Publié le 7 Mars 2016

Déguster son pain

L'expérience démarre à la boulangerie de votre quartier. La porte vous accueille avec son drelin familier et la boulangère en tablier affiche son sourire commerçant.

La boutique est pleine à craquer mais l’attente est agréable dans l'échoppe : « Le bon pain ». La chaleur du magasin contraste avec le froid de ce début mars.

Qu’est-ce qu’on est bien!

Vous êtes là pour acheter votre baguette mais tous vos sens sont en éveil.

Vos yeux font des va et vient d'une tarte aux fraises à un éclair au chocolat, d'un flan aux œufs à un beignet sucré. Et si vous vous laissiez tenter?

Sur les étagères derrière le comptoir, trônent toutes sortes de pains odorants: des campagnards, des traditions, des céréales, des épis, des boules striées…

Choississez votre préféré.  Moi, je prends une baguette farinée à souhait avec ses deux cornes à croquer.

 Vous savez combien il est difficile de ne pas casser ces quignons bien pointus à peine sortis de la boulangerie.

Aujourd’hui, je résiste car je vais tenter sous vos yeux (et sans filet) , une expérience unique de dégustation de baguette.

Me voilà à la maison, confortablement installée, la dégustation peut commencer.

Je casse enfin l’extrémité de mon pain et je salive d'envie de l’engouffrer. Je prends pourtant le temps d'observer cette baguette à la croûte bien dorée, rugueuse avec sa farine qui forme des petits paquets compacts et friables.

Je ferme les yeux et j'approche le morceau de mes narines frémissantes. La corne sent un peu le brûlé tandis que le côté entamé dégage une forte odeur de levain.

Sous l'effet de ma respiration la farine volète et tombe sur mes lèvres. Le bout de ma langue la ramasse avec gourmandise.

Le quignon avalé, je me taille un bon morceau.  Je sens la croûte plus fine et le goût de levure de la mie.  La texture est élastique et en bouche le goût du bon pain prend toute la place.  A peine besoin de mastiquer, ça fond sous l'effet de la salive et la bouchée glisse facilement dans la gorge.

La dégustation terminée, il reste des petits morceaux de croûte entre les dents et dans les recoins de la bouche qui donne envie de reprendre un morceau.

Alors, je sors le  beurrier et je tartine copieusement ma nouvelle tranche puis je râpe sur le dessus de fins copeaux de chocolat. C’est divin !

 Allez vite, empoignez votre panier et

rendez-vous à la boulangerie.

 

Bon appétit

Déguster son pain

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Positive attitude

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Publié le 3 Mars 2016

J'apprends à nager

Chaque matin de ce mois de juillet de mes 6 ans, ma mémé m’emmène à la piscine municipale et me confie au maitre-nageur qui m’apprends à nager ;

C’est à plat ventre sur un tabouret que j’ébauche les premiers mouvements. Telle une petite grenouille, je coordonne les mouvements des bras et des jambes. Et puis un matin, c’est le saut dans le grand bain. M Fulpin me passe autour de la taille une bouée à 5 pains et je nage les bras tendus au bout d’une planche. Au fil des jours, la bouée s’allège  4, 3, 2, 1 pain puis il me retire la planche.

Ça y est je nage toute seule.

M Fupin me demande alors de faire une largeur et puis voilà qu’il est appelé au téléphone.

Largeur/longueur ??? Je suis encore bien petite et je pars sur le grand côté.

Ma grand-mère qui suis toujours attentivement les séances de l’autre côté du grillage se met à paniquer. Elle sait bien qu’à l’autre bout, je n’ai plus pieds.

Elle me fait de grands signes pour que je fasse demi-tour mais moi, je m’applique et je nage toujours plus loin sans me préoccuper de ma mémé.

Arrivée aux « 2,5m » je commence quand même à fatiguer et voilà que je n’arrive plus à nager.  

Fort heureusement, le maitre-nageur inconscient revient sur ces entrefaites est me tend à temps, la longue perche métallique.

Mémé est en larmes et raconte ma traversée au moniteur.

Et lui réponds très calmement :  « si elle l’a fait c’est qu’elle pouvait le faire ».

Cette année-là, j’ai passé mon brevet de 50 m.

J'apprends à nager

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Quand j'étais petite

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Publié le 24 Février 2016

J’ai une douzaine d’années lorsqu’aux vacances de Noël 1976, je découvre la petite maison dans la prairie diffusée après le journal d’Yves Monrousi.

Treize jours durant sitôt la table débarrassée, je me précipite sur le canapé pour me propulser à Walnut-Grove aux USA état du Minnesota.  

Les Ingalls sont des pionniers qui décident de s’installer dans la vallée de Plum Creek pour y bâtir leur maison et élever leurs trois fillettes. C’est le papa lui-même qui construit la cabane au bord du ruisseau. Ce sera très pratique pour aller puiser l’eau, abreuver les animaux ou laver le linge.

La  maison est édifiée autour d’une  cheminée centrale faite  de gros cailloux trouvés dans la rivière. La cheminée de pierres a son four incorporé pour cuire le pain et un chambranle gravée du sigle  CI *CI  indiquant l’amour liant  Charles et Caroline. Dans la pièce de vie, il y a une grande table, des bancs, un fauteuil à bascule, un buffet et une pierre de bassie. Derrière la cheminée, une chambre à coucher pour les parents avec le lit du bébé et une mansarde sous le toit.  

La petite maison sans cloison est douillette et le soir à la veillée se laisse bercée par le violon du père. Le feu crépite dans l’âtre, la mère raccommode et les fillettes studieuses étudient leurs leçons puis grimpent l’échelle jusqu’au grenier affublées de leur drôle de bonnet de nuit.  Les deux sœurs bavardent alors inlassablement ou se disputent sous la couette en patchwork puis tournent le bouton de la lampe à pétrole. 

La petite maison dans la prairie
La petite maison dans la prairie
La petite maison dans la prairie
La petite maison dans la prairie

La maman Caroline s’occupe de la maison et des enfants, confectionne de bonnes tartes et ramasse les œufs du poulailler qu’elle va vendre au village. Son visage s’éclaire lorsque Charles parait et lui offre un chaste baiser.

