Publié le 1 Juin 2016
La voute du ciel n’est plus qu’un immense nuage noir, bas et menaçant qui déverse à torrent sa lourde pluie pénétrante.
Les eaux des fleuves, des rivières et des ruisseaux sortent une à une de leur lit trop étroit. Ils se regroupent en lacs gigantesques qui ne laissent émerger que les toits des villages à moitié engloutis.
Puis c’est la grêle ravageuse qui hache menu la verdure du printemps, qui cabosse les voitures, fracasse les vitrines. Les rues se transforment en mer de glace tandis que dans le lointain toutes sirènes hurlantes, les pompiers sortent leurs pompes impuissantes.
Zeus n’en a pas fini, il affole la nue de serpents électriques, fait gronder le tonnerre au-dessus de nos têtes et ordonne à la foudre de frapper des innocents.
Peu à peu la terre et l’asphalte disparaissent sous les eaux qui grossissent sans fin. L’océan grisâtre pénètre dans les villes et les villages, s’engouffre inexorablement dans les caves, les sous-sols, les magasins et les maisons. Les gens s’affolent, tentent de sauver quelques effets puis se réfugient à l’étage. Ils assistent désarmés à ce déluge et retiennent la pluie qui coule aussi de leurs yeux.
La ville est devenue une Venise ravagée, sillonnée de sauveteurs dans des bateaux pneumatiques. Les habitants ont revêtu leurs habits imperméables, leurs bottes en caoutchouc et les pieds dans l’eau s’organisent pour s’entraider.
Dans toutes les mémoires, il y a de ces crues incontrôlables qui sont marquées d’un trait sous les ponts.
A Paris, l’inondation qui a marqué l’histoire est celle de 1910 avec le zouave du pont de l’Alma noyé jusqu’au cou.
L’inondation avait gagné en ampleur 10 jours durant et la Seine avait atteint le niveau de 8,62 m à l’échelle du pont d’Austerlitz avant de décroitre pendant 35 jours.
A l’heure où j’écris cet article (1 juin 2016 à 19h18), la Seine est au niveau de 4,38 au même endroit.
Photos Delcampe - Le Zouave du pont de l'Alma en 1910 et le 1er juin 2016
Voici une petite histoire trouvée dans un numéro du journal Le petit parisien u 30 janvier 1910.
Tous les soirs, M Jalabert parcourt les rues de son quartier en barque pour secourir d’éventuels sinistrés.
Ce soir-là, il est rue de Bercy vers 23H00 et crie
- Ohé, ohé
Et une voix venant d’outre-tombe lui répond
- Ohé, aidez-moi
Il trouve alors un homme en mauvaise posture avec de l’eau jusqu’à la ceinture. Il l’embarque dans son canot et l'homme fut ainsi sauvé.
Photo de couverture - L'internaute.com du 1er juin 2016