L'heure de la baignade à la colo

Publié le 6 Septembre 2018

L'heure de la baignade à la colo

Un bruissement d’abord imperceptible s’amplifia au fil des minutes, se transformant en conversations à voix basse puis en rires et enfin en galopades dans le couloir. La sieste était terminée et les fillettes s’animaient après une heure et demie de silence forcé.

Babeth demanda aux filles d’enfiler leur maillot de bain et de préparer leur sac de plage avec une serviette et une culotte de rechange puis elle les fit aligner deux par deux sous la galerie du dortoir, vérifia que les chapeaux étaient bien sur les têtes et jeta un œil au bâtiment opposé.

De l’autre côté de la cour le même rituel s’effectuait pour le groupe des garçons, les chenapans beaucoup moins disciplinés que les filles avaient profité que leur moniteur s’absente quelques minutes pour se disperser autour du dortoir.  Lorsque Christian revint avec la grande boite en plastique contenant le goûter, il dut donner un coup de sifflet pour rassembler ses ouailles puis il prit sa grosse voix pour demander à Patrick de se tenir tranquille, à Sylvain d’enfiler sa casquette et à Alain de lacer ses baskets.

Cinq minutes plus tard, enfin prêts, les garçons traversèrent la cour en faisant les fous pour rejoindre les filles qui gloussaient de plus belle à l’approche de leurs camarades.

« Patrick est trop beau »

 « Oui mais Philippe est plus gentil »

« Moi j’aime mieux Eric »

 Babeth sourit aux commentaires de ses filles et fit un clin d’œil à Christian pour qui elle en pinçait un peu elle aussi. Elle confia la mallette à pharmacie à une grande fille dégourdie et les garçons se chargèrent du filet du périmètre et de la cantine du goûter.

Les moniteurs comptèrent et recomptèrent les enfants, ils étaient seize mômes de 10 à 11 ans, halés, dévorés de moustiques, égratignés aux genoux et trépignants de cette baignade quotidienne.

Christian prit la tête du cortège tandis que Babeth fermait la marche et la troupe s’ébranla enfin vers le fond de la colo en faisant crisser les aiguilles de pin sous les sandales. Elle franchit le portail du parc et traversa la route pour rejoindre un petit chemin qui serpentait sous la pinède. Ça sentait bon la sève chaude et il flottait dans l’air comme une douce torpeur d’été qui rendit soudain les enfants très calmes. Mais Babeth ne leur laissa pas de répit, elle réveilla l’ambiance en entonnant le chant appris le matin. TIENT BON LA BARRE ET TIENT BON LE VENT, HISSEZ  HAUT SANTI AANO, SI DIEU VEUT TOUJOURS DROIT DE E VANT, NOUS IRONS JUSQU’A SANFRANSISCO.

La colo ne passait pas inaperçue dans le quartier et les vacanciers souriaient en croisant le groupe qui s’égosillait de plus belle à l’approche de la dune. Les enfants traversèrent le petit bois Henri IV et longèrent une rangée de baraques aux effluves sucrées qui les fit saliver. Certains se déchaussèrent pour grimper la dune ; trois filles à la traine se plaignirent que la montée était trop dure, Christian les encouragea, leur fit se donner la main, attrapa le bout de la chaîne pour remorquer les fillettes. Il furent bientôt tous au sommet et comme chaque jour  ils marquèrent un arrêt, saisis par le vent marin et les effluves iodées. Que c’était beau ce ciel azur qui plongeait dans la grande bleue et cette immense plage de la Couarde piquetée de parasols multicolores.

 

Enivrés de vent salé, les enfants se dirigèrent à leur place habituelle le long de la dune et ils installèrent le camp en étalant les serviettes puis se mirent en maillot de bain et attendirent les consignes.

Raymond le directeur venait de les rejoindre, il aida Christian à installer le périmètre sous les yeux impatients des enfants. Ils auraient voulu courir mais les moniteurs veillaient au grain et c’est donc calmement qu’ils se dirigèrent au bord de l’eau pour se mouiller le corps et la nuque et entrer progressivement dans l’eau. Une fois bien mouillés, ils purent enfin s’ébattre, sauter par-dessus les vagues et profitez de ce bain de mer qu’ils aimaient tant. Didier le surveillant de baignade, un sifflet à la bouche gardait l’œil partout et Babeth et Christian étaient dans l’eau avec les enfants tandis que Raymond gardait le fond du périmètre. La baignade ne durait pas plus de 25mn pour laisser la place aux autres groupes qui se succédaient toute l ’après-midi.

Trois coups de sifflets retentirent soudain.

« Déjà se plaignit Sophie, c’était trop court. »

« Allez allez, tout le monde sort » entonna Babeth

Les enfants se jetèrent une dernière fois dans l’écume puis regagnèrent en courant leur coin de serviettes. Les uns se séchèrent un peu, tandis que d’autres ruisselants d’eau se jetèrent dans le sable  chaud et que quelques coquettes s’allongèrent pour un bain de soleil.

Un peu plus tard, les jeux de plage allaient bon train :  creusement de trous à remplir d’eau de mer, jeu d’osselets avec des cailloux, recouvrement de sable du copain, papotages. Lorsque la mer s’éloignait découvrant une bande de sable humide, les moniteurs organisaient un ballon prisonnier, un concours de châteaux de sable ou un relai.

A l’heure du quatre heures, les moniteurs les faisaient s’asseoir en cercle et l’on ouvrait la grande caisse. Chacun recevait un morceau de pain et une pâte de fruit, une barre de chocolat ou une vache qui rit et l’on se passait les verres pour boire le sirop de grenadine ou de menthe.   

Vers 17H00, il fut temps de se changer. Les enfants se contorsionnèrent sous leur serviette pour enfiler un slip sec, les filles plus organisées se tenaient les sorties de bain. Les enfants pleins de sable ou rouges écrevisses reprirent le chemin du retour en passant par le petit bois.  

Puis c’était l’heure de la douche dans un bâtiment sous les pins, d’abord les garçons puis le groupe des filles. Une fois propres et secs, les moniteurs menaient les enfants à la lingerie où chacun récupérait sa pile de linge marqué à son nom.

L’heure du diner approchait, la colo se rejoignait au centre de la cour de sable pour une chandelle géante puis chaque groupe à tour de rôle passait se laver les mains et entrait joyeux au réfectoire, affamés de leur journée bien remplie.

Bon appétit les enfants.

Merci à Jean-Marc pour cette photo aérienne de la colonie de Bellerive à la Couarde (PEP)

Merci à Jean-Marc pour cette photo aérienne de la colonie de Bellerive à la Couarde (PEP)

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Publié dans #Quand j'étais petite

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