Lui  travaille à la scierie de la ville puis dans les champs de sa ferme, il n’a aucun de répit avant le dimanche, jour de l’office. C’est le père courage qui contre vents et marées doit nourrir sa famille quitte à parfois la quitter pour travailler au loin.

Les fillettes, chaque matin empoignent leur gamelle de fer et parcourent à pieds, les quelques kilomètres qui les séparent de leur école.

Le village est traversé par deux routes de terre et comporte quelques bâtiments élémentaires. Il y a la poste et ses chambres à louer, le cabinet du docteur Backer, la scierie et le moulin de M Hanson, le marchand de grains, la forge, le temple qui est aussi l’école et le magasin général des Oleson .

La famille Ingalls n’est pas riche mais aimante et unie. Chaque  épisode nous raconte les difficultés de la vie, les bons sentiments, les vilains penchants ou la société de cette fin de XIX siècle dans l’ouest américain.   

Laura est l’héroïne principale, elle est espiègle et coure tout le temps les nattes au vent. Mary est plus sérieuse mais son personnage sera durement ébranlé lorsqu’elle perdra la vue et son bébé.

Les petites filles sages jouent avec Nelly et Willy Oleson, les enfants pourris gâtés. D’un côté la richesse dédaigneuse, de l’autre la pauvreté vertueuse.

La petite maison dans la prairie
La petite maison dans la prairie
La petite maison dans la prairie
La petite maison dans la prairie

Jour après jour, la vie de la famille Ingalls et des villageois se déroule sous nos yeux. Le quotidien, les pique-nique du dimanche, le rude travail des champs, les naissances et les décès.

Il y a les méchants qui deviennent gentils et les gentils qui trébuchent… Et puis, il y a les maladies, les famines, les tempêtes de neige, le racisme, la drogue, les orphelins, les catastrophes et les trahisons… le tout sur fond  de religiosité à l’américaine.  

Aucune histoire n’est complétement aseptisée, chaque épisode recèle une morale à méditer.

Pendant quelques années, la petite maison dans la prairie revient sur TF1 comme un cadeau de vacances scolaires et moi, je grandis avec ces petites histoires dans un coin de ma vie.

La petite maison dans la prairie
La petite maison dans la prairie
La petite maison dans la prairie
La petite maison dans la prairie

En 1987, je suis enceinte de mon premier bébé et la toute jeune chaine M6 commence à diffuser.  Et voilà que sur mon écran, je retrouve ébahie, Laura Ingalls, la petite amie aux taches de rousseur que je n’ai jamais oublié.,

Dès lors, M6 diffuse en boucle les 10 saisons de cette série.

Laura est toujours aussi espiègle. La série se poursuit, la voilà qui grandit, tombe amoureuse, devient maitresse d’école..

Un jour Laura se marie et construit son foyer tandis que moi j’accouche de mon bébé.

Et puis au fil des années, me voilà Caroline avec moi aussi des fillettes et un mari aimant à mes côtés.

Les épisodes tournent en boucle, je les connais  par cœur mais ils parviennent encore à me faire pleurer.

Mes filles grandissent, elles ont maintenant l’âge de Laura et Mary au début de la série. Elles adorent elles aussi la petite maison dans la prairie.

Au fil du temps, je regarde le feuilleton avec des yeux nouveaux, je découvre des détails qui m’avaient  échappé, je m’attache à tel ou tel personnage ou fait de société.  

La petite maison dans la prairie
La petite maison dans la prairie
La petite maison dans la prairie
La petite maison dans la prairie

La série se termine immanquablement par la destruction de Walnut-Grove. Un final déchirant ou tous les habitants détruisent leurs biens pour ne rien laisser à un magnat des chemins de fer à qui appartiennent désormais les terrains. Les habitants refusent de rester à la solde de ce personnage et de lui céder leurs propriétés.  Les habitants rassemblés autour de leurs chariots bâchés pleurent en faisant sauter une à une les maisons et les commerces.

Je pleure une dernière fois avec eux tous qui partent pour on ne sait où…

 

Laura a depuis poursuivi son histoire dans le fin fond de mon imagination, qui sait si je la retrouverais un jour?

La petite maison dans la prairie
La petite maison dans la prairie
La petite maison dans la prairie
La petite maison dans la prairie

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Quand j'étais petite

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Publié le 15 Février 2016

La découverte de l'oncle Henry

Henry était décédé un an plus tôt dans un accident de voiture, encastré dans un poteau téléphonique. L’enquête avait conclu à une perte de contrôle du véhicule mal entretenu. 

Albertine son épouse survivante,  ne se sentait plus chez elle dans cette ville de province étriquée qui ne l’avait jamais adoptée.

Après quarante-cinq ans d’absence, sans regrets, elle avait décidé de rentrer à Paris. 

En ce jour de janvier, le plus dur restait à faire: emballer, trier, donner, jeter ses souvenirs et son passé.

Réunis autour du café matinal entourant une Albertine frêle et voutée, nul ne parlait et l’ambiance glaciale du petit salon vert commençait à peser. Seul  le cliquetis des tasses en porcelaine et les sanglots de ma tante fendaient par intermittence le silence oppressant. 

D'interminables minutes plus tard, Fabrice le fils ainé, se racla la gorge et d'une voix ferme nous attribua  nos tâches pour débarrasser la maison.

Je sursautai sous les injonctions de mon cousin mais je constatai que chacun se mettait déjà en mouvement.

Je fis  équipe avec Jean-Luc et nous eûmes pour mission de vider la remise du fond du jardin. 

Peu après  munis de cartons et de sacs poubelles, nous empruntions l'allée étroite et mal pavée qui mène au cabanon.

Que de galopades entre les fils à linge ! Tout en cheminant, nous évoquions ce temps révolu de notre enfance en songeant à celui qui n'était plus.

L’abri de jardin recélait un bric à brac hétéroclite : outils, arrosoirs en zinc, tondeuse à gazon, cantines métalliques, vieux journaux, jouets cassés, caisses remplies de petit bois...

