Résultat pour “sur la place de l'église”

Publié le 13 Mars 2016

Expérimenter, c’est bien jouer

Avec mon petit  frère, nous sommes toujours en train d’inventer des trucs extraordinaires pour nous amuser.

Pas besoin de boites de jeux sophistiquées, avec trois fois rien nous sommes enchantés.

Chercheur d’or, heu non de fer

Assis en tailleur dans la courette de la maison, munis des tamis de nos seaux de plage, d’aimants et d’un petit pot en verre, nous extrayons patiemment la limaille de fer d’un tas de sable.

Petit à petit, le bocal se remplit de manne précieuse, fruit de longues heures de labeur.

Bientôt nous serons riches

Expérimenter, c’est bien jouer

Y’a de l’électricité dans l’air

C’est le grand-père qui nous montre ce tour de magie. Il faut frotter énergiquement une règle en plastique contre un chiffon de laine. Elle attire alors de petits bouts de papiers découpés.

Je comprends que c’est le même phénomène qui rend mes cheveux fous lorsque je retire mon pullover.

Heureusement c'est pas du 220 volts

Expérimenter, c’est bien jouer

Elle se met dans tous ses états

Pas besoin d’être bien grand pour prendre son premier cours de chimie. L’eau coule du robinet et est déposée dans le freezer du réfrigérateur.  Nous constatons le lendemain qu’elle s’est solidifiée dans le bac à glaçons et qu’elle redevient liquide à l’air ambiant ou dans le verre d’apéro de papa (qu’est-ce que je raconte-moi !)

Et lorsque notre mère fait bouillir de l’eau pour cuire nos coquillettes, de la vapeur s’échappe de la casserole et la vitre de la cuisine se couvre de buée.

Très drôle alors d’écrire nos prénoms avec nos doigts sur le carreau opaque.

Expérimenter, c’est bien jouer

Non mais Allo !

Il faut sauver  deux boites de conserves de la poubelle puis  demander à pépé de faire des petits trous au fond de chacune d’elle.  On tend ensuite une grande longueur de ficelle d’emballage entre les deux boites, on  la passe  dans les trous et on attache avec des nœuds solides.

Mon petit frère met  ensuite son oreille à l’extrémité d’une des boites et moi je parle dans  l’autre en me positionnant quelques mètres plus loin.  Allô t’es ou ?

 Super pratique pour communiquer !

Expérimenter, c’est bien jouer

Silence ça pousse

Nous avons dévalisé tout le paquet de coton hydrophile et renversé  la boite de haricots secs.

Entre deux couches de coton mouillé, il faut placer les haricots et les entreposer sur le rebord de la baignoire. Quelques jours plus tard, la salle de bain est envahie de haricots magiques.

Trop cool !

 

 

Expérimenter, c’est bien jouer

Mer d’huile

Vite fait bien fait, remplir un verre d’eau et y verser une cuillerée d’huile. Touiller avec une fourchette. L’huile se disperse en gouttelettes puis remonte à la surface et forme une couche au-dessus de l’eau.  

C’est juste rigolo !

Expérimenter, c’est bien jouer

Le vin et le parfum

Nous avons aussi fabriqué du vin et du parfum (en fraude). Écrabouillage de raisins ou de feuilles de roses, filtration, ajout d’alcool à 90°C (chouravé dans l’armoire à pharmacie de mémé). Chut !

Bon, je dois avouer que ça n’a pas bien marché. 

Expérimenter, c’est bien jouer
Expérimenter, c’est bien jouer

Lumière blanche

Un gros travail de recherches mené par notre père. Il nous explique la décomposition de la lumière et comme on n’y comprend rien, il nous propose l’expérience suivante.

Nous découpons un grand cercle dans un carton épais qu’il faut séparer en 7 portions. Chaque case est coloriée d’une couleur de l’arc en ciel. 

Le disque est alors accroché en son centre à un clou fixé au mur puis l’on fait tourner la roue.

Et effectivement tout devient  blanc !

C’est cette fameuse lumière blanche composée de toutes les couleurs  de l’arc en ciel. 

Si c’est pas de la grande science ça !

Expérimenter, c’est bien jouer

De l’encre plein les doigts

Ou l’art de détourner une cartouche d’encre.

Il faut une feuille de papier sur laquelle on dépose des gouttes d’encre.  On plie ensuite le papier et l’on presse fort pour étaler.

Lorsqu’on ouvre la feuille, des animaux étranges apparaissent sous nos yeux ébahis. 

On savait pas à l’époque que c’est aussi un test psy.

Expérimenter, c’est bien jouer

Fil et bouton 

Il faut chiper une bobine de fil et un gros bouton dans la boite à couture de mémé.  En couper un bon morceau, le doubler, enfiler le bouton, faire un nœud, y passer les index et enrouler le système  sur lui-même.

Lorsque le fil est bien entortillé, il faut faire un mouvement de va et vient avec les doigts. Le fil devient alors élastique.  

C’est très amusant (sauf lorsque le fil casse !)

Expérimenter, c’est bien jouer

A vous d'expérimenter

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Quand j'étais petite

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Publié le 12 Décembre 2016

Le miracle de Noël à la résidence Forward (Conte de Noël)

Cinq ans que Chelsea allait où la poussait ses missions d’intérim, incapable de rester plus de quelques semaines à la même place.

En ce mois de décembre, elle revenait travailler à la résidence Forward et comme chaque année elle se dit qu’ici, il y avait quelque chose de différent.

C’était peut-être cet esprit de Noël qui flottait dans l’air, c’était peut-être la proximité
de son village d’enfance, c’était peut-être la joie de revoir Mme Smith ? 

Onze mois durant, elle pensait souvent à Mme Smith avec la peur d’apprendre qu’elle était décédée.

Chelsea s’était instantanément attachée à cette résidente lorsque leurs regards s’étaient croisés pour la première fois.

Elle se revit sortant du secrétariat alors que la vieille dame en franchissait le seuil accroché au bras de sa fille Elle la revit toute menue dans son manteau trop grand, une petite valise à ses pieds, immobile, indifférente à l’agitation. Elle se revit dans sa blouse blanche toute neuve, son livret d’accueil dans les mains.

Chelsea sourit et la dame la regarda avec un regard de détresse qu’elle n’oublierait jamais.

Elles se retrouvèrent peu après dans une petite chambre vide. Mme Smith pleurait doucement, prostrée dans un fauteuil, elle n’avait pas voulu quitter son manteau. D’une voix suraiguë, elle appelait « Jenna » à intervalles réguliers. Sa valise était échouée sur le lit et sa fille était repartie. 

Chelsea s’agenouilla aux pieds de la nonagénaire et lui parla à voix basse. Mme Smith releva la tête et leurs yeux s’accrochèrent pour la deuxième fois.

N’ayez pas peur, je suis là lui dit-elle, vous êtes à la résidence pour personnes âgées, je vais vous aider à retirer votre manteau, vous devez avoir chaud ?

