Publié le 1 Juin 2016

Déluge

La voute du ciel n’est plus qu’un immense nuage noir, bas et menaçant qui déverse à torrent sa lourde pluie pénétrante.

Les eaux des fleuves, des rivières et des ruisseaux sortent une à une de leur lit trop étroit. Ils se regroupent en lacs gigantesques qui ne laissent émerger que les toits des villages à moitié engloutis.  

Puis c’est la grêle ravageuse qui hache menu la verdure du printemps, qui cabosse les voitures, fracasse les vitrines. Les rues se transforment en mer de glace tandis que dans le lointain toutes sirènes hurlantes, les pompiers sortent leurs pompes impuissantes.   

Zeus n’en a pas fini, il affole la nue de serpents électriques, fait gronder le tonnerre au-dessus de nos têtes et ordonne à la foudre de frapper des innocents.

Peu à peu la terre et l’asphalte disparaissent sous les eaux qui grossissent sans fin. L’océan grisâtre pénètre dans les villes et les villages, s’engouffre inexorablement dans les caves, les sous-sols, les magasins et les maisons. Les gens s’affolent, tentent de sauver quelques effets puis se réfugient à l’étage. Ils assistent désarmés à ce déluge et retiennent la pluie qui coule aussi de leurs yeux.   

La ville est devenue une Venise ravagée, sillonnée de sauveteurs dans des bateaux pneumatiques. Les habitants ont revêtu leurs habits imperméables, leurs bottes en caoutchouc et les pieds dans l’eau s’organisent pour s’entraider.

Déluge

Dans toutes les mémoires, il y a de ces crues incontrôlables qui sont marquées d’un trait sous les ponts.  

A Paris, l’inondation qui a marqué l’histoire est celle de 1910 avec le zouave du pont de l’Alma noyé jusqu’au cou.  

L’inondation avait gagné en ampleur 10 jours durant et la Seine avait atteint le niveau de 8,62 m à l’échelle du pont d’Austerlitz avant de décroitre pendant 35 jours.

A l’heure où j’écris cet article (1 juin 2016 à 19h18), la Seine est au niveau de 4,38 au même endroit.

Photos Delcampe - Le Zouave du pont de l'Alma en 1910 et le 1er juin 2016
Photos Delcampe - Le Zouave du pont de l'Alma en 1910 et le 1er juin 2016
Photos Delcampe - Le Zouave du pont de l'Alma en 1910 et le 1er juin 2016

Photos Delcampe - Le Zouave du pont de l'Alma en 1910 et le 1er juin 2016

Voici une petite histoire trouvée dans un numéro du journal Le petit parisien du 30 janvier 1910.

Tous les soirs, M Jalabert parcourt les rues de son quartier en barque pour secourir d’éventuels sinistrés.

Ce soir-là, il est rue de Bercy vers 23H00 et crie

  • Ohé, ohé

Et une voix venant d’outre-tombe lui répond

  • Ohé, aidez-moi

Il trouve alors un homme en mauvaise posture avec de l’eau jusqu’à la ceinture. Il l’embarque dans son canot et l'homme fut ainsi sauvé.

Journal l'illustration de 1910

Journal l'illustration de 1910

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Publié le 12 Mai 2016

La coup de la panne à Philae

Egypte, chapitre 4

Chaque jour, nous découvrons un nouveau temple dédié à un Dieu. Ils sont tous grandioses et différents, chargés d’histoires antiques que notre jeune guide nous fait découvrir avec passion.
Emad, jeune diplômé en histoire de l’université du Caire rêve des châteaux de la Loire et des rois de France. Il aimerait obtenir un visa pour visiter Chenonceau, Chambord, Amboise et se balader dans un jardin à la française. 

Il parle un français agrémenté de vocabulaire choisi qu’il enrichit au contact des touristes. Nous nous amusons à lui livrer des expressions populaires : Se mettre en rang d’oignons, Ce n’est pas la mer à boire, Il pleut des cordes.
 