Sous la lucarne se tenait un bureau d'écolier et une vieille chaise roulante d'ordinateur déglinguée. Dans un coin du bureau, il y avait des petits cahiers d'écolier, rouges, bleus, verts, jaunes… soigneusement empilés.

Je m'emparai prestement des cahiers qui plus que tout autre chose attirèraient ma curiosité.

Machinalement je me mis à les compter,  il y en avait dix, tous datés et annotés de l'écriture en pattes de mouches de l'oncle Henry.

A la première page du premier cahier,  daté  du 1er février 2004, un mois après le début de sa retraite, il avait écrit : "Débuts de mes expériences sur les énergies alternatives"

A la dernière page du dernier cahier daté du 01 mars 2014, la veille de sa mort, il avait écrit : "Toutes les autorités et les grandes entreprises françaises ont refusé mon projet pourtant viable. Je ne comprends pas. Je vais donc m’adresser à l’étranger"

 Entre ces deux dates, 10 ans de recherche, de gribouillis, de croquis, d'expériences et de photos rassemblés dans ces cahiers multicolores aux couvertures cornées et aux pages tachées.

J'interrogeais mon cousin qui semblait aussi médusé que moi-même.

"Vous étiez au courant des travaux de ton père?

- Absolument pas" me rétorqua Jean-Luc

- Fais voir  me dit-il en s'emparant des cahiers »

L'oncle Henry était un petit commerçant. Toute sa vie, il avait tenu le magasin de chaussures familial ne semblant intéressé que des collections de mocassins ou d’étagères d'espadrilles. 

« N'oublie pas, me dit Jean-Luc, que papa était presque ingénieur. » 

Nul n'avait oublié  dans la famille qu'il avait dû abandonner brusquement de brillantes études scientifiques pour succéder à son père dans l'échoppe de galoches.

Je ne cessais de relire cette dernière phrase énigmatique écrite la veille de l'accident de mon oncle.

"Toutes les autorités et les grandes entreprises françaises ont refusé mon projet pourtant viable. Je ne comprends pas. Je vais donc m’adresser à l’étranger."

 

La découverte de l'oncle Henry

L'oncle était donc devenu un ingénieur anonyme au fond de son jardin et après dix années de labeur avait réussi à inventer ce carburant innovant ?

Mon cœur battait fort, mon cerveau élaborait un scénario de complot, de sabotage de sa vieille 4 L. On l'avait éliminé pour que son invention ne soit jamais commercialisée!

Je fis part de mes pensées à mon cousin qui se mit à rigoler gentiment.

"Mais bien sûr, papa travaillait pour les services secrets et on a saboté sa vieille bagnole »

Je fis une petite moue vexée et finit par rire aussi de l'énormité de mes extrapolations.

"Bon, c'est important quand même, au diable le vide grenier, il y a plus urgent."

Et je plantais là mon cousin pour rejoindre ma tante  sous la véranda.

"C'est quoi ça tata?, lui demandais je excitée en lui tendant mon butin.

- Ah, tu as trouvé les élucubrations de ton oncle,  répondit-elle avec une ébauche de sourire

- Tu sais tantine, ça m'a l'air plutôt sérieux  c’ truc-là

- Pff, sérieux? Henry jouait depuis dix ans au Géo Trouvetou. A la fin, si tu veux savoir, ça lui tournait même un peu la tête à ton pauvre oncle

- Me donnes-tu malgré tout l'autorisation de faire expertiser ses cahiers?

- Bah, si ça t'amuse ma chérie, prends les, répondit Albertine  replongeant dans son mutisme.»

Le lendemain, je pris contact avec le CNRS et j'expliquais en quelques mots ma découverte extraordinaire.

J'entendis mon interlocuteur tapoter sur son ordinateur.

« Ah oui Henry  B, nous avons bien reçu son dossier mais il y a déjà plus de deux années. Votre oncle a dû recevoir un courrier mentionnant que nous ne donnions pas suite.

Projet trop farfelu...âge avancé du candidat...pas de financement pour les essais...pas de priorités dans ce domaine...s’embrouilla le type au téléphone. »

J'appelais ensuite divers centres de recherches, des compagnies pétrolières  et des grands groupes de l’industrie chimique.

Je compris vite que mon oncle avait effectué le même parcours avec à chaque fois une fin de non-recevoir.

Fallait-il abandonner?  Mon intuition me disait que non.

Quelques recherches sur internet m'orientèrent sur trois centres hors de nos frontières, deux en Europe et l'un au Mexique.

La numérisation des données me prit quelques semaines. Entre temps, j'avais pu présenter les travaux à un professeur de physique de mes amis et à un ingénieur d'EDF. Tous les deux s'étaient montrés intéressés puis passionnés par les données des cahiers.

Je joignis leurs observations aux dossiers et expédiai le tout soulagée du devoir accompli. 

Ma vie repris ordinaire, un peu fade après l'agitation des dernières semaines.

Tante Albertine  était désormais installée dans un petit studio près des Buttes Chaumont et je la tenais au courant de mes démarches.

A chaque fois, je la voyais sourire incrédule.

La découverte de l'oncle Henry

Pourtant un beau jour, une grosse enveloppe kraft à l'en tête FNRB* dépassait de ma boite aux lettres.

*Fédération nationale de recherches belge

Madame,

Après une étude approfondie des travaux de M Henry B et une série d'essais en laboratoire, nous avons le plaisir de vous informer que le carburant non polluant est viable. 

Nous vous prions de prendre rendez-vous avec nous dans les plus brefs délais pour toutes les démarches administratives de mise sur le marché.

Nous vous conseillons vivement de vous faire assister d'un avocat  spécialisé.

Veuillez-vous munir des papiers notariés de succession et des extraits de casier judiciaire des héritiers.

Dans l'attente de vos nouvelles, nous vous prions...

 

Huit jours plus tard, Jean-Luc, Fabrice et moi montions dans le Thalys  en partance pour Bruxelles.

 Munis d'une lourde sacoche remplie des documents demandés, nous étions tout excités de ce qu’on allait nous annoncer. 

La découverte de l'oncle Henry

Lorsque le taxi nous déposa devant l’immense building  en verre ultra moderne du FNRB, mon cœur s’emballa.