Apaisée par la voix calme, Mme Smith accepta de se dévêtir et d’ouvrir sa valise. Sur les vêtements pliés, Chelsea vit un cadre soigneusement enveloppé dans du papier de soie. Sur l’image en noir et blanc il y avait une famille des années cinquante, le père, la mère et deux fillettes. Tous les quatre portaient des chemisettes blanches et des canotiers. Ils étaient appuyés sur un muret en bord de mer. Au bas de la photo, il y avait une inscription Biarritz, France, 1949.

 Chelsea tendit le cadre à Mme Smith et elle la vit esquisser un sourire. Un doigt frêle souligna lentement chacun des personnages tandis qu’une petite voix énonçait : là c’est moi et mon mari et celle-là, c’est Jenna et là, voici Abby.

Mme Smith s’habitua assez rapidement malgré sa maladie d’Alzheimer qui progressait à grands pas. Bientôt elle ne put plus parler et un jour elle ne reconnut plus ses filles. Le couloir devint son nouveau domaine qu’elle arpentait du matin jusqu’au soir en serrant tout contre elle un sac à main en vieux cuir.

D’une année sur l’autre Chelsea retrouvait sa préférée, elle avait repris du poids et semblait sereine à Forward. Sa chambre était maintenant remplie de bibelots, de souvenirs, de photos.  

Mais ce 1er décembre 2016, Chelsea ne la vit pas dans son couloir bleu. Son cœur s’emballât, où était Mme Smith ? Elle suivait les avis d’obsèques, elle l’aurait su quand même si elle était morte !

Chelsea se renseigna et on lui de dit que Mme Smith était tombée tête première dans l’escalier et que si elle ne s’était rien cassée, elle n’avait plus jamais plus remarché depuis deux mois. Chelsea descendit au grand salon et elle eut du mal à se frayer un chemin entre les décorations qui encombraient le sol. Avidement, elle la cherchât des yeux et la vit soudain recroquevillée dans un coin. Elle vit son visage triste, ses yeux plissés, sa bouche contractée et ses rides qui se perdaient dans ses cheveux d’argent. Elle vit sa robe redevenue trop lâche qui recouvrait son corps amaigri. Comme une naufragée accrochée à un radeau, elle était agrippée à un ours en peluche. On aurait dit que toute sa vie avait migré aux bouts de ses doigts et que c’est pour ça qu’elle ne lâchait plus cet ourson qui la rattachait à la terre.

Le lendemain matin, Chelsea voulut aider pour la toilette et on lui répondit qu’on n’avait pas besoin d’elle. Elle referma la porte et elle ne sait pas pourquoi, elle resta là. C’est alors qu’elle l’entendit geindre de l’autre côté de la cloison. Chelsea comprit qu’on avait découvert Mme Smith et que le froid l’incommodait. Chelsea entrebâilla la porte au moment où le pauvre corps gourd de la résidente roula sur le côté et que la préposée aux soins lui posa les mains sur le métal glacé de la barre de sécurité. Mme Smith hoquetait presque imperceptiblement et son corps était si raide qu’on aurait dit une planche noueuse. Lorsqu’on la mit assise et qu’on voulut la lever, elle battit des bras pour chasser les mains qui la contenaient avec peine.  On lui fit plier les genoux dans un fauteuil que l’on roula ensuite en dehors de la chambre.

Les deux préposées virent alors Chelsea et lui demandèrent ce qu’elle faisait là.

Je l’ai entendu pleurer répondit simplement la jeune femme et elle demanda ensuite pourquoi les méthodes de soins bien traitantes n’étaient plus utilisées.

 Ses collègues haussèrent les épaules en rétorquant qu’on avait plus le temps.

Les jours suivants, Chelsea se débrouilla pour être affectée au couloir bleu et mit en œuvre toutes ses compétences pour parvenir à capter à nouveau les yeux gris de Mme Smith.

 Elle s’assit à ses côtés, prit le temps de lui parler, de la toucher avec précaution, de ne pas la découvrir complètement. Elle lui détailla tous les gestes qu’elle effectuait et ne cessa de lui dire des mots tendres pour qu’elle n’ait pas peur. Elle recouvrit la barre froide d’une couverture pour ce transfert si délicat nécessaire pour nettoyer le dos et les fesses. Puis elle la prit dans ses bras et la remercia de l’avoir si bien aidé dans ses soins matinaux.  

Peu après, assises toutes les deux au bord du lit, elles dialoguaient des regards quand soudain un bredouillage joyeux raisonna dans l’alcôve. Des mots mystérieux ne cessaient de sortir de la bouche fripée, elle semblait conter une histoire infinie. Chelsea répondait gaiement aux intonations de la vieille dame, ces deux-là conversaient et semblaient si heureuses de s’être retrouvées.

Quand elle la sentit prête, Chelsea la mit debout à l’aide d’une seconde soignante. Soutenue sous les bras, Mme Smith mit un pied devant l’autre et se mit à marcher à petits pas timides puis peu à peu assurés.

Arrivée à bon port, elle parlait encore, un sourire nouveau accroché à ses lèvres. Chelsea fut si émue qu’elle laissa couler une larme de joie dans le giron de son ainée. Cette dernière posa alors ses lèvres sur la joue duveteuse de la jeune soignante et y déposa un délicat baiser.

 

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Publié le 10 Août 2016

Sur les pas de Bernadette - 4 : De Lourdes à Nevers
Sur les pas de Bernadette - 4 : De Lourdes à NeversSur les pas de Bernadette - 4 : De Lourdes à Nevers

Après les apparitions, Bernadette reste huit années en tant que pensionnaire à l’hospice des sœurs de la charité de Lourdes. Elle y est accueillie en tant que malade indigente.

La petite fille devient une jeune femme au caractère bien affirmé. Elle est gaie, remplie d’humour et de répartie, un peu têtue, espiègle, coquette et bonne camarade.

Ses journées se déroulent paisiblement entre instruction, petits travaux, visites à sa famille et soins à sa santé toujours précaire.

Bernadette serait parfaitement heureuse sans les interrogatoires sur les apparitions, les séances et dédicaces photos qu’on lui impose.  

En janvier 1862, l’enquête est enfin terminée et les apparitions de la vierge à Bernadette Soubirous sont officiellement reconnues authentiques. 

En avril 1864, une statue de marbre est inaugurée et placée dans la niche de la grotte. Bernadette a du mal à cacher sa déception.

Aucune réalisation ne saurait rendre ce qu’elle a vécu.

En 1866 démarre au-dessus de la grotte, la construction de basilique de l’Immaculée Conception.

En juillet 1866 Bernadette rejoint le couvent des sœurs de la Charité de Nevers en tant que religieuse.    

Elle a 22 ans, elle ne reverra plus Lourdes, ni ses parents, ni la grotte.

Sur les pas de Bernadette - 4 : De Lourdes à Nevers
Sur les pas de Bernadette - 4 : De Lourdes à NeversSur les pas de Bernadette - 4 : De Lourdes à NeversSur les pas de Bernadette - 4 : De Lourdes à Nevers

Le 07 juillet 1866,  Bernadette arrive à Nevers, épuisée mais ravie de ses trois jours de voyage en chemin de fer via Bordeaux et Périgueux

Elle lit la devise du fronton « Deus Charitas est »* et elle soupire de soulagement.