Mon temple préféré est celui de Philae dédié à Isis.

Lors de la construction du grand barrage d’Assouan, il a été sauvé des eaux. Complètement démonté, il a été reconstruit pierre à pierre sur une petite île.

C’est évidement pharaonique.

Sur l’embarcadère de l’île, un homme de notre groupe  échappe ses lunettes de soleil dans l’eau. Trois égyptiens  du port  se précipitent, plongent et se relaient un bon moment pour tenter de les repêcher. L’opération échoue et le français commence à s’engueuler avec sa femme

Les plongeurs reçoivent malgré tout un bakchich et l’incident clos, nous remontons dans le petit bateau à moteur avec notre couple encore un peu échauffé.

Le nôtre est le seul qui n’a plus de toit et est quelque peu délabré.

Le conducteur démarre en tirant  en continue sur le fil du moteur. Le bateau ronfle, démarre à grand peine et s’immobilise peu après au beau milieu du lac. Le bateau dérive et les touristes applaudissent.

Quelqu’un entonne « Chauffeur si t’es champion, appuie, appuie, chauffeur si t’es champion appuie sur l'champignon ».  

Le refrain est repris en cœur par tous les passagers. Comme d’habitude, l’ambiance est excellente et rien ne peut nous attrister.

Le marin d’eau douce ne se déconcentre pas, il soulève le capot du moteur, trifouille là-dedans pendant quelques minutes et un coup de mars et ça repart. 


ZON pas de CHSCT là-bas,

ni de protocole d’évacuation. 
 

Ouf, nous arrivons sains et saufs sur la terre ferme en riant de cette avenure!

Chapitre 5 : Aux portes du désert

La coup de la panne à Philae
La coup de la panne à Philae
La coup de la panne à Philae

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Publié le 10 Mai 2016

Mots, livres et culture

Lorsque j’étais petite fille le temps des repas a toujours été un temps d’échanges et de culture; de longues conversations où tous les sujets étaient abordés.

Enfant, je me nourrissais du savoir de mon père, de toutes ses connaissances qu’il me transmettait, d'un flot de ressources nouvelles qui s’encodaient, s’enrichissaient avec la maturité.

A l’adolescence, j’ai appris à exprimer mes opinions, à verbaliser mes désaccords, à raconter mes expériences. J’entends encore mon père me recadrer avec cette formule pour m’aider à structurer mes récits

                Où, quand, comment? 

Lorsqu’un mot, une notion n’était pas connue ou comprise, j’étais encouragée à ouvrir le dictionnaire ou mieux  la grosse encyclopédie en deux volumes. A la fin du repas, l’on poussait les assiettes et le petit Robert ou le gros Larousse universel s’invitaient  sur la table de la cuisine.

Je puisais dans ces gros ouvrages noirs, de quoi assouvir ma soif de savoirs et de lumières.

Mots, livres et culture

 J’ai toujours conservé, cette collection de dictionnaires, sources inépuisables de définitions, d’informations et de planches colorées.

Il y avait même le Larousse médiale que je feuilletais passionnée en recherche des images les plus incroyables sur les maladies pustuleuses

Planche du dictionnaire médical

Planche du dictionnaire médical

Dans le salon, La bibliothèque familiale débordait de livres en tout genre et son accès m’était totalement autorisé.  J’ai donc rapidement délaissé la bibliothèque verte pour, l’été de mes 13 ans, découvrir un panel d’auteurs et de romans palpitants.

Mon premier vrai livre m’a durablement marqué, je l’ai lu au moins 10 fois. Il s’appelle Papillon de Henri Charrière. C’est l’histoire vraie (bien que romancée) d’un bagnard interné à Cayenne. J’ai découvert l’horreur du bagne, les iles du Salut et ce personnage attachant qui libre comme un papillon ne cesse de partir en cavale et de se faire rattraper. Il passera plusieurs années dans une geôle de quelques mètres carrés sans jamais sortir.