Toute petite entre mes deux gaillards de cousins, je me demandais ce que nous faisions ici. 

Maitre Delatre, l’avocat spécialisé nous rejoignit peu après et sa prestance me redonna un peu de courage.

Nous fûmes reçus dans une salle de réunion par une dizaine de personnes en costume et tailleur sombre. 

Je me sentis à nouveau toute intimidée  dans ma robe bon marché et mes petites ballerines plates.

Le professeur Lasaruss détendit de suite l’atmosphère et nous gratifia d’un grand sourire en nous tendant une main sympathique.

Il nous installa à ses côtés et nous présenta  ses collaborateurs.

Un jeune homme aux cheveux gominés, nous fit ensuite une présentation des travaux de mon oncle.

Je fis beaucoup d’efforts  pour comprendre la teneur de l’exposé rempli de formules mathématiques incompréhensibles.       

Je rougis pourtant de joie à deux ou trois reprises  lorsqu’au fil des diapositives, je reconnus quelques croquis issus des petits cahiers familiers.

« En conclusion, entonna  Lassarus me faisant sursauter. J’ai  l’honneur  de vous annoncer que les travaux de M Henry B ont donné naissance au carburant révolutionnaire du 21e siècle.

Un carburant de faible coût de fabrication, non polluant et compatible avec les véhicules en circulation.

Votre père était un génie ajouta le scientifique en s’adressant à mes cousins.

Je suis sincèrement admiratif  de cet immense travail, poursuivit l’ingénieur.

Le nom scientifique de ce carburant est le  GHTO 34.

Madame, Messieurs,   vous êtes ici aujourd’hui pour prendre connaissance de la démarche de mise sur le marché,  des modalités de rachat du brevet et des indemnités versées aux héritiers.

Vous serez également consultés pour le nom grand-public.

Je vous laisse étudier toutes les modalités avec Maitre Delatre et nous nous retrouverons pour signer. »

Mes cousins bouche bée, ne savaient plus quoi rétorquer. 

Au bout de quelques secondes, Jean- Luc sorti de sa stupeur pour remercier et broyer à son tour les mains du professeur devenu hilare.

« Il était fort papa, murmura-t-il peu après à son frère ainé encore médusé.»   

Je restais un peu en retrait, les laissant savourer ce moment qu’ils n’étaient pas près d’oublier.  J’étais si fière moi aussi de mon oncle et si contente d’avoir cru en sa découverte. 

CHAMPAGNE, s’écria soudain  le professeur Lassaruss!

Et c’est ainsi qu’à titre posthume Henry B devint un imminent chercheur européen.

Dans quelques temps lorsqu’à la pompe vous remplirez votre réservoir de ce nouveau carburant  au nom exotique, pensez  donc à l’oncle Henry ! 

 

La découverte de l'oncle Henry

Cette histoire a été développée à partir d'une idée trouvée sur internet

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Nouvelles

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Publié le 13 Février 2016

Le grand bahut

Je débarque à l’internat du lycée technique en septembre, au début des années 80. Je fais un peu ma fière en ce  jour de pré-rentrée mais c’est surtout pour camoufler mon angoisse qui grandit à chaque pas de l’interminable allée.

L’immense bahut de 2Km de pourtour est délimité par 4 rues du quartier.  Sur trois lignes parallèles se dressent 6 bâtiments pour l’enseignement,  5  pour l’internat et des hectares d’ateliers métalliques. A la périphérie du site le stade et  le gymnaste.

Une véritable ville qui accueille 2500 élèves dont 600 internes.

Ma mère est elle aussi un peu perdue et se donne une contenance en suivant consciencieusement   les pancartes « ACCUEIL DES INTERNES ».

 Au bout de la côte, dans un grand bureau, nous faisons connaissance avec le CPE et ses sbires. La pièce est bruyante, surchauffée et encombrée de bardas.  Nous prenons patiemment la queue en prêtant l’oreille aux infos qui nous parviennent du devant de la scène.  

Une fille se retourne et me passe le message suivant:  le CPE s’appelle  GLLOQ*.  J’enregistre bêtement ce renseignement sans me rendre compte de la plaisanterie.

 *J’ai deux ailes au cul (GLLOQ).  

Les assistants de M Glloq, nous remettent donc : la carte de sortie (très importante), un plan des lieux (indispensable) et moult papiers et règlements.  Mon dortoir est dans le bat 3,  4ème étage, lit 406.

Mais la particularité de l’année est qu’il n’y a plus des places dans les deux bâtiments réservées filles. On nous a donc casé, nous les petites secondes, au dernier étage d’un bâtiment de terminales garçons. Chercher l’erreur !

Il n’y a normalement aucune communication possible entre l’internat des filles et celui des garçons, les bâtiments étant séparés par toutes une rangée de réfectoires. Mais là avec cette nouvelle donnée, c’est une autre histoire.

Le grand bahut

C’est le lendemain soir après la rentrée des premières et terminales que nous prenons la portée de cette cohabitation peu ordinaire.  En fermant nos rideaux, un spectacle inattendu s’affiche aux fenêtres d’en face : un alignement de postérieurs dénudés.

Tout le dortoir se met à glousser et  notre pionne surnommée  Trois pommes  se montre très choquée  et nous intime l’ordre  d’aller nous coucher. 

Bin dis donc ça va me changer du petit pensionnat des bonnes sœurs où j’étais l’an passé !  

En ce qui concerne notre dortoir, tout un système d’horaires a été institué pour que nous évitions de  croiser les garçons dans les escaliers.  En fait, cette organisation n’a jamais vraiment fonctionnée et les pauvres surveillants ont eu  bien du mal tout au long de l’année à contrôler les hormones en ébullition de notre mixité. 

Les garçons s’amusent beaucoup de nous savoir logées au-dessus de leurs chambrées. Ils nous en font voir de toutes les couleurs, en coupant l’alimentation générale d’eau lorsque nous sommes sous la douche, en nous en en fermant à clé, en nouant nos lacets de baskets, en planquant nos affaires…

Une année de joyeux fouillis !

