vie que l’on partage avec ses enfants et qui se transmet de génération en génération. C’est un engendrement mutuel et perpétuel où l’enfant grandit tandis que l’adulte devient parent dans des sociétés en mouvances perpétuelles.

Le petit Poucet
Le petit Poucet
Le petit Poucet

Mon public a 90 ans et pourtant lorsque j’annonce la lecture du conte choisi, chacun a hâte de se replonger dans cet univers merveilleux (moi y compris).

Les contes traditionnels sont aussi fait pour nous adultes, ils ne sont pas datés, ils peuvent être actualisés aux problématiques actuelles, aux personnalités des gens qui nous entourent, aux handicaps de la vie…

Je me suis entrainée en amont à lire en y mettant le ton, en respectant les ponctuations, en jouant les personnages. Lorsque j’entonne le traditionnel « Il était une fois », on entend une mouche voler dans le petit salon de vie de la maison de retraite.

Le groupe est particulièrement attentif et les personnes âgées boivent le récit, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte. Ils réagissent aux différentes scènes, tantôt souriants, tantôt indignés ou rassurés.

Le conte a cet effet d’attraction, les personnels passant par-là se joignent à nous pour savourer quelques bribes d’enfance. 

Il se vit dans ce rassemblement une sorte de communion des imaginaires.

L’auditoire est comme subjugué et extrêmement calme.

Le petit Poucet
Le petit Poucet
Le petit Poucet

Il est vrai qu’elle est terrible cette histoire de bûcherons qui décident de perdre leurs sept garçons dans la forêt car ils ne peuvent se résoudre à les laissé mourir de faim sous leurs yeux.  

Le plus jeune, pas plus grand qu’un pouce est aussi le plus malin et lorsqu’on les mène au fond du bois, il sème des petits cailloux blancs pour retrouver leur chemin et rentrer à la maison.

Cachés derrière la porte, ils voient leur père et mère en train de faire bombance avec les sous que le seigneur vient de leur rembourser. Les parents sont malgré tout bien contents de revoir leur progéniture et leur offre les restes du pantagruélique repas.  

La vie reprend jusqu’à épuisement de la pièce d’or

puis ils retombent dans la misère.

Plus machiavéliques encore, les parents récidivent en perdant la tribu encore plus loin dans la noire forêt et ils se débrouillent cette fois ci pour que le petit Poucet ne puisse pas marquer son chemin avec ses cailloux.

Poucet a beau tenter de semer des miettes de pain, les oiseaux les mangent et les enfants sont bel et bien abandonnés.     

Le moment de découragement passé, Le petit Poucet reprend ses esprits et fait preuve d’une grande force en guidant ses frères en direction d’une lueur qui les mène vers une maison.

Ils ne sont pas sauvés pour autant, le plus dure reste à vivre,  ils se sont jetés dans la gueule de l’ogre qui aime tant la chair fraiche.

Le petit Poucet les sauvera pendant la nuit en échangeant leurs bonnets de coton contre les sept couronnes d’or des filles de l’ogre.

Le plus innommable de cette histoire est quand l’ogre tue ses propres filles en pensant égorger les garçons. On nage en pleine mare de sang et c’est la pauvre mère qui découvre la macabre scène au matin.

Les enfants se sauvent et l’ogre les poursuit chaussé de ses bottes de sept lieux. Las de courir par-dessus montagnes et rivières, il finit par s’endormir au pied du rocher où sont cachés les sept frères.

Le petit Poucet toujours en alerte, dérobe les bottes de l’ogre. Celles ci ont le pouvoir de s’adapter au pied de celui qui les porte. Poucet vole à son tour en quelques enjambées jusqu’à la maison de l’ogre. Il embrouille l’ogresse en lui disant qu’il vient de la part de son mari. Elle lui remet toute leur fortune pensant qu’elle servira à le sauver des griffes de terribles voleurs.

L’histoire, comme il se doit, finit bien pour la famille des bucherons et leurs enfants qui vécurent le reste de leur vie heureux et sans soucis d’argent.

Le petit Poucet
Le petit Poucet

Pour notre groupe de personnes âgées, c’est la troisième séance contée et leur plaisir est intact et communicatif. 

Le conte semble un outil de médiation très intéressant pour faire renaitre des souvenirs, pour faire émerger des émotions, pour communiquer et apaiser les personnes désorientées.  

Le temps d’une histoire, ils se sont évadés et ont revu cet ancien qui contait le soir à la veillée en cassant des noix ou en attisant le feu…

Le petit Poucet

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Publié dans #Culture

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