Le con d'à côté
Publié le 2 Mai 2016
Pour mon plus grand malheur, il habite derrière chez moi et je le croise plusieurs fois par semaine.
Il a environ 65 ans, il porte de larges lunettes, une veste de chantier, un pantalon de gros velours, de lourds bottillons et il a une casquette de coureur vissée sur la tête.
Tu le reconnaitras facilement si tu passes par chez moi
Je marche tranquillement et que vois-je ?
LUI
Impossible de faire demi-tour, d’ailleurs il m’a déjà repéré, je le vois qui oblique dans ma direction.
Que dis je ? Il n’oblique pas, il s’élance à ma rencontre.
S’en suit la question rituelle :
« Elle travaille pas aujourd’hui ? Je me retourne, il n’y a personne…Elle, c’est donc moi.
- Bonjour, non, non, je ne travaille pas mais je suis très trééééés pressée" et je poursuis ma route froide et stoïque.
Mais plus je suis distante, plus il est collant.
D’une fois à l’autre, il fait des efforts pour diversifier l’entrée en relation.
- "Elle a été chercher son pain".
Bravo, ça progresse, bonne observation.
Et le mec, il est partout, je le vois quand je sors du travail, quand je vais à la poste, au super marché…
Bon d’accord mon patelin est un petit village mais quand même !
Un jour une copine me dit :
- « Le mec qui habite derrière chez toi, il se balade tout le temps dans mon quartier, qu’est- ce qu’il est lourd ! »
Je te le dis, il est partout et jamais chez lui.
Je ne sais même pas son nom, il est « le mec de derrière chez moi ».
En réalité, il n’est pas méchant, je comprends bien qu’il essaie d’être gentil, qu’il s’ennuie peut être ?
Avec quiconque, je me prête de bonne grâce à la parlotte sur la pluie et du beau temps mais là, c’est épidermique, il m’insupporte.
Ce matin, le GRAAL pour lui. Je suis en train de poncer mon portail et le voilà qui passe et évidement qui s’arrête pour me causer.
Assise par terre auréolée de sciure de bois, les cheveux admirablement ébouriffés (tu vois la scène) et surtout coincée entre mon portail et sa casquette, je ne peux fuir.
- « Qu’est ce qu’elle fait là ? Elle ponce.
Décidément, il est doué en observations.
- Pourquoi tu démontes pas ton portail ? et le voilà qui secoue ma barrière et essaie de me la dégonder, ce con.
- Hé stop, je ne veux pas la démonter, c’est comme ça !
Ma remarque acerbe, ne le gêne pas le moins du monde, plus je suis désagréable, plus il bavarde.
- J’te tutoie, hein!
Ducon, tu me tutoie tout le temps.
- Ct’aprés midi, je vais au muguet, tu fais quoi, tu viens avec moi ?
Bin, voyons, ça se précise dans la connerie lourdasse.
Heureusement, il n’attend même pas mes réponses ….
- Tient hier, on m’a parlé de toi.
- Oui, qui donc ?
- Le couvreur, ha, ha, hi, hi… De toit, le couvreur, hooo, hooo, hooo !
Très drôle, tu fais bien de m’expliquer au cas où je n’aurais pas compris !
Et il continue, il est lancé le gars :
- C’est l’histoire d’un dentiste qui trouve sa femme au lit avec un mâle dedans ! mâle de dent , pas mal de dents…hou, hou, hi, hi , elle est bonne celle-là ! »
Je souris malgré moi, heureusement, j’ai le soleil dans la figure, il ne le voit pas, je ne vais quand même pas l’encourager !
Bon, allez, la récréation est terminée. Et sans autres palabres
je remets ma ponceuse en route, Vraoum , vraoum…