Le grand bahut

6H45, une sonnerie stridente me sort brusquement de mes rêves.  

Trois pommes s’agite et nous dit de nous dépêcher. Vite se lever, s’habiller, faire son lit, se rendre au réfectoire, prendre son petit déjeuner, récupérer ses affaires dans son casier et à la sonnerie de l’externat de 7H5O regagner notre salle de cours.

Plan en mains, nous sommes complétement perdus dans ce labyrinthe scolaire où toutes les cours, tous les bâtiments, tous les couloirs se ressemblent…

 

10H20 : Sonnerie de la récré, ça déboule dans les escaliers. Les groupes se forment dans les cours sombres, genre cloitres bétonnés. Partout, des petits cercles d’adolescents agglutinés fument comme des pompiers en échangent sur les emplois du temps et les profs de l’année. 

Notre petite bande d’internes est déjà soudée. Nous ne nous quitterons plus pendant trois années.

 

A l’heure du déjeuner, il faut à nouveau traverser le lycée, on peut dire qu’un une journée on en fait de la marche à pieds.

Trois services s’échelonnent de 11H30 à 13H00.  Les élèves doivent ranger leurs sacs dans des casiers à l’entrée des salles à mangers. Je comprendrais un peu trop tard,  qu’en fait je n’aurais jamais dû me séparer du mien. Je me suis fait voler ma toute nouvelle calculette scientifique et ma trousse que j’avais décorée de scoubidous torsadés.

Je vous passe l’engueulade du samedi lorsque je suis rentrée à la maison. 

Le bahut, c’est aussi  l’école de la vie…

Le grand bahut

Après déjeuner, suivant les saisons, on s’affale sur les pelouses, on va boire un pot à notre bistrot attitré ou l’on dispute des matchs inter classes arborant nos sweet-shirts au logo de notre section. 

A  la moindre heure de permanence, nous sortons du lycée et c’est un vent de liberté juste pour se rendre au Mammouth, au tabac ou au café. Il en faut peu  pour réjouir nos jeunes années.

Le mercredi c’est la transhumance vers le centre-ville. A pieds, en bus, les internes recherchent de l’animation en se rendant au ciné, dans le parc ou les magasins.  

On traine dans les boutiques pour acheter un gloss, un papier à lettres romantique ou une bouteille de psitt.

C’est également le jour des coups de fil, aux parents, aux petits copains. On s’enferme dans la cabine téléphonique vitrée qu’on alimente de pièces de 2 ou 5 francs suivant la distance. 

Et puis, il faut rentrer, on s’embrasse une dernière fois sur les bancs publics, on chahute dans le bus et l’on regagne nos quartiers.

Le grand bahut

Avant diner, les plus studieux vont à l’étude facultative  mais nous avec la bande, nous investissons le couloir du foyer.  Assis le long du mur, nous jouons au jeu de vérité et échangeons sans fin sur le monde et nos projets.

L’étude du soir est obligatoire.  Chez les sœurs, on entendait une mouche volée et sœur Christine faisait les gros yeux si une règle avait le malheur de tomber. Ici c’est le bordel complet. Un brouhaha perpétuel que les pions ne savent pas maitriser.

21H30, il est temps de monter au dortoir, Trois pommes saisit son gros trousseau de clés, distribue quelques remarques aux plus agitées et quatre à quatre nous gravissons les marches jusqu’à notre 4ème étage.

Il nous reste trois quart d’heure pour nous doucher et flâner un peu avant l’extinction des feux.

Le grand bahut

Nos cours se terminent le samedi en fin de matinée. A peine la sonnerie amorcée, les internes se précipitent vers la sortie avec leurs gros sacs à porter.

 Juste le temps d’attraper la navette qui nous dépose à la gare et de retrouver toute une partie du Lycée dans un train qui nous conduit dans nos foyers.

C’était le bon temps du lycée !

Le grand bahut

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Tranches de vie, #Autrefois

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Publié le 8 Février 2016

Souvenirs, souvenirs ........du tourne-disques d'Hélène

Hélène vient de fêter ses 17 ans en ce mois d’août 1958. Cette grande jeune fille mince et dégourdie murit son projet depuis le début de l’année.

 En janvier, lorsque dans le catalogue Manufrance (l’Amazon sur papier de l’époque) est arrivé, elle a de suite repéré cet objet moderne qui lui fait tant envie. Son bonheur se trouve à la page 442 : un tourne-disque portatif.

C’est la nouveauté de l’année, une valisette à couvercle amovible qui contient un haut-parleur avec dans la partie inférieure un moteur entrainant un plateau rond.

 Au centre du plateau, une broche permet de positionner les disques micro sillons, 45 et 33 tours. Pour le  faire fonctionner, Il faut déposer délicatement un bras articulé au bord du disque vinyle, le petit saphir est ensuite  guidé en spirale jusqu’au centre et restitue la musique dans le haut-parleur.  

Exit le phonographe de maman et les 78 tours de Berthe Sylva, l’ère moderne est arrivée.

Souvenirs, souvenirs ........du tourne-disques d'Hélène

Hélène a travaillé tout l’été en tant qu’aide-monitrice. 42 jours de travail pour un salaire de 17 548 francs (anciens s’il vous plait !) mais malgré tout  il va falloir rajouter ses petites économies.

 Il ne lui faut pas moins de 19 900 francs  pour acquérir ce tourne-disque Eden dont elle rêve.

Elle tergiverse encore sur la couleur lorsque pour la dixième fois, elle se rend devant la vitrine de M Lemaitre, le marchand de radios/électroménagers.

L’achat est prévu pour le lendemain soir  après la sortie de bureau de son père qui l’accompagnera dans ce premier achat de valeur.

Hélène a revêtu sa belle robe à carreaux et fourré dans son sac à mains les liasses de billets nécessaires à sa dépense.

Cécile sa sœur de trois ans plus âgée est de la partie. Elle,  a prévu d’investir dans un récepteur à 8 transistors, une autre innovation de cette fin des années 1950. Cet appareil de petite dimension et très léger lui permettra d’écouter ses émissions préférées partout où elle se déplacera.

Le trio investit la boutique et très sérieusement les deux sœurs font leurs choix sous les yeux fiers et attentifs du papa cravaté.   