Elle n’a pour tout bagage qu’un petit sac bayadère et un parapluie.

Elle entre au couvent confiante et dépouillée.  

La maison est toute neuve et accueille plus de trois cent religieuses dont cent-trente jeunes novices.

Tout le monde se réunit dans la salle d’enseignement des novices et Bernadette toujours revêtue de son capulet de Lourdes raconte une fois pour toutes, les apparitions.

Elle enfile ensuite la robe noire et la cornette qui la rendent enfin anonyme. 

Elle prend le nom de sœur Marie-Bernard.  

*Dieu est amour

Sur les pas de Bernadette - 4 : De Lourdes à NeversSur les pas de Bernadette - 4 : De Lourdes à NeversSur les pas de Bernadette - 4 : De Lourdes à Nevers
Sur les pas de Bernadette - 4 : De Lourdes à Nevers

Mais même à Nevers, on lui impose des visites pour relater sans fin son histoire extraordinaire.   

La vie s’écoule malgré tout, simple, ordinaire et joyeuse.

Elle travaille à l’infirmerie puis comme sacristine lorsque la maladie ne lui permet plus de soigner les malades.

Broderie, travail à l'infirmerie, prière à ND des eaux, soins aux blessés...Son quotidien au service des autres. Broderie, travail à l'infirmerie, prière à ND des eaux, soins aux blessés...Son quotidien au service des autres. Broderie, travail à l'infirmerie, prière à ND des eaux, soins aux blessés...Son quotidien au service des autres.
Broderie, travail à l'infirmerie, prière à ND des eaux, soins aux blessés...Son quotidien au service des autres. Broderie, travail à l'infirmerie, prière à ND des eaux, soins aux blessés...Son quotidien au service des autres.

Broderie, travail à l'infirmerie, prière à ND des eaux, soins aux blessés...Son quotidien au service des autres.

D’année en année, Bernadette s’affaiblit, son asthme ne la lâche plus puis elle est atteinte d'une tumeur au genou et d'une tuberculose pulmonaire.

Fin 1878, elle s’alite à l’infirmerie Sainte Croix, dans un lit tendu de voilages qu’elle appelle sa chapelle blanche.

Elle endure désormais des douleurs permanentes, la dépendance, les insomnies.

Que de temps interminable à souffrir impuissante !

Elle souffre également psychologiquement, de son inutilité, d’être à charge.

A resté alitée, son corps s’abime, se couvre d’escarres, son genou ne peut plus reposer dans le lit, il est énorme, rempli de pus.

Quelle vie d’épreuves que celle de Bernadette, pauvre, malade, stigmatisée, humiliée, importunée, inutile, impuissante.

Qu’il est long de mourir.

Sa fin de vie est extrêmement pénible, ses chairs sont à vifs, le moindre mouvement la fait gémir. En ce temps-là point de morphiniques, de matelas anti escarre, de sédation…

Bernadette ne peut que regarder venir cette mort lente, dégradante et torturante.

Sur les pas de Bernadette - 4 : De Lourdes à Nevers

Le  lundi de Pâques 1879. Elle réclame une fois de plus de quoi la soulager, on ne trouve rien. Elle se plaint doucement, en murmurant qu’elle n’aurait jamais cru qu’il faille tant souffrir pour mourir.

Son enfance lui revient, elle dit qu’elle est moulue comme un grain de blé.

La nuit suivante est bouleversée par une succession de gémissements, de sommeils comateux, de respirations profondes.

Le lendemain en fin de matinée, elle demande à être levée espérant soulager son pauvre corps écorché.

On l’installe dans un fauteuil les jambes relevées sur un tabouret molletonné.  

Elle cherche une position confortable en agrippant les accoudoirs pour se redresser. Ses grands yeux hagards fixent le vide comme si elle était déjà ailleurs.

Elle s’apaise puis pousse encore un petit cri, frémit, saisit et contemple son crucifix et s’abandonne enfin en rendant son dernier souffle. C’était le 16 avril 1879.

Elle avait 35 ans et on l’inhumât  dans la chapelle Saint Joseph dans le jardin.

Sur les pas de Bernadette - 4 : De Lourdes à Nevers
Sur les pas de Bernadette - 4 : De Lourdes à NeversSur les pas de Bernadette - 4 : De Lourdes à Nevers

Le procès en béatification nécessitât qu’on exhume la dépouille de Bernadette à trois reprises.

Son corps est retrouvé dans un état de conservation jugé miraculeux par les gens pieux. On peut aussi émettre l’hypothèse d’une sorte d’embaumement dû aux produits utilisés avant la mise au tombeau.

Bernadette est canonisée le 8 décembre 1933, jour de l’immaculée conception.

La sainte repose désormais dans une chasse de verre et de bronze dans la chapelle St Gildard de Nevers.

A Lourdes et à Nevers, les pèlerins viennent se recueillir et prier Sainte Bernadette qui a dit :

Je n’oublierai personne
 

Fin

Il n'est pas trop tard pour lire:

Episode 1 : Son enfance

http://tdbc.over-blog.com/2016/08/sur-les-pas-de-bernadette-1-son-enfance.html

Episode 2 : Massabielle

http://tdbc.over-blog.com/2016/08/sur-les-pas-de-bernadette-2-massabielle.html

Episode 3 : L'affaire Soubirous

http://tdbc.over-blog.com/2016/08/sur-les-pas-de-bernadette-3-l-affaire-soubirous.html

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Publié le 13 Février 2016

Le grand bahut

Je débarque à l’internat du lycée technique en septembre, au début des années 80. Je fais un peu ma fière en ce  jour de pré-rentrée mais c’est surtout pour camoufler mon angoisse qui grandit à chaque pas de l’interminable allée.

L’immense bahut de 2Km de pourtour est délimité par 4 rues du quartier.  Sur trois lignes parallèles se dressent 6 bâtiments pour l’enseignement,  5  pour l’internat et des hectares d’ateliers métalliques. A la périphérie du site le stade et  le gymnaste.

Une véritable ville qui accueille 2500 élèves dont 600 internes.

Ma mère est elle aussi un peu perdue et se donne une contenance en suivant consciencieusement   les pancartes « ACCUEIL DES INTERNES ».

 Au bout de la côte, dans un grand bureau, nous faisons connaissance avec le CPE et ses sbires. La pièce est bruyante, surchauffée et encombrée de bardas.  Nous prenons patiemment la queue en prêtant l’oreille aux infos qui nous parviennent du devant de la scène.  

Une fille se retourne et me passe le message suivant:  le CPE s’appelle  GLLOQ*.  J’enregistre bêtement ce renseignement sans me rendre compte de la plaisanterie.

 *J’ai deux ailes au cul (GLLOQ).  

Les assistants de M Glloq, nous remettent donc : la carte de sortie (très importante), un plan des lieux (indispensable) et moult papiers et règlements.  Mon dortoir est dans le bat 3,  4ème étage, lit 406.

Mais la particularité de l’année est qu’il n’y a plus des places dans les deux bâtiments réservées filles. On nous a donc casé, nous les petites secondes, au dernier étage d’un bâtiment de terminales garçons. Chercher l’erreur !