Extrait de Papillon

Extrait de Papillon

 Et puis j’ai lu Troyat, Sagan, Colette alors que je n’avais pas 15 ans et aussi des auteurs historiques comme Robert Merle ou Jeanne Bourin et ce gros pavé Racines de Alex Haley ou encore Jacquou le Croquant.

Un peu plus tard, j’ai acheté mes propres livres et dévoré pas mal de témoignages ou d’histoires de société comme Eric de Doris Lund qui parlait de la leucémie de son fils, La clé sur la porte de Marie Cardinal ou Christiane F, l’histoire d’une fille de 13 ans qui se prostitue pour payer sa drogue.

J’ai également  savouré toute la collection des Guy Des cars qui de façon romanesque a si bien traité des sujets comme le racisme, le handicap, la beauté éphémère, la transsexualité…Je me souviens l’avoir cité dans une dissertation de seconde où mon professeur avait critiqué cette littérature de gare et avait ironiquement annoté que j’avais au moins le mérite de lire.

Bref, rien n’étais censuré à la maison, je m’instruisais, je me formais avec cette manne d’histoires et d’idées toujours renouvelées et à portée de main.

Mots, livres et culture

L’amour de la lecture ne m’a jamais quitté.

J’aime me laissé porter par les récits, ressentir des ambiances, m’évader avec les personnages.

J’aime réfléchir et analyser. 

J’aime découvrir des mots nouveaux, en chercher le sens, me les approprier, les expérimenter.  

Depuis quelques années, la E-lecture est entrée dans ma vie, elle est un excellent complément au papier. Loin de le remplacer, elle permet d’avoir dans son sac ses auteurs préférés, de charger en un clic le dernier best-seller, d’avoir le dictionnaire intégré, de pouvoir annoter et surligner…

Alors n'hésitez plus ... un deux, trois LISEZ

les mots sont des bienfaits !

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Publié le 6 Mai 2016

Le petit chaudronnier

Lorsque j’étais petite, j’adorais les contes de fées et il y en a un qui m’a particulièrement marqué, c’est le petit chaudronnier de Manie Grégoire.

Voici l’histoire telle qu’elle s’est gravée dans ma mémoire.

Il était une fois une princesse orgueilleuse qui ne trouvait pas à se marier. Un jour en la coiffant avec un peigne d’or, sa servante trouve un pou dans ses longs cheveux. 

Le fait est tellement incroyable, dans cette chevelure lavée chaque jour, que la servante au lieu de tuer le pou le recouvre d’un dé. Et voici que le pou grossit et devient gros comme le dé. Elle le recouvre alors d’une tasse et le pou grossit de la taille d’une tasse et le pou enfle au fur et à mesure que le contenant augmente. On finit par recouvrir l’énorme pou d’une baignoire et il devient une bête gigantesque et effrayante.

Un garde courageux, le tue avec son épée et le roi le fait dépecer et fait accrocher l’étrange peau sur la porte du château. Il déclare alors que celui qui saura dire de qui est cette peau aura sa fille en mariage et la moitié de son royaume. Chaque personne aura droit à trois propositions.

Tous les hommes célibataires du royaume défilent pour tenter leur chance. D’abord, les plus fortunés puis les bourgeois et les paysans. Des beaux, des laids, des vieux, des infirmes…tout le monde veut épouser la  fortune de la princesse.

 Les propositions sont des gros animaux : bœuf, éléphant, rhinocéros, tigre du Bengale…Les mauvaises réponses se succèdent des mois durant et il n’y a bientôt plus un seul homme à la ronde qui n’ai défilé au château.

La peau commence à pourrir et le roi désespère de marier sa fille. L’on s’apprête à  décrocher le pou géant quand vint à passer un petit chaudronnier avec son attelage. Un chaudronnier en haillons, noir et sale qui répare les pots et les casseroles à travers le pays.