Elles ajoutent leurs deux premiers disques :

Gilbert Bécaud et Paul Anka.

Les filles rentrent ensuite rapidement à la maison où une petite table a été préparée pour accueillir l’électrophone.  La machine est prestement déballée et branchée et  la musique jaillit joyeusement  du haut-parleur.

Paul Anka croone avec sa chanson Diana et les sœurs se mettent à swinguer sous les yeux ébahis du vieux tonton Théo.

Cécile et Hélène trinquent pour fêter leurs achats

Cécile et Hélène trinquent pour fêter leurs achats

Désormais Hélène transporte sa petite mallette tourne-disques chez les copines et le jeudi au bistrot du quartier. Elle est la seule de ses amies à posséder ce petit bijou portatif.

Les jeunes sirotent des grenadines et dansent la  rumba, le manbo, la salsa, le cha-cha-cha ou le slow    

Et puis c’est l’avènement de Johnny Hallyday avec son 45 tours :

Souvenirs, souvenirs

Hélène et Cécile suivent son actualité et en juin 1961 participent à son concert à l’Elysée Palace de Vichy.  Johnny fête ce jour-là ses 18 ans dans les parcs de la ville d’eau.

Souvenirs, souvenirs ........du tourne-disques d'Hélène

La petite discothèque familiale ne cesse de s’enrichir,  Bourvil, Dalida, Les compagnons de la chanson, Piaf, Fernand Renaud cohabitent avec Johnny.

Mais les disques vinyles restent des produits onéreux alors Hélène et Cécile achètent  « Les  disques du mois »  chez leur marchand de journaux. Ce sont les plus grands succès du moment enregistrés par des chanteurs inconnus mais qui font le bonheur des jeunes filles.

Hélène s’est mise au jerk, au rock, au madison ou au twist avec les yéyés qui s’installent dans les postes de radios et les premières télévisions.

SLC  SALUT LES COPAINS

Souvenirs, souvenirs ........du tourne-disques d'Hélène
Souvenirs, souvenirs ........du tourne-disques d'Hélène
Souvenirs, souvenirs ........du tourne-disques d'Hélène
Souvenirs, souvenirs ........du tourne-disques d'Hélène
Souvenirs, souvenirs ........du tourne-disques d'Hélène
Souvenirs, souvenirs ........du tourne-disques d'Hélène

Devenue jeune femme, Hélène déménage pour se marier.

Son électrophone est  prêt lui aussi à vivre de nouvelles aventures.

A la fin des années 60, il tourne de plus belle pour raconter des  histoires à  ses enfants : Le petit poucet, Lucky Luke, Le chat botté, La chèvre de M Seguin. 

Et puis imperceptiblement, le tourne-disque s’essouffle, les disques déraillent et la valise est un jour,  reléguée, enfouie, oubliée dans un grenier .

 Les enfants préfèrent désormais leur enregisteur à cassettes

avec micro incorporé.

Souvenirs, souvenirs ........du tourne-disques d'Hélène

A  l’aube des années 80, le petit électrophone est définitivement remplacé pour une chaine haute-fidélité.

 

Bien des années se sont depuis écoulées et le tourne-disque des années 50 est de nos jours nommé vintage.

Nous avons eu la chance  aujourd’hui,  de l’entendre grésiller une dernière fois dans les souvenirs d’Hélène.

Je crois bien qu’elle se remet à danser !

 

Twist again

Donne-moi la main, là
Tu t'y prends bien
Continue comme ça

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Tranches de vie

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Publié le 24 Janvier 2016

Le trousseau

Comme chaque mois de juin, la table de la salle à manger est encombrée de piles de linge à marquer.

Les petites étiquettes blanches tissées de rouge sont arrivées et maman n’a que quelques semaines pour les coudre à chaque pièce de vêtements avant mon départ en colonie de vacances.

Alors dès qu’elle a un moment de libre entre deux clients du magasin, elle tire l’aiguille.

Dès que les vêtements sont marqués, ils s’entassent sagement dans ma petite valise en carton.

Moi, j’aime bien préparer la trousse de toilette. C’est une belle trousse fleurie à trois pochettes.

Dans la première je mets un joli gobelet décoré de roses et son étui à brosse à dents assorti

Dans celle du milieu ma brosse à cheveux à picots métalliques, quelques barrettes, des élastiques et du shampoing   

Dans la dernière des cotons tiges  et une savonnette Camay toute neuve qui sent bon.

Le trousseau

Entre deux serviettes, je case le nécessaire à courrier avec son grand bloc quadrillé et les enveloppes  timbrées avec l’adresse de la maison et de celles de mémé, tata Monique et tata Aline.

 Une gourde en plastique jaune, un chapeau de soleil et l’indispensable KW qui prend peu de place et qu’on va trimballer un mois durant autour de notre taille. Il servira aussi à se bagarrer à bouts d’élastiques ou à marquer les bases du jeu de ballon prisonnier.

Ah, j’oubliais, très important une enveloppe avec 10 francs pour ramener un souvenir, Pig gadget, le Club des cinq et le trésor de l’ile et les réserves de bonbons et gâteaux.

Le trousseau

Une fois à la colo, la première après-midi est entièrement occupée à faire l’inventaire et à compter les petites culottes.

Grand bazar dans le box où toute l’équipe de petites filles fait connaissance en comparant les jolies robes et les maillots de bain.

« Tu t’appelles comment »

« Véronique et mon papa, il est épicier  et toi »

« Catherine et moi, mon papa, c'est le directeur de la colonie» rétorque ma voisine aux taches de rousseur.

 

Autant dire qu’on est devenues copines vite fait !

Le trousseau

La coutume en ce temps-là était de ramasser les friandises de tous les colons pour les mettre en commun et de nous les redistribuer équitablement chaque jour.

 

Mais une rumeur inquiétante circule entre les box

« Attention, les monos gardent les bonbons pour eux »

 

J’ai beau être petite, il ne me faut pas longtemps pour planquer mon butin.

Sucettes dans les chaussettes, paquets de gâteaux dans les manches d’un pull, Treets dans la trousse de toilette…

Ni vu, ni connu, je suis trop forte !