Il n’y a normalement aucune communication possible entre l’internat des filles et celui des garçons, les bâtiments étant séparés par toutes une rangée de réfectoires. Mais là avec cette nouvelle donnée, c’est une autre histoire.

Le grand bahut

C’est le lendemain soir après la rentrée des premières et terminales que nous prenons la portée de cette cohabitation peu ordinaire.  En fermant nos rideaux, un spectacle inattendu s’affiche aux fenêtres d’en face : un alignement de postérieurs dénudés.

Tout le dortoir se met à glousser et  notre pionne surnommée  Trois pommes  se montre très choquée  et nous intime l’ordre  d’aller nous coucher. 

Bin dis donc ça va me changer du petit pensionnat des bonnes sœurs où j’étais l’an passé !  

En ce qui concerne notre dortoir, tout un système d’horaires a été institué pour que nous évitions de  croiser les garçons dans les escaliers.  En fait, cette organisation n’a jamais vraiment fonctionnée et les pauvres surveillants ont eu  bien du mal tout au long de l’année à contrôler les hormones en ébullition de notre mixité. 

Les garçons s’amusent beaucoup de nous savoir logées au-dessus de leurs chambrées. Ils nous en font voir de toutes les couleurs, en coupant l’alimentation générale d’eau lorsque nous sommes sous la douche, en nous en en fermant à clé, en nouant nos lacets de baskets, en planquant nos affaires…

Une année de joyeux fouillis !

Le grand bahut

6H45, une sonnerie stridente me sort brusquement de mes rêves.  

Trois pommes s’agite et nous dit de nous dépêcher. Vite se lever, s’habiller, faire son lit, se rendre au réfectoire, prendre son petit déjeuner, récupérer ses affaires dans son casier et à la sonnerie de l’externat de 7H5O regagner notre salle de cours.

Plan en mains, nous sommes complétement perdus dans ce labyrinthe scolaire où toutes les cours, tous les bâtiments, tous les couloirs se ressemblent…

 

10H20 : Sonnerie de la récré, ça déboule dans les escaliers. Les groupes se forment dans les cours sombres, genre cloitres bétonnés. Partout, des petits cercles d’adolescents agglutinés fument comme des pompiers en échangent sur les emplois du temps et les profs de l’année. 

Notre petite bande d’internes est déjà soudée. Nous ne nous quitterons plus pendant trois années.

 

A l’heure du déjeuner, il faut à nouveau traverser le lycée, on peut dire qu’un une journée on en fait de la marche à pieds.

Trois services s’échelonnent de 11H30 à 13H00.  Les élèves doivent ranger leurs sacs dans des casiers à l’entrée des salles à mangers. Je comprendrais un peu trop tard,  qu’en fait je n’aurais jamais dû me séparer du mien. Je me suis fait voler ma toute nouvelle calculette scientifique et ma trousse que j’avais décorée de scoubidous torsadés.

Je vous passe l’engueulade du samedi lorsque je suis rentrée à la maison. 

Le bahut, c’est aussi  l’école de la vie…

Le grand bahut

Après déjeuner, suivant les saisons, on s’affale sur les pelouses, on va boire un pot à notre bistrot attitré ou l’on dispute des matchs inter classes arborant nos sweet-shirts au logo de notre section. 

A  la moindre heure de permanence, nous sortons du lycée et c’est un vent de liberté juste pour se rendre au Mammouth, au tabac ou au café. Il en faut peu  pour réjouir nos jeunes années.

Le mercredi c’est la transhumance vers le centre-ville. A pieds, en bus, les internes recherchent de l’animation en se rendant au ciné, dans le parc ou les magasins.  

On traine dans les boutiques pour acheter un gloss, un papier à lettres romantique ou une bouteille de psitt.

C’est également le jour des coups de fil, aux parents, aux petits copains. On s’enferme dans la cabine téléphonique vitrée qu’on alimente de pièces de 2 ou 5 francs suivant la distance. 

Et puis, il faut rentrer, on s’embrasse une dernière fois sur les bancs publics, on chahute dans le bus et l’on regagne nos quartiers.

Le grand bahut

Avant diner, les plus studieux vont à l’étude facultative  mais nous avec la bande, nous investissons le couloir du foyer.  Assis le long du mur, nous jouons au jeu de vérité et échangeons sans fin sur le monde et nos projets.

L’étude du soir est obligatoire.  Chez les sœurs, on entendait une mouche volée et sœur Christine faisait les gros yeux si une règle avait le malheur de tomber. Ici c’est le bordel complet. Un brouhaha perpétuel que les pions ne savent pas maitriser.

21H30, il est temps de monter au dortoir, Trois pommes saisit son gros trousseau de clés, distribue quelques remarques aux plus agitées et quatre à quatre nous gravissons les marches jusqu’à notre 4ème étage.

Il nous reste trois quart d’heure pour nous doucher et flâner un peu avant l’extinction des feux.

Le grand bahut

Nos cours se terminent le samedi en fin de matinée. A peine la sonnerie amorcée, les internes se précipitent vers la sortie avec leurs gros sacs à porter.

 Juste le temps d’attraper la navette qui nous dépose à la gare et de retrouver toute une partie du Lycée dans un train qui nous conduit dans nos foyers.

C’était le bon temps du lycée !

Le grand bahut

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Rédigé par Véronique

Publié dans #Tranches de vie, #Autrefois

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Publié le 18 Novembre 2016

Allo Béa, j’y vois plus très clair

Allo Béa, ça va?

Moi, hier, j’étais chez l’ophtalmo au centre hospitalier, c’est flambant neuf dis donc! A l’accueil il y a un distributeur de tickets pour attendre ton tour aux guichets comme au rayon fromages de l’hyper.

J’étais à peine arrivée que mon numéro s’est affiché sur le compteur numérique mais je ne savais même pas où me diriger.

En fait c’était inscrit : N°56, guichet 4 . J’étais pas plus avancée, je voyais pas lequel c’était le 4.

Mes yeux balayaient de gauche à droite, de haut en bas tous les postes d’accueil et je ne voyais pas. Surtout qu’il y avait deux nénettes qui bavardaient et qui n’avaient pas vraiment l’air d’être en service.

Madame c’est inscrit au-dessus me souffla une voix.

Ah, oui, un énorme 4 se détachait en noir sur le bandeau du comptoir, il était tellement gros que je ne l’avais pas vu.

Oui, tu l’as dit, il était temps que je le fasse mon contrôle ophtalmo.

Me voilà donc à mon guichet assise sur une fesse.

- Carte vitale, carte de mutuelle, carte d’identité, adresse, téléphone… me demanda la voix automatique de la secrétaire médicale.

Et là j’ai pensé en farfouillant dans mon sac: J’ai un alibi madame, j’vous jure, j’ai rien fait.

Et tandis qu’elle enregistrait mes documents, voilà que la fille me dit joyeuse et affirmative : On se connait.

Et là, je l’ai regardé ahurie alors qu’elle enchainait: Mais si, rappelle-toi, je suis Machine Duchmole, on a travaillé ensemble, il y a dix ans. C’était du temps de Jacqueline Bidule et Mauricette Truc chose.

- Ah oui Machine, lui répondis-je en feuilletant en accéléré ma mémoire décennale. Bin dis donc, je t’aurais pas reconnu ! Tu m’as reconnu toi?

Et dans ma tête, je me récitais avec l’accent, la réplique culte de Rabbi Jacob

 Ti me riconnais, non et bien moi non plus

- Ne ris pas Béa, c’était exactement ça.

Et la fille a poursuivi: Oui, je t’ai reconnu tout de suite, t’as pas changé.

Tu parles, elle tenait ma carte d’identité dans sa main la flatteuse Et bla, bla, bla qu’est-ce que tu deviens et tu te rappelles et bla, bla, bla….  

Bon, allez va t’installer dans le salon rose, on va t’appeler.

Pour être roses, elles sont roses les banquettes de la salle d’attente n° 1 et elles étaient archi bondées au point que deux personnes ont dû s’écarter pour me faire une petite place.

Il faisait chaud, tu peux pas savoir. J’ai quitté mon manteau que j’ai dû garder sur mes genoux avec mon sac, j’ai serré les fesses, j’ai rentré mes jambes et recroquevillée sur mon siège, en apnée, j’ai commencé à patienter dans mes vingt centimètres carrés qui ne respectaient pas du tout , du tout ma zone d’intimité.

Tu y es déjà allée Béa depuis les rénovations? Non et bien la salle d’attente est ouverte sur un long couloir bordé de portes bleues. Les praticiens sortent à intervalles réguliers et appellent les patients: Mme Jacquet, M Vignon, la petite Chloé Dubourg, Famille Girard et les gens se lèvent, rentrent et sortent et se rassoient puis sont de nouveau appelés dans un balai incessant.

Je ne comprends rien, de rien à leur système en ophtalmo.

A un moment, un médecin pas commode a appelé : M Belleville, M Belleville, M BELLEVILLE.

L’homme n’était  pas là. L’ophtalmo est sorti dans le couloir, s’est rendu dans la salle d’attente jaune, s’agaçant en appelant encore plus fort encore

M BELLEVILLE

puis il a fini par hausser les épaules en consultant sa liste.  

Peu après à l’autre bout du couloir,j’ai été appelée par un orthoptiste,

Oui Béa, un orthoptiste, un jeune mec au jean slim, en baskets avec une blouse ultra courte qui semblait sortir de la cours du lycée.

- Bonjour madame, je vais vous faire un examen de vue et ensuite vous verrez le docteur.

Et oui, ce sont les orthoptistes qui font les examens de vue maintenant.

Menton, front dans la machine. A vos marques prêt, lisez!

Œil gauche : Impec

 

Œil droit: Les petites lignes étaient flous, je ne voyais rien

Il a mis un verre correcteur et m’a demandé si c’était mieux ou moins bien.

Et moi, je n’ai vu aucun changement comme à chaque examen de vue que je fais depuis que je suis petite.

Et dix fois de suite il a bidouillé ses verres en s’acharnant : mieux ou moins bien, mieux ou moins bien….

Et moi, dix fois:je lui ai répondu : idem.

Il s’est acharné en me demandant de fixer le L et de me concentrer. c’est mieux ou moins bien a-t-il éructé pour la xième fois.

Je me disais, il faut surement que ça soit mieux alors je lui dis : Heu peut être mieux, encore que remettez celle avant, heu non en fait non celle-là est mieux, heu non en fait ça change rien. Je vous assure, c’est PAREIL

Et le mec ne comprenait toujours pas que je ne vois pas mieux avec un correction et  il a décidé de m’envoyer à l’imagerie pour être plus sur, a t’il ajouté.

- Ah bon, ai-je dit étonnée, vous savez ce problème-là, je l’ai depuis l’enfance, il y a rien de nouveau.

Et là, une lumière s’est allumée dans sa tête d’orthoptiste. Le jeune blanc bec à slim qui lui comprimait les coucougnettes sous sa blouse ultra courte m’a demandé si j’avais déjà eu un strabisme.

Je lui ai répondu que oui lorsque j’étais petite et il m’a demandé s’il était convergent ou divergent (le strabisme, lol). Et devant mon ignorance, il a décidé de faire un examen d’orthoptie complet.

Il a saisi un petit crayon terminé par un cube dont les faces étaient recouvertes de dessins enfantins et il m’a demandé de bien fixer le petit chaton.

Et il élevait la voix : NON NON sans bouger les paupières, ouvrez grand les yeux, regardez, Ne BOUGER PAS LA TÊTE , fermez, regarder, fixez,….

Tu parles qu’au bout de 5mn, n’importe qui verrait double à ce petit jeu-là.

- Effectivement, vous avez une petite séquelle de strabisme conclut-il content de lui.

A l’ouest rien de nouveau pensais- je mais bon, cet examen apparemment me dispensait de radio.

Je suis retournée m’asseoir dans l’espace rose fuchsia en attente de l’ophtalmo quand soudain blanc bec me rattrape, se ravise et m’envoie finalement en salon bleu pour l’imagerie.

Et là je me suis mise à baliser. Merde, ai-je pensé, de quoi a-t-il peur Slim-man. J’ai la DMLA, je vais devenir aveugle? Et je me suis jouée la scène de Marie dans la petite maison dans la prairie où elle hurlait: PAPA JE VOIS PLUS RIEN C’EST TOUT NOIR, NE ME LAISSE PAS.

Bref après le rose, me voilà dans la salle d’attente bleue où je me raisonnais en me disant que cet orthoptiste frais émoulu de l’école faisait un peu de zèle quand même.

A mes côtés, une jeune femme au téléphone se souciait peu de ses voisins.

 - Là, j’suis avec mémé qui passe des examens, bon ce soir on a Elodie et Fred, on fait une raclette. Allons puce quand même une raclette, c’est facile. Tu achètes de la charcuterie, du jambon blanc, du jambon sec, de la rosette, du salami, du chorizo pour toi et de la coppa elle dit mémé. Quoique j’aime pas la coppa, moi! Des patates, on en a des patates. T’aime mieux les roses, t’es difficile quand même et bla, bla, bla , bla. Bon j’vais te laisser, ça grésille là chéri, ça doit v’nir des appareils de l’hôpital…

Je te jure Béa, c’était palpitant la saga du saucisson!

Une heure plus plus tard, rebelote, menton et front dans le truc à imageries et j’ai demandé à la technicienne quel était cet examen et ce qu’on me cherchait? Elle m’a répondu laconique que je verrais avec l l’ophtalmo.

Ça m’a bien rassurée!

Nouvelle heure d’attente à flipper juste distraite par le nouvel appel de M Belleville qu’on avait enfin retrouvé.

J’ai enfin entendu mon nom et au bout du couloir et j’ai vu débarquer dans un ralenti parfait LE BEAU GOSSE, genre docteur des séries américaines, cheveux faussement ébouriffés, blouse négligemment ouverte, chaussures vernies et parfum envoutant.

C’était MON ophtalmo.

Et je me suis dit, ouh la la, je le vois très, très bien, je ne suis pas aveugle du tout, du tout.

Je me je me suis alors dirigée cheveux au vent vers la salle de consultation.

Beau gosse m’a demandé si j’avais des problèmes de santé. Je lui ai répondu non en bafouillant.

Il m’a expliqué que l’orthoptiste ne parvenait pas à obtenir dix à mon votre œil droit y compris en le corrigeant et qu’il fallait mieux vérifier. Deux minutes plus tard, il m’annonça que l’examen était normal.

Oui, Béa, tout ça pour ça. Après tu te demandes pourquoi y’a un gouffre à la sécu.

Sans rire, en deux heures de temps, j’ai vu trois autres dames qui ont été envoyées à l’imagerie.

Et bien Béa, c’est très utile les visites de contrôle, j’y vois d’un coup beaucoup plus clair.

Il faut bien rentabiliser les appareils dernier cri

du service ophtalmologique tout neuf!

Allez salut, à +

 

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Publié le 8 Août 2016

Sur les pas de Bernadette - 3 : L'affaire Soubirous

Dimanche 14 février 1858

Après la grand-messe, un groupe de six petites filles accompagne Bernadette irrésistiblement attirée à la grotte.

Elles ont peur, elles ont hâte. Dans la France superstitieuse du 19ème siècle, elles se sont munies d’eau bénite au cas où « ce serait du mauvais ».

Bernadette a devancé tout le monde. Ses amies la retrouve en prière le visage transfiguré. La dame est là et elle l’asperge d’eau bénite. La dame sourit.

L’atmosphère est remplie de mystère, les autres ne voient rien d’autre que Bernadette agenouillée, le visage extatique.  

Une fille a grimpé sur la roche, elle balance une grosse pierre dans le canal. Les enfants s’éparpillent en hurlant.

Les plus courageuses restent prés de Bernadette, elles veulent la déloger  mais elle est comme enracinée les genoux dans les pierres.

L’histoire se propage dans Lourdes, Bernadette se fait gronder par ses parents et les sœurs de l’école.

Jeudi 18 février 1858

Sollicitées par deux dames notables de Lourdes, Bernadette malgré l’interdiction retourne de très bonne heure à  la grotte.

Les femmes ont pris une écritoire pour que la vision inscrive son nom.

La dame en blanc est bien là et elle répond à Bernadette, dans un dialogue muet,que ce n’est pas nécessaire.

Elle demande à Bernadette de lui faire la grâce

de revenir ici quinze jours durant.

Bernadette promet et la dame lui promet à son tour de la rendre heureuse non pas dans ce monde mais dans l’autre

Bernadette en extase

Bernadette en extase

15 jours d’apparitions

De jour en jour, les proches et les badauds enfle le groupe se rendant à la grotte. Il y a cent personnes le 21 février, des milliers les jours suivants.

Le commissaire de police s’en mêle, tente de percer la supercherie, les influences, les intérêts.

Mais pendant toute cette période Bernadette refuse d’être mise en avant, refuse les dons en nature et l’argent qu’on lui propose.

Elle est chaque jour un peu plus importunée par nombre de gens qui veulent l’interroger, lui faire toucher des objets. Elle est raillée par ses camarades d’école, rabaissée par les religieuses, interrogées des heures durant par les autorités.

Elle reste simple, ne changeant pas d’un iota à ses récits et à ses descriptions. Elle nomme la dame de « cela » car elle ne sait pas qui elle est.

Malgré les pressions, les interdictions, Bernadette ne peut s’empêcher de rejoindre la dame du rosier sauvage de Massabielle, elle est irrésistiblement attirée.

Bernadette, poursuit chaque jour ses rencontres invisibles pour autrui. La foule observe la jeune fille calme et immobile qui récite son chapelet face à la grotte vide.

Les gens observent également la visionnaire pleurer, rester insensible au feu du cierge, se prosterner, baiser la terre, réciter son chapelet, sourire, psalmodier...

Le 23 février, l’apparition lui demande de faire construire une chapelle et de venir ici en procession.

Dans le pays, tout le monde ne parle plus que de l’affaire Bernadette Soubirous, les uns accréditent qu’il y a « quelque chose »  alors que  les autres déclarent que Bernadette est folle ou manipulée.

La petite ville de Lourdes est prise d’assaut, les autorités civiles et religieuses sont tenues d’intervenir. Le curé Peyramale demande une preuve tangible de la présence de cette dame alors que le procureur veut démasquer l’imposture.

D'un jour à l'autre, la foule grossit

D'un jour à l'autre, la foule grossit

Le 25 février 1858

Dès deux heures du matin, Il y a 350 personnes au pied de Massabielle. De nombreuses personnalités, des journalistes, des notables se sont joints aux villageois. Les gendarmes assurent le service d’ordre, des barrières ont été installées, un pont de fortune a été jeté sur le canal, des cierges brulent…

La grotte est devenue en quelques jours, un lieu de dévotion.

Bernadette doit se frayer un chemin dans la foule pour regagner sa place. Comme chaque jour, la jeune fille s’agenouille et son visage se transfigure lorsque la dame parait.  

Ce jour-là, la dame blanche lui demande d’aller boire et se laver à la fontaine et de manger de l’herbe.

Bernadette se dirige alors vers le Gave mais la vision lui fait signe de regagner les rochers. 

La foule observe les va et viens de Bernadette, les expressions de son visage.

Soudain, Bernadette se rend au fond de la grotte et se met à grimper à genoux sur la pente caillouteuse.

 Elle trouve un trou boueux et elle doit s'y reprend à quatre fois pour réussir à se frotter le visage et à boire cette eau sale. Elle mange ensuite des feuilles de cresson qui poussent sous la voute de pierre.   

Les observateurs sont sidérés et ceux qui ont cru en « quelque chose »  sont cruellement déçus, cette fille est dérangée.  

L’après-midi, des gens retournent pourtant à la grotte et plante un bâton dans le trou de terre rouge. 

Et voilà qu’une source est en train de jaillir. Les Lourdais remplissent les premières fioles de cette source neuve qu’ils pressentent  miraculeuse.

Les jours suivant la foule grossit encore. Bernadette indifférente effectue scrupuleusement les gestes de pénitence que la dame lui réclame.

De nombreux témoins relatent cette transfiguration incroyable du visage de Bernadette pendant les apparitions de la dame. 

Le silence et le recueillement règnent à Massabielle. 

Bernadette boit dans le trou d'eau sale

Bernadette boit dans le trou d'eau sale

Dans la nuit du 28 février au 1er mars, se produit le 1er miracle. L’eau du creux est devenue une source et Catherine Latapie prête à accoucher, se rend malgré tout à la grotte. Un bassin recueille désormais l’eau limpide  qui ruisselle du trou boueux. Catherine est handicapée d’une main et elle la plonge dans l’eau de la vasque qui a été construite.  Elle retrouve rapidement l’usage de ses doigts. Elle a encore le temps de parcourir les sept km qui la sépare de sa maison où elle arrive à temps pour accoucher d’un fils qu’elle prénomme Jean-Baptiste.

Quelques jours plus tard, un aveugle recouvre la vue en se lavant les yeux avec l’eau de la source.

Et cinq autres guérisons inexpliquées se produisent dans le pays.

Bernadette reste éloignée de ces guérisons jugées miraculeuses et de toutes les propositions et dons qui lui sont offerts pour la sortir de la misère. 

Les autorités cherchent toujours l’escroquerie, elles repartent bredouille, constatant chaque jour combien la jeune fille est intègre.  

La source de la grotte

La source de la grotte

Le jeudi 25 mars 1858

Bernadette demande une nouvelle fois à la dame quel est son nom.  

C’est le grand jour où la dame lui répond : Je suis l’immaculée conception.

 Bernadette ne comprend pas ce que cela veut dire mais court chez le curé en répétant le nom tout le long du chemin.

Le prêtre est étourdi, ému aux larmes de ce nom qui lui est révélé. Cette reconnaissance de la vierge en tant qu’immaculée conception, est une notion théologique toute nouvelle édictée par le pape. Bernadette ne peut avoir inventé ces paroles. Voici la preuve qu’il attendait.

Peu après les autorités font barricader la grotte et la débarrasse des objets pieux qui y sont entassés. Les gens continuent pourtant de prier de l’autre côté du Gave. 

Le vendredi 16 juillet 1858, Bernadette incognito, se mêle à la foule. C’est la dernière apparition.  Bernadette déclara plus tard, qu’elle semblait se trouver dans la grotte malgré la séparation de la rivière. Elle dit aussi que la Vierge n’avait jamais été aussi belle.

En juillet 1858, l’évêque de Tarbes diligente une enquête pour savoir s’il y a réellement eu des apparitions de la vierge à Massabielle. A suivre

 

Le début de l'histoire de Bernadette

Episode 1: Son enfance

http://tdbc.over-blog.com/2016/08/sur-les-pas-de-bernadette-1-son-enfance.html

Episode 2 : Massabielle

http://tdbc.over-blog.com/2016/08/sur-les-pas-de-bernadette-2-massabielle.html

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Publié le 12 Février 2024

Tout commence par de longues minutes d’écran noir avec en fond sonore une musique inquiétante, qui ondule comme le son d’une sirène étouffée. Le néant est interminable, agaçant. Le souffle court, chacun attend, cogite, anticipe l’innommable qu’il est venu voir. La musique discordante s’estompe peu à peu laissant place à des chants d’oiseaux et à une immersion aveuglante dans un écrin de verdure et de soleil. 
La scène est familière et bucolique à souhait, au bord d’une rivière, des familles flânent et pique-niquent. 

 

 

Le commandant Höss porte les cheveux rasés en dessous de sa casquette d’officier, il a fier allure dans son uniforme barré des insignes SS. Il se rend au travail chaque matin, juste de l’autre côté de la rue tandis que ses enfants partent à l’école. C’est la famille nombreuse modèle du IIIème Reich, la mère au foyer et les enfants échelonnés en âge, deux garçons, deux filles,  un bébé et un chien. Ils vivent dans une villa de rêve tout confort avec chauffage central et salle de bain. 
A l’extérieur, la mère de famille a créé un environnement magnifique et luxuriant, pelouse verte, abondances de fleurs, serre et potager, piscine et chaises longues...Un havre de paix où il fait bon se retrouver, faire la fête, voir courir les enfants. Et puis il y a le mur qu’on ne peut occulter malgré les plantes qu’on tente d’y faire grimper, de l’autre côté c’est Auschwitz. 

 

 

Dans la maison deux femmes à l’allure servile et un homme qui porte des provisions travaillent tête baissée. Des juifs ce dit-on, car depuis le début, l’on scrute les signes de l’horreur sans parvenir à ne rien desceller. La mère s’agite dans son domaine, arrache les mauvaises herbes, arrose ses fleurs colorées, s’occupe des enfants et commande sa maisonnée en maitresse absolue.   
 Après l’ouvrage l’époux regagne la quiétude de son pavillon, quitte ses bottes pleines de sang qu’un domestique s’empresse d’aller nettoyer. Puis il s’en va
 fumer tranquillement, accoudé au portillon du jardin avec vue imprenable sur les toits des baraquements d'en face.  

 

 

Chaque jour, chacun vaque à ses jeux ou à ses occupations avec en fond sonore permanent, les aboiements des chiens, les coups de feu, les crissements des trains, les cris humains et les vrombissements industriels.  
Dans le ciel les fumées blanches des locomotives se mêlent aux fumées noires et rougeoyantes des cheminées.  
Mais rien ne perturbe la vie de la famille, pas même les réunions du père où sur la table du salon s’étalent les plans de modernisation des fours crématoires. 


 

Ce matin là, la mère de famille renverse sur la table de la salle-à manger, l’arrivage du jour, un sac de vêtements. Chacune de ses amies choisit une pièce avec avidité,  tandis qu’elle même s’est réservé un manteau de vison.
Dans sa chambre l’adolescent ouvre précautionneusement son nouveau jeu, une boite contenant des dents en or. Le plus jeune quand à lui arme ses soldats de plomb et par mimétisme hurle les mots de haine qui surgissent de derrière le mur. 


 

La zone d'intérêt - Film

Furtivement, Höss apparait en gros plan émergeant d'une nuée blanche. On le devine sur le quai des arrivées avant qu'il ne disparaisse dans le brouillard des fumées.

 

Le soir venu, le père méthodiquement, compulsivement ferme à double tour toutes les portes donnant sur l’extérieur. La maison en sécurité, il peut se laisser aller à lire un conte à ses filles, l’histoire de Hansel et Gretel qui brulent la méchante sorcière dans le four. Le choix est glaçant!

 

A deux reprises dans la nuit noire, une enfant s’échappe au dehors. Qui est-ce? Est-ce un rêve, une crise de somnambulisme, un prolongement du conte ou un acte de résistance? Toujours est-t’il que tel un ange fantasmagorique, elle sème des pommes sur de la terre fraichement pelletée.

 

Le bébé, lui hurle continuellement à la mort alors que “sa nounou” fume fébrilement, complétement indifférente au nourrisson.

 

Dans cette première heure, nos sens ne cessent d’être en éveil, l’horreur est partout suggérée, jamais clairement affichée. Que se passe t’il dans la tête de chacun, qui sait ce qui se passe de l'autre côté?

Un écran rouge sang suggère quelques instants la barbarie ou le rouge éclatant des dahlias.

 

Dans l’intimité, le couple s’alonge sans affect dans des lits jumeaux. Rudolf visage fermé, mutique et apathique semble déprimé. A t’il encore la faculté de penser ? Edwige comme à l’ordinaire ne semble préoccupée que de son bien être personnel, elle réclame des vacances au spa et fait le pitre pour capter son époux.

Un autre soir, le commandant rentre tard, il a convoqué une déportée dans son bureau pour un viol sans doute habituel. Il s'enfermera peu après dans la buanderie pour un nettoyage méthodique avant de rejoindre son épouse.

 

La mère Edwige est venue visiter la famille, elle s'extasie de la réussite de sa fille. Mais rapidement, elle est titillée et demande si les employés sont juifs. "Ce sont des filles du village, les juifs sont de l'autre côté", lui répond t'on. La grand-mère se demande si sa patronne juive est aussi de l'autre côté. Elle ne semble avoir aucune idée de la fonction du camp mais comme de nombreux allemands ne remet pas en question l'internement des juifs. Le jour suivant, elle se sauve!

 

Un nouveau jour de repos, ramène le père et les enfants sur la rivière. C'est une paisible partie de pêche qui pourtant tourne vite court lorsqu'on retire des ossements de l'eau et qu'un orage éclate. Les enfants sont rapidement maculés, il pleut des cendres. Le père regagne prestement la maison et la mère et les domestiques dépouillent et plongent les enfants dans la baignoire pour les laver énergiquement. Aucune parole ne ponctue la scène, aucune question ne sort de la bouche des enfants. Dans ce nouveau silence chaque spectateur imagine l'imbroglio des sentiments de chacun.

 

Rudolf est très innovant dans ses méthodes et obtient de très bons résultats. En récompense, il monte en grade et devient superviseur des camps, nommé en poste à Berlin. Edwige ne se réjouit pas de cette promotion, elle ne veut pas déménager. Elle tient absolument à rester dans son paradis verdoyant, œuvre de sa vie, ce dont elle a toujours rêvé. On lui donne l'autorisation de demeurer "la reine d'Auschwitz".

 


 

A la maison, rien n'a changé. Un jardinier déverse un sac d'engrais gris qui s'envole au vent. Les enfants grandissent en sein de cette végétation de plus en plus exubérante. Le soleil continue de briller, les fleurs déploient leurs coroles multicolores, les oiseaux chantent, les abeilles font leur miel et les cheminées fument.

 

Un nouvel écran nous replonge dans le noir et par le trou d'un œilleton, l'on empreinte un tunnel qui s'élargit et nous propulse dans un musée. Des femmes de ménage, chiffon et aspirateur en main briquent placidement les vestiges des chambres à gaz, des fours crématoires et la vitrine des chaussures entassées. Nous sommes passés de l'autre côté du mur, là où les reliques des suppliciés ne peuvent à leur tour que suggérer l'atrocité.

 

Sous tension pendant 1h45, je ne suis pas ressortie indemne de ce film, psychologiquement si particulier,

 

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Publié le 13 Juillet 2016

Ma jolie colonie de vacances à l’île de Ré

 

Colonie de Bellerive-sur-Allier à la Couarde sur mer, juillet 1973.
Nous sommes enfin arrivés après toutes ces longues heures de voyage et la traversée en bac !
Nous sautons des cars, heureux d’enfoncer nos pieds dans le sable de l’immense cour carrée. Il fait encore chaud en cette fin d'après-midi et l’on nous dirige à l’ombre de la galerie bordée de pins pignons. Les moniteurs s’affairent pour nous distribuer un goûter de pâtes de fruits et du sirop de grenadine. Après ce long voyage, ça fait du bien.
Raymond le directeur, nous repartit, ensuite dans nos groupes : les petits de 6/8 ans, les moyens de 9/11 ans (mon groupe), les moyens-grands de 11/12 ans et les grands de 13/14 ans.
Je rejoins sept autres petites-filles, autour de notre monitrice Babeth, une rouquine au sourire accroché aux lèvres. Elle nous conduit vers les valises qui gisent à côté des soutes ouvertes des autocars.
Peu après, chacune traîne son barda, jusqu’au bâtiment de droite, celui des filles. Nous sommes saisies par la fraîcheur et la pénombre en pénétrant dans les chambres aux rideaux tirés. Notre box est situé au milieu du dortoir, ses murs sont immaculés et tranchent avec les dessus de lits aux rayures colorées. Nous nous précipitons pour choisir nos places, toutes persuadées d’avoir obtenu la meilleure.
Babeth nous demande de sortir nos affaires et de les étaler sur le lit ; elle va passer pour l’inventaire. Elle s’occupe de nous à tour de rôle et pendant ce temps-là, les autres partent à la découverte du dortoir. D’abord timidement puis avec de grands rires, nous arpentons le long couloir. Tout au bout, nous croisons les grandes filles qui gloussent de se retrouver alors que de l’autre côté, quelques petites pleurent leur maman.
À l’extrémité du dortoir, il y a des barres de lavabos, les WC et une salle pour se déchausser.
Le sol est recouvert d’un carrelage et les portes vitrées donnent sur la galerie couverte qui nous a accueilli tout à l’heure. Par les fenêtres, nous apercevons les garçons devant un bâtiment identique au nôtre, ils ont revêtu des shorts et jouent au football. La chance !
Babeth, on peut aller jouer dehors ? L’après-midi se termine par un jeu de chandelle en cercle au milieu de la cour. Il court, il court le furet...
Le lendemain et chaque matin, le réveil est échelonné, chacune se lève à l’heure qui lui convient, ouvre son lit, fait sa toilette et enfile son short et ses baskets.
Au réfectoire un solide petit déjeuner nous attend : pain frais, beurre et confiture, compote, chocolat et café au lait, de quoi prendre des forces pour la journée.
À 9 h 30, nous avons toutes pris le petit-déjeuner. Il est l'heure de retourner au dortoir pour faire nos lits, ranger nos chambres puis nous rejoignons les garçons.
La matinée est consacrée aux activités manuelles : pompons, objets en pinces à linge, colliers de perles, tableaux de fil tendus, portes serviettes en raphia, nos moniteurs ne manquent pas d'imagination.
Et nous chantons sans cesse, accompagnés de Gérard à la guitare.
« Au loin, on voit tourner la mouette autour d’un point noir sur du bleu, nul ne sait qu’elle guette son amoureux » ou « Tiens bon la barre et tiens bon le vent, Hisse et ho, Santiano «. C'est beau !
Avant midi, nous nous rendons aux marabouts, il faut se mouiller le visage et les bras puis s’allonger sur des lits de camp ou à même le sol pour une « cure de sommeil ». C’est un moment de retour au calme qu’on appelle aujourd’hui relaxation. Je sens encore l’eau qui s’évapore de ma peau sous la tente réchauffée par le soleil de la mi-journée et j’entends la voix lente du moniteur qui nous demande de nous détendre et de fermer les yeux.
À 12 h 30, bien apaisés, nous passons aux lavabos pour nous laver les mains puis nous gagnons le réfectoire. C'est une grande salle claire où des petits murets séparent des tables de six. Nous sommes assis sur des bancs et avons la responsabilité de servir nos camarades à tour de rôle tandis que d’autres vont chercher le pain ou remplir les brocs d’eau. Nous sommes fiers de ces petites tâches qui nous autonomisent.
La monitrice nous demande de tout goûter avant de dire que l’on n’aime pas. Elle nous apprend également quelques astuces de colo comme manger sa compote dans son verre ou sa part de gâteau sur l’envers de l’assiette. Ça limite la vaisselle !
Le jour des frites, il y a toujours du rab et nous faisons "mailloche". Autant vous dire que je n’ai pas trouvé, la définition