Publié le 24 Février 2016
J’ai une douzaine d’années lorsqu’aux vacances de Noël 1976, je découvre la petite maison dans la prairie diffusée après le journal d’Yves Monrousi.
Treize jours durant sitôt la table débarrassée, je me précipite sur le canapé pour me propulser à Walnut-Grove aux USA état du Minnesota.
Les Ingalls sont des pionniers qui décident de s’installer dans la vallée de Plum Creek pour y bâtir leur maison et élever leurs trois fillettes. C’est le papa lui-même qui construit la cabane au bord du ruisseau. Ce sera très pratique pour aller puiser l’eau, abreuver les animaux ou laver le linge.
La maison est édifiée autour d’une cheminée centrale faite de gros cailloux trouvés dans la rivière. La cheminée de pierres a son four incorporé pour cuire le pain et un chambranle gravée du sigle CI *CI indiquant l’amour liant Charles et Caroline. Dans la pièce de vie, il y a une grande table, des bancs, un fauteuil à bascule, un buffet et une pierre de bassie. Derrière la cheminée, une chambre à coucher pour les parents avec le lit du bébé et une mansarde sous le toit.
La petite maison sans cloison est douillette et le soir à la veillée se laisse bercée par le violon du père. Le feu crépite dans l’âtre, la mère raccommode et les fillettes studieuses étudient leurs leçons puis grimpent l’échelle jusqu’au grenier affublées de leur drôle de bonnet de nuit. Les deux sœurs bavardent alors inlassablement ou se disputent sous la couette en patchwork puis tournent le bouton de la lampe à pétrole.
La maman Caroline s’occupe de la maison et des enfants, confectionne de bonnes tartes et ramasse les œufs du poulailler qu’elle va vendre au village. Son visage s’éclaire lorsque Charles parait et lui offre un chaste baiser.
Lui travaille à la scierie de la ville puis dans les champs de sa ferme, il n’a aucun de répit avant le dimanche, jour de l’office. C’est le père courage qui contre vents et marées doit nourrir sa famille quitte à parfois la quitter pour travailler au loin.
Les fillettes, chaque matin empoignent leur gamelle de fer et parcourent à pieds, les quelques kilomètres qui les séparent de leur école.
Le village est traversé par deux routes de terre et comporte quelques bâtiments élémentaires. Il y a la poste et ses chambres à louer, le cabinet du docteur Backer, la scierie et le moulin de M Hanson, le marchand de grains, la forge, le temple qui est aussi l’école et le magasin général des Oleson .
La famille Ingalls n’est pas riche mais aimante et unie. Chaque épisode nous raconte les difficultés de la vie, les bons sentiments, les vilains penchants ou la société de cette fin de XIX siècle dans l’ouest américain.
Laura est l’héroïne principale, elle est espiègle et coure tout le temps les nattes au vent. Mary est plus sérieuse mais son personnage sera durement ébranlé lorsqu’elle perdra la vue et son bébé.
Les petites filles sages jouent avec Nelly et Willy Oleson, les enfants pourris gâtés. D’un côté la richesse dédaigneuse, de l’autre la pauvreté vertueuse.
Jour après jour, la vie de la famille Ingalls et des villageois se déroule sous nos yeux. Le quotidien, les pique-nique du dimanche, le rude travail des champs, les naissances et les décès.
Il y a les méchants qui deviennent gentils et les gentils qui trébuchent… Et puis, il y a les maladies, les famines, les tempêtes de neige, le racisme, la drogue, les orphelins, les catastrophes et les trahisons… le tout sur fond de religiosité à l’américaine.
Aucune histoire n’est complétement aseptisée, chaque épisode recèle une morale à méditer.
Pendant quelques années, la petite maison dans la prairie revient sur TF1 comme un cadeau de vacances scolaires et moi, je grandis avec ces petites histoires dans un coin de ma vie.
En 1987, je suis enceinte de mon premier bébé et la toute jeune chaine M6 commence à diffuser. Et voilà que sur mon écran, je retrouve ébahie, Laura Ingalls, la petite amie aux taches de rousseur que je n’ai jamais oublié.,
Dès lors, M6 diffuse en boucle les 10 saisons de cette série.
Laura est toujours aussi espiègle. La série se poursuit, la voilà qui grandit, tombe amoureuse, devient maitresse d’école..
Un jour Laura se marie et construit son foyer tandis que moi j’accouche de mon bébé.
Et puis au fil des années, me voilà Caroline avec moi aussi des fillettes et un mari aimant à mes côtés.
Les épisodes tournent en boucle, je les connais par cœur mais ils parviennent encore à me faire pleurer.
Mes filles grandissent, elles ont maintenant l’âge de Laura et Mary au début de la série. Elles adorent elles aussi la petite maison dans la prairie.
Au fil du temps, je regarde le feuilleton avec des yeux nouveaux, je découvre des détails qui m’avaient échappé, je m’attache à tel ou tel personnage ou fait de société.
La série se termine immanquablement par la destruction de Walnut-Grove. Un final déchirant ou tous les habitants détruisent leurs biens pour ne rien laisser à un magnat des chemins de fer à qui appartiennent désormais les terrains. Les habitants refusent de rester à la solde de ce personnage et de lui céder leurs propriétés. Les habitants rassemblés autour de leurs chariots bâchés pleurent en faisant sauter une à une les maisons et les commerces.
Je pleure une dernière fois avec eux tous qui partent pour on ne sait où…
Laura a depuis poursuivi son histoire dans le fin fond de mon imagination, qui sait si je la retrouverais un jour?
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