Le trousseau

Tout est enfin rangé dans le petit placard en bois.

Il reste à faire les lits et cette pauvre mono n’est pas au bout de ses peines. Elle veut absolument nous montrer comment rouler le drap autour du polochon.

 

Mais pour nous le polochon sert à se taper dessus dans de grands fous rires, ça démarre bien cette année.

 

Tient y’en a une qui est  partie aux cabinets.

« Et si on lui f’sait son lit en portefeuille » invente ma nouvelle meilleure amie.  J’me dis que j’risque rien, si on se fait prendre, son père c’est l’dirlo !

 

Et soudain, y’a une grande qui lance :

«  V’la Raymond, planquez-vous »

Raymond, c’est justement le dirlo. Il est gentil avec sa moustache mais faut quand même pas lui marcher sur les pieds.

 

Coup de sifflet dans le couloir, le dortoir se calme instantanément.

Le trousseau

Et c’est parti pour 4 semaines de jeux, de chants et de feux de camp…

 

Lorsqu’on ressortira les valises, la moitié d’entre nous aura perdu ses mouchoirs, sa casquette ou ses chaussettes et la mono inscrira tout ça bien soigneusement dans la deuxième case de la liste de nos trousseaux.

 

Mais on a les temps, les vacances ne font que commencer.

Un jour en colonie, la si, la sol…

Chanson Un jour en colonie

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Quand j'étais petite

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Publié le 21 Janvier 2016

Le grenier de mémé

Ce matin, j’ai entendu papa dire que la maison était vendue et qu’il  fallait la débarrasser et la nettoyer au plus vite.

 Maman et tata sont toutes tristes. Depuis que mémé est entrée à la maison de retraite, je les vois souvent pleurer ou se disputer.

Il parait que mémé a un peu perdu sa tête mais qu’il ne faut pas le dire, c’est secret !

 

Moi, je suis tout excitée de retourner dans la grande maison que j’aime tant. Nous allons y retrouver la famille et tout déménager. On va bien s’amuser avec mon frère et ma cousine.

La grande bâtisse n’a pas bougé, elle est tout aussi charmante que dans mon souvenir avec son lierre tout rouge et son banc de pierre.

Elle ressemble au vieux manoir de mon livre d’histoires.

Que d’aventures extraordinaires ai-je vécu dans les allées étroites ou sous le gros noisetier !

 

Véro, rend toi utile me dit ma mère me faisant sursauter.

Et tout à coup chacun s’active pour remplir des cartons, jeter des vieux papiers et compter des assiettes ébréchées.

J’entraine Olivier et Isabelle dans une course effrénée au milieu de la salle à manger.  Coiffée du vieux chapeau de pépé, je tourne autour de la table encombrée ; à  mes trousses mon petit frère qui brandit un chausse pieds à long manche tandis que ma cousine Isabelle chevauche un manche à balai.

 

Ça suffit les gosses ! clame mon père en colère Montez jouer au grenier.  

C’est ainsi que peu après, nous nous retrouvons dans l’escalier  raide, aux marches inégales et branlantes.

Le grenier de mémé

De là-haut, les bruits de la maison nous parviennent étouffés et c’est à pas de loup que nous  pénétrons dans le noir et la poussière.

Le grenier est une  succession de salles au parquet brut et aux poutres massives.

Il fait tellement sombre que s’en est effrayant, nous avons perdu tout entrain.

Ça sent l’antimite là-dedans et dans un coin gît un squelette de souris beurk !    

C’est la première fois que nous y venons sans mémé et aucun de nous trois n’en mène large.

Isabelle pousse un cri, ses longs cheveux bouclés viennent de  se prendre dans une toile d’araignée.

Je repère le bouton de porcelaine et lorsque la lumière jaillit, les lieux  reprennent un air plus familier.

 

Dans la grande pièce centrale il y a des fils à linge,  une grande armoire en chêne, des caisses en bois, des meubles cassés, des outils de jardin et tout un bric-à-brac oublié.

Y’en a des antiquités ricane Isabelle, toute fière de ce mot savant.

 

J’ouvre précautionneusement une caisse  tandis qu’Isabelle, toute peur effacée,  virevolte autour d’une vieille  coiffeuse au marbre fêlé.

Olivier vient de dénicher  des craies.

Je le rejoins d’un bond souple et lui arrache sa trouvaille pour tracer au sol une grande marelle avec le ciel, la terre et l’enfer.

Et nous voilà à cloche pied  sautant dans les cases géantes et faisant un boucan du diable qui nous vaut une nouvelle semonce.  

 

Je me précipite ensuite vers une nouvelle caisse que j’ouvre plus vivement. Elle est remplie de livres. Je farfouille un moment et je retrouve  tous les ouvrages de la comtesse de Ségur que j’aime lire et puis La case de l’oncle Tom, Tom Sawyer, Le tour du monde en 80 jours, La petite Fadette…   

La caisse suivante regorge de poupées et de leur trousseau. Il y a les vieilles poupées à tête de porcelaine de mémé et le baigneur au polo rayé rouge et blanc qui s’appelle Christophe.  Je le serre très fort contre moi et lui

Le grenier de mémé

murmure quelques secrets avant de l’abandonner pour d’autres découvertes.

Isabelle promène la poupée Natacha dans une petite poussette et lui donne le biberon avec beaucoup de précaution.

Je viens d’ouvrir une autre boite et j’y ai trouvé des billes.

 O L I V I ER,  t’es où ?

 Mon petit frère surgit,  échevelé, de la pièce voisine.

Tu f’sais quoi ?

T’es d’la police ? me répond-il

Il vient de remarquer les billes et s’accroupit pour saisir une belle agate.

Tu fais une partie ? Lui dis-je. 

Bin oui répond-il  mais je prends le gros calot vert.

Dac, je prends le bleu.

Nous nous partageons les billes et entamons une partie de poursuite d’un bout à l’autre du grenier.

Isabelle quant à elle continue de bercer les poupées et vient de les installer dans un petit lit en fer. Fille unique, elle a l’habitude de jouer toute seule et se tient loin de nos chamailleries.

