Juillet au bord de l'eau
Publié le 5 Juillet 2016
J’ai 5 ans en juillet 1969 et le dimanche lorsque le magasin ferme ses portes, nous partons pique-niquer au bord de l’eau.
Maman remplit la glacière en polystyrène tandis que papa arrime le canoé pneumatique sur le toit de la 4L.
Sur la banquette arrière de la voiture, entre mon frère et moi, nos parents entassent tout un bric à brac hétéroclite nécessaire pour la journée.
Une véritable expédition pour la gamine que je suis !
Le voyage ne dure pourtant que quelques minutes, la rivière coule en bas de la colline.
Il reste à traverser le grand champ où paissent de grosses vaches qui m’effraient tant.
Au bout du pré, mon petit frère saute de la voiture en tenant solidement son ballon dans les bras et déjà nous gambadons au bord de l’eau.
Ça sent la vase, la menthe sauvage, les bouses de vaches et l’été. Ces odeurs reconnaissables entre toutes qui me replongent aujourd’hui encore dans cette petite enfance insouciante.
Maman étale le déjeuner à l’ombre des peupliers et nous dégustons de bon appétit du poulet froid, des chips et des fruits juteux qui nous laisse la bouche et les doigts poisseux.
Et puis c’est le temps calme où allongés sur une couverture, il faut respecter la digestion. Nous feuilletons des livres d’images, Babar, Le livre de la jungle, La chèvre de M Séguin….
Papa écoute le Tour de France en sourdine sur son transistor et maman cherche un modèle de couture dans modes et travaux.
Un petit vent doux et le chant des grillons nous bercent, je crois bien qu’Olivier et mon père se sont endormis.
Puis nous avons le droit d’aller jouer : partie de foot, jeu de volant, saute-mouton…Nous nous roulons dans l’herbe comme de jeunes chiots et chahutons avec notre père.
Et voici qu’il s’éloigne pour couper de petites branches d’arbres. Nous le regardons curieux. Il entaille une tige souple de noisetier et en glisse une seconde à l’intérieur.
Il fabrique un moulin!
Il nous demande d’apporter de grosses pierres pour former un goulot et un petit barrage sur l'eau. Il plante ensuite deux fourches en bois sur lesquelles il pose le petit moulin qui se met à tourner vigoureusement.
Nous tapons dans nos des mains et maman rigole
C'est enfin la baignade, nous nous allongeons, le ventre sur les galets, il y a à peine de quoi nous mouiller, nous remplissons nos seaux, nous aspergeons ou apprenons à faire des ricochets.
Papa nous prend avec lui sur le canoé pour une petite balade sur la rivière.
Maman s’inquiète, y’a du courant, la bas, va pas trop loin !
Pépé nous rejoint en fin d’après-midi pour pécher, il nous montre comment accrocher un asticot, lancer le fil et ferrer un poisson. En peu de temps, il remplit son panier de petites fritures que mémé préparera ce soir pour le souper.
La journée se termine, il faut ranger le matériel, recharger la voiture et regagner la maison pour un bon bain avant diner.
Il reste la terrible traversée du pré et le troupeau de vaches qui à cette heure a quitté son coin ombragé et nous barre ostensiblement le chemin. Ouf, nous voilà sauvés!
Maman referme la barrière sur
cette belle journée de juillet au bord de l’eau.
Photos façon gouache