On le traine de force devant la porte en bois où la peau se décompose. Le petit chaudronnier propose deux grosses bêtes et la foule rit en disant « déjà dit » et voici qu’il se gratte la tête et propose un pou.

La princesse à sa fenêtre prie pour que ce petit chaudronnier pauvre et crotté ne trouve pas. Mais une promesse est une promesse et le royaume célèbre les noces de la princesse et du chaudronnier qu’on a lavé pour l’occasion.

Après le mariage, le petit chaudronnier déclare à sa femme qu’il n’a pas besoin d’un royaume et que sa vie est sur les chemins. Il lui dit que comme elle est devenue son épouse, elle doit s’apprêter à le suivre.

La princesse à beau se révolter, elle doit troquer ses habits soyeux contre des vêtements de paysanne et prendre la route avec son tout nouveau mari.

Elle devient la petite chaudronnière et de village en village, par mont et par vaux, elle aide son mari, apprend à réparer les marmites ? Ils dorment dans les granges et les prés, gagent juste quelques sous pour subsister.

Peu à peu au fil des routes cabossées, le caractère de la princesse s’adoucit, elle perd de sa superbe et commence à aimer son petit chaudronnier patient et courageux.

Après de longs mois de marche, ils traversent une grande forêt. Ils sont las et crottés et cherche un abri pour la nuit. Au loin ils aperçoivent une lumière puis dix, puis cent. C’est un immense château qui semble désert.

Ils entrent et trouvent un souper tout préparé sur une longue table garnie de candélabres. Bien qu’affamés, ils n’osent pas toucher aux mets encore fumants.

 La princesse finit par goûter une aile de poulet et boit une gorgée de vin tandis que le chaudronnier part à la recherche d’un coin pour se coucher.

Et voici qu’apparait le maitre des lieux paré de mille atours et d’une couronne de diamants. Toute rougissante d’être surprise en ces lieux la jeune femme s’apprête à s’excuser lorsqu’elle reconnait son mari, le chaudronnier, qui en réalité est un prince très riche.

Il explique à sa jeune épouse en larmes qu’elle devait devenir bonne et simple pour mériter de devenir princesse. Ce jour est arrivé !

Ils firent une semaine de fête et régnèrent

de longues années aimés de leurs sujets.

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Publié le 5 Mai 2016

Spectacles insolites sur le Nil
Spectacles insolites sur le Nil
Spectacles insolites sur le Nil
Spectacles insolites sur le Nil

Egypte, chapitre 3  
Nous sortons de notre léthargie au barrage d’Esna. Une longue file ininterrompue de bateaux de croisière glissent lentement en direction du goulot étroit.

Nous suivons attentivement la manœuvre lorsque nous sommes soudain distraits par des cris provenant du fleuve.

Qu’est ce qui se passe ?
Comme tous les passagers nous nous précipitons à la rambarde du Crocodilo pour regarder dans l'eau.
Un spectacle époustouflant nous attend. Des dizaines de petites barques arrivent dont ne sait où et se rapprochent dangereusement des gros bateaux. Il y a du courant et les frêles embarcations nous frôlent de près. 

Je ne comprends rien à cette scène surréaliste et j’ai peur que les barques ne se fassent happer par notre bateau.

Ma frayeur est de courte durée, les barques de tête s’amarrent au Crocodilo avec la complicité des employés du bord, s’accrochent les unes aux autres puis se laissent tracter. 
C’est alors que des catapultes de sacs en plastique atterrissent sur le pont. Ils sont remplis de djellabas, de foulards, de bijoux et 10 mètres plus bas dans le Nil, les gars jactent tous à la fois.

Nous comprenons que les négociations ont démarré. Celui qui veut acheter un objet met les sous dans le sac plastique à la place de son acquisition, sinon il relance le paquet par-dessus bord.  

Un joyeux moment de rires. 
 
Le soir venu, nous regagnons notre cabine le cœur joyeux, notre bonne humeur ne tarit pas.