C’est chouette de jouer chez mémé  murmure-t-elle aux poupées.

 

Olivier gagne rapidement toutes mes billes, il est trop bon à ce jeu-là.

Je prends subitement ma moue fâchée, j’joue plus ! lui dis-je en le quittant brusquement.

Olivier hausse les épaules en ramassant son butin.

 

La bouderie est de courte durée, la curiosité nous gagne de nouveau, Nous n’avons pas encore exploré l’armoire. Je tourne la clé et tire la porte qui grince à grand bruit. Sur les étagères des dizaines de boites à chaussures et des cagettes remplies de trésors. Tous les jeux de société ont été remisés ici, le 7 familles, le jeu de l’oie, le damier, le micado, le nain jaune…

 

Olivier tire l’autre porte et trouve son garage et ses voitures, son établi et ma marchande.

Accrochés dans la penderie de vieux habits, des sacs à mains et des chapeaux que mémé gardait pour jouer à se déguiser.

On dirait qu’on serait des princesses et toi un chevalier. Nous nous entortillons dans des rideaux mités, merveilleuses robes de cour qui marque notre rang royal.

Chevalier Olivier, il faut sauver la France ! ordonne Isabelle.

Le grenier de mémé

Tagada, tagada, tagada Olivier parade sur son cheval imaginaire…

 

La nuit est tombée, le lampadaire de la rue projette son halo jaunâtre au travers de la lucarne œil de bœuf. Il va falloir revenir dans le monde des grands.

 

On pourrait descendre dans le garage, chercher les trottinettes. On pourrait tracer des maisons dans la cour et jouer au papa et à la maman ou à Zorro, ou à l’école, ou à Tarzan... Je ne taris plus d’idées pour faire encore durer ce moment.

 

Les enfants, nous allons partir. L’appel de ma mère met fin à nos jeux. Nous descendons l’escalier sans enthousiasme.

En trois heures de temps, la maison est devenue méconnaissable.

Les meubles sont démontés, des piles d’objets s’entassent un peu partout et dans l’air ne flotte plus l’odeur du biscuit de Savoie et de la confiture de framboises.

 

Et soudain je comprends que c’était la dernière fois que je jouais dans la maison de ma grand-mère.

Alors je me mets à pleurer et papa me traite de bébé.

 

C’est un peu de mon enfance qui aujourd’hui s’est envolée. Mais je sais que pour toujours, tout au fond de mon cœur,  je garderai le grenier et les câlins de ma mémé.

 

Fin

Le grenier de mémé

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Nouvelles

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Publié le 16 Juillet 2015

 Théo Sauer, un artiste aquarelliste

Théo Sauer, un artiste aquarelliste

Voici le texte inspiré par cette peinture de Théo Sauer

 

L’atelier de Joseph


Lorsque j’y suis entrée pour la première fois il ne servait déjà plus guère mais cet antre avait conservé son odeur si particulière de sciure de bois, de pommes et de poussière.

 Il y avait toujours des planches jusqu’au grenier, de vieilles machines de menuisier, des scies, des rabots, des clous et partout éparpillés, des copeaux de bois blond.

Abandonnées le long d'un mur, des caisses remplies de rognures qui servent encore pour allumer la cuisinière.

Vestiges d’un labeur d’antan ou l'artisan ne comptait pas son temps pour fabriquer un meuble ou un cercueil.

Il me suffit de fermer les yeux pour revoir ces lieux.

Par la grande baie vitrée, ternie, couverte de toiles d’araignées j’aperçois le jardin en espaliers, il étale sa friche jusqu’au champ d’herbes folles où les moutons bêlent sans se soucier du temps qui passe.

Tout en bas, l’Allier s’écoule tranquille, parée d’un halo de brume et de l’aube naissante

L'atelier de Joseph

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Tranches de vie

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Publié le 26 Février 2015

Chansons autour du feu de camp

En juillet 1974, comme chaque été, je débarque en colonie de vacances. Un mois de vie en collectivité, de jeux, d'excursions et de chansons.

Nous sommes en période post soixante-huitarde et nos moniteurs ont la barbe et les cheveux longs et nos monitrices portent des tenues peace and love.

Guitare en bandoulière, Gérard nous apprend toutes les chansons engagées de l'époque.

De Maxime le Forestier à Moustaki, de Brassens à Mouloudji en passant par Barbara, Nougaro, Aufray, Ferrat...

Un vent de liberté souffle sur la maison bleue, les premiers émois amoureux nous saisissent le soir à la brume.

On déserte avec ce pauvre gars qui ne veut pas se battre, on boit un coup à la bouteille qui ne nous lâche pas et on pleure nos 20 ans alors qu'on en a que la moitié.

Nous y mettons tout notre cœur autour des braises rougeoyantes ou en balade. Main dans la main, nous chantons comme si c'était la dernière fois.

A 10 ans, nous ne comprenons évidement pas le sens exact de toutes ces paroles mais nous vivons intensément l'ambiance, l'amitié, la fraternité.

Dans ce répertoire des années 70, Gérard nous fait chanter sa révolte mais aussi des refrains plus entraînants. Nous voguons en tenant la barre ou nous nous baladons sur les champs Elysés.

Nous chantons également des chansons plus traditionnelles telles le galérien, Fleur d'épine , Nous étions vingt ou trente, ils étaint trois garçons, les prisons de Nantes...

Et nous les filles, déjà midinettes, ne nous lassons pas de Billy boy qui ne voulait pas quitter sa maman.

Debout les gars, réveillez vous, aujourd’hui est un jour nouveau où l'on se réjouit sous le soleil d'été, où l'on sourit à notre enfance et à notre avenir.

Et le soir venu, Doucement, doucement, doucement s'en va le jour et avant de nous quitter chantons une chanson d'amitié.

Gérard pince encore une fois les cordes de sa guitare triste sur les jeux interdits des enfants déjà endormis dans les couvertures au pied du feu qui s'éteint.

Et Félix Leclerc nous berce en nous offrant son petit bonheur qui s’installa durablement dans nos cœurs cet été là.

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Publié dans #Quand j'étais petite

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