Les garçons de cabines sont des artistes et des taquins. Chaque jour ils nous font  une surprise : le dessus de lit roulé en boudin avec un chapeau et des lunettes de soleil, un pliage en singe pendu à la porte de la salle de bain, une serviette en forme de serpent sur le lit, des trucs dans nos chaussures …

A peine la douche prise, la fin d’après-midi est consacrée à la visite des cabines des copains. Nous sommes redevenus des ados chahutants.

La croisière s’amuse !

Ding, il est l’heure d’aller se restaurer. Après le repas, des hommes en costumes traditionnels  investissent la salle à manger avec des tambourins et toutes sortes d’instruments locaux. Ils nous entraînent dans des chants rythmés.

Tout le monde tape dans ses mains et les serveurs se mettent à danser.

La soirée se termine sur les banquettes du salon devant un verre de jus de goyave blanche et un spectacle de derviche tourneur.

 L’homme vêtu d’une longue jupe multicolore, tourne, tourne, tourne sans fin, de plus en plus vite au son de la musique orientale.

Bouches ouvertes, le spectacle nous hypnotise.

Allez retour aux cabines, demain le réveil sera de nouveau matinal.

Derviche tourneur

Derviche tourneur

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Publié le 2 Mai 2016

Le con d'à côté

Pour mon plus grand malheur, il habite derrière chez moi et je le croise plusieurs fois par semaine.

Il a environ 65 ans, il porte de larges lunettes, une veste de chantier, un pantalon de gros velours, de lourds bottillons et il a une casquette de coureur vissée sur la tête.

Tu le reconnaitras facilement si tu passes par chez moi  

Je marche tranquillement et que vois-je ?

LUI

Impossible de faire demi-tour, d’ailleurs il m’a déjà repéré, je le vois qui oblique dans ma direction.

Que dis je ? Il n’oblique pas, il s’élance à ma rencontre.

S’en suit la question rituelle :

« Elle travaille pas aujourd’hui ? Je me retourne, il n’y a personne…Elle, c’est donc moi.

- Bonjour, non, non, je ne travaille pas mais je suis très trééééés  pressée"  et je poursuis  ma route froide et stoïque.

Mais plus je suis distante, plus il est collant.

D’une fois à l’autre, il fait des efforts pour diversifier l’entrée en relation.

- "Elle a été chercher son pain".

 Bravo, ça progresse, bonne observation.

Et le mec, il est partout, je le vois quand je sors du travail, quand je vais à la poste, au super marché…

Bon d’accord mon patelin est un petit village mais quand même !

Un jour une copine me dit :

- « Le mec qui habite derrière chez toi, il se balade tout le temps dans mon quartier, qu’est- ce qu’il est lourd ! »   

Je te le dis, il est partout et jamais chez lui.

Je ne sais même pas son nom, il est « le mec  de derrière chez moi ».

En réalité, il n’est pas méchant, je comprends bien qu’il essaie d’être gentil, qu’il s’ennuie peut être ?

Avec quiconque, je me prête de bonne grâce à la parlotte sur la pluie et du beau temps mais là, c’est épidermique, il m’insupporte.

Ce matin, le GRAAL pour lui. Je suis en train de poncer mon portail et le voilà qui passe et évidement qui s’arrête pour me causer.

Assise par terre auréolée de sciure de bois, les cheveux admirablement  ébouriffés (tu vois la scène) et surtout coincée entre mon portail et sa casquette, je ne peux fuir.

- « Qu’est ce qu’elle fait là  ? Elle ponce.  

Décidément, il est doué en observations.

-  Pourquoi tu démontes pas ton portail ? et le voilà qui secoue ma barrière et essaie de me la dégonder, ce con.

- Hé stop, je ne veux pas la démonter, c’est comme ça !

Ma remarque acerbe, ne le gêne pas le moins du monde, plus je suis désagréable, plus il bavarde.

- J’te tutoie, hein!

Ducon, tu me tutoie tout le temps.

- Ct’aprés midi, je vais au muguet, tu fais quoi, tu viens avec moi ?

Bin, voyons, ça se précise dans la connerie lourdasse.

Heureusement, il n’attend même pas mes réponses ….

- Tient hier, on m’a parlé de toi.

- Oui, qui donc ?

- Le couvreur, ha, ha, hi, hi… De toit, le couvreur, hooo, hooo, hooo !

Très drôle, tu fais bien de m’expliquer au cas où je n’aurais pas compris !

Et il continue, il est lancé le gars :

- C’est l’histoire d’un  dentiste qui trouve sa femme au lit avec un mâle dedans ! mâle de dent , pas mal de dents…hou, hou, hi, hi , elle est bonne celle-là ! »

Je souris malgré moi, heureusement, j’ai le soleil dans la figure, il ne le voit pas, je ne vais quand même pas l’encourager !

Bon, allez, la récréation est terminée. Et sans autres palabres

 je remets ma ponceuse en route, Vraoum , vraoum…

Le con d'à côté

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Publié le 1 Mai 2016

Isidore et la lutte sociale

Chaque 1er mai, je pense à mon arrière-grand-père qui selon la transmission familiale ne chômait qu’un jour par an, celui de la journée internationale des travailleurs.  

Isidore est né en 1865 à Montluçon aux confins du Berry et du Bourbonnais

Ses parents anciens muletiers itinérants ont profité de la révolution industrielle pour se sédentariser dans le département.

Montluçon est une ville en plein essor industriel. Le canal du Berry permet de transporter le minerai de fer.

Fer et charbon du bassin houiller local donne naissance à l’industrie métallurgique et sidérurgique tandis que le sable et le calcaire du canal servent à l’industrie verrière et chimique.

Canal du Berry

Canal du Berry

La classe ouvrière nait avec l’industrialisation de la ville, les rythmes sont imposés par les machines, c’est l’ère de la taylorisation.

Les conditions de travail sont très dures, les journées sont de douze à quatorze heures,  six jours sur sept et sans congés. Les conditions d’hygiène et de sécurité sont inexistantes, les salaires bas et il n’existe aucunes protections sociales.  

Beaucoup d’ouvriers sont journaliers avec la peur du lendemain, toute journée chômée n’est pas rémunérée.

Les femmes, les enfants, les vieillards sont tenus de travailler pour faire vivre toute la famille.

C’est Germinal !

Isidore et la lutte sociale

La population ne cesse de s’accroitre, elle est majoritairement jeune. De nombreux commerces, écoles, monuments publics s’implantent, la ville prospère repoussant les plus pauvres dans les faubourgs peu salubres. Les nouveaux quartiers sont bordés par le canal, la voie de chemin de fer et les usines. Isidore habite dans une petite maison ouvrière sans aucun confort et il n’a guère le temps de courir dans les collines plantées de vignes pourtant si proches.

Isidore et la lutte sociale

Il n’a pas 8 ans lorsqu’il est contraint d’entrer à la mine pour pousser les wagonnets remplis de charbon puis à la verrerie où il assiste l’ouvrier souffleur en ouvrant et fermant les moules brulants.

Dans cette seconde moitié du 19ème siècle, les ouvriers se révoltent, se regroupent et s’organisent en mouvements sociaux. A force de coalisions et de sang versé, ils obtiennent peu à peu le droit de grève, l’inspection du travail, des lois pour protéger les enfants …

Ils instaurent une journée annuelle de grève, le 1er mai où ils défilent, un triangle rouge à la boutonnière pour symboliser  leur revendication de la journée partagée en trois fois 8 heures (travail, sommeil, loisir).

Isidore devenu jeune homme est très impliqué, il œuvre avec ses camarades pour cette amélioration indispensable des conditions de travail et de vie plus humaines.

Un jour, à l’usine, il tombe amoureux d’Adélaïde, jeune ouvrière qui lui fait chavirer le cœur.

La mine et la verrerie
La mine et la verrerie

La mine et la verrerie

Quelques années plus tard, ils louent une charrette et leurs deux ainés sous le bras, ils s’éloignent de la ville devenue trop tentaculaire. Ils partent s’installer à la campagne où à l’aide d’un petit héritage, ils acquièrent un fonds de commerce de journaux/librairie dans une petite cité minière (c’est là que ma grand-mère est née…).

Les forces ne leur manquent pas, ils travaillent sans trêve pour faire prospérer leur affaire.

Les valeurs d’Isidore n’ont jamais changé, il continue d’œuvrer au conseil municipal de son village et gardera sa vie durant des idées sociales avancées.

Chaque année, fidèle à ses revendications, il ne travaille pas pour le 1er mai.  Il faudra néanmoins attendre l’entre-deux guerres pour obtenir la journée de 8 heures.

Le 1er mai devient alors la journée où

les travailleurs célèbrent leurs luttes sociales.

Librairie de mes arrières grands-parents

Librairie de mes arrières grands-parents

Illustrations, CPA Delcampe

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Publié le 29 Avril 2016

Le diadème de bulles

Une princesse est subjuguée par les bulles de pluie sur l’eau. Elle exige de son père un diadème de bulles.

Le pauvre roi a beau expliquer que les bulles éclatent à peine posées sur la rivière et qu’on ne peut pas les saisir, la princesse n’en démord pas, elle « veut » sinon elle se tuera.

Le monarque fait donc venir les meilleurs ouvriers du royaume et exige à son tour qu’ils fassent un miracle pour cueillir les bulles de pluie et en faire un diadème. En cas d’échec, il les ferra décapiter.

Seul, un vieil artisan accepte la commande et entraine la princesse au bord de l’eau en lui disant qu’elle est la seule à pouvoir choisir les plus belles bulles dignes d’orner le diadème princier.

La princesse flattée tente d’attraper celles aux plus beaux reflets mais les bulles crèvent dès qu’elle approche la main. Elle se démène jusqu’au soir sans en prendre une seule et puis finit par se lasser et renonce à son projet.

Elle déclare à son père que les bulles d’eau sont trop vides et sournoises et qu’en fait elle veut un diadème d’or.

Le diadème de bulles

Ce récit conte les caprices et les faiblesses. 

Cette princesse vaniteuse et capricieuse est éblouie par les bulles extraordinaires.  Ces merveilles qui brillent, qu'elle ne regarde même pas mais qu’elle veut acquérir à tout prix pour un instant de plaisir éphémère. Imbue de sa position sociale, elle doit obtenir.

Elle fait du chantage à son père qui complétement aveuglé et faible finit par croire que l’impossible le serra juste parce qu’il aura fait preuve d’autorité.

Pauvre père qui a peur de ne plus être aimé, il abuse de son pouvoir et menace à son tour pour offrir à sa fille ces bulles inattrapables.

Le vieil artisan sage persuade la princesse qu’elle seule saura reconnaitre les plus belles de ces bulles. Il lui suggére donc de les prendre elle même.

Sa journée d’efforts aurait pu la faire réfléchir sur sa vanité et sa futilité à vouloir ce qui s’évanouit à peine elle l’a voulu.  

La leçon a été vaine, elle veut maintenant de l’or.

 

Les vrais richesses ne peuvent pas s’attraper. Comme les bulles scintillantes, elles se partagent dans un regard commun et libèrent des milliers de gouttelettes d'or. 

La rivière riche des reflets du ciel s’écoule alors dans l’océan pour que vogue la caravelle vers le nouveau monde.

 

Le diadème de bulles

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Publié le 26 Avril 2016

Ça c’était avant !

Je suis née en 1964,  la préhistoire pour les jeunes blogueuses d’Hellocoton. Et oui, les filles je pourrais être votre grand-mère (faut quand même pas exagérer).

En ce temps-là, le général De Gaule est président de la république et tante Yvonne* veille au grain.

*Yvonne De Gaule, épouse du président surnommée « Tante Yvonne » par les journalistes, Catholique pratiquante, elle influe sur le conservatisme de son mari en matière de morale. Source Wikipédia

Les couches jetables n’existent pas et le petit bébé que je suis porte des pointes en coton que ma maman lave à la main.

A 18 mois, je joue à la toupie et j’empile des cubes et puis plus grande j’ai une dinette et ma poupée qui marche.

 Il n’y a qu’une seule chaine en noir et blanc, l’ORTF** et pas dans tous les foyers.  Le programme préféré de mes toutes jeunes années est Bonne nuit les petits avec Pimprenelle et Nicolas et ce marchand de sable qui m’envoie toujours me coucher.

**Office de Radiodiffusion Télévision Française

Ça c’était avant !

La cuisine est en formica et nous mangeons dans des assiettes à jolies fleurs.

Mon père à une quatre ailes et il fume dedans comme un pompier.

J’ai quatre ans lorsque mes ainés se battent sur le pavé.

Pour téléphoner, j’apprends à appeler l’opératrice des PTT* qui sert d’intermédiaire pour joindre ma mémé.

*postes et télécommunications

En 1969, je rentre à l’école avec le tablier de rigueur et j’apprends à compter avec un boulier. Les cabinets de la cour sont à la turque et à la récré nous jouons à la corde à sauter, à la marelle, aux billes ou aux osselets.

La sortie dominicale est la messe puis la visite à l’épicerie pour acheter un franc de bonbons, carambar, rondoudou ou bâton de réglisse.

Cette même année, Apollo 11 aluni en direct gardant tout le pays éveillé mais moi je fais dodo dans mon petit lit cosy.

A 11 ans, je porte des pattes d’eph, des sous pull colorés et des sabots à semelles compensées.

Ça c’était avant !

En 1977, on exécute le dernier condamné à mort, c’est Giscard qui est au pouvoir, j'ai 13 ans.

A 14 ans, je vais voir Grease au cinéma, le disco envahit ma chambre et la planète et voilà que Claude François meurt.

J’ai 16 ans en 1980 lorsque que Coluche se présente aux élections présidentielles.

En vrai, c’est François Mitterrand qui entre à l’Elysée pour mes 17 ans.

Ça c’était avant !

Juillet 1982, le mois de ma majorité. Je travaille comme monitrice et toute l’équipe regarde la demi-finale de coupe du monde de foot, France-Allemagne et nous voilà tous indignés lorsque Patrick Battiston est évacué suite à une agression du gardien de but allemand  Schumacher. La France n’a pas gagné ce jour-là, ce sera pour plus tard.  

Je suis devenue adulte, prête pour de nouvelles aventures.

Ça c’était avant !

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Publié le 23 Avril 2016

J’aime, un peu, beaucoup, passionnément le printemps

Je hume à grandes goulées l’air doux du printemps.

Les yeux fermés, je me laisse envahir des fragrances entêtantes de tous les arbres en fleurs.

Les cerisiers et pommiers blancs déplient leurs robes immaculées et la voute du ciel a revêtu son bel habit pastel : bleu, rose et blanc et rayons de soleil.

Les  pollens brulants dilatent mes narines et mes sens s’éveillent à ce jour si pur.

 Le vert a envahi mon jardin et ma tête, il me donne le sourire, régénère mon être.

Je laisse mes pieds nus s’enfoncer dans les herbes. La rosée recouvre les mille et une pâquerettes.

J’aime, un peu, beaucoup cette vie qui s’éveille.

Je danse sous les corolles qui s’envolent sous la nue et les bras grands ouverts j’encense dame nature.

Et voilà qu’il pleut sur le printemps si vert, j’accueille toute cette eau qui s’offre à notre terre.   

Et je sais maintenant au plus profond de moi, qu’après la pluie vient toujours mon  ARC- EN-CIEL

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Publié dans #Positive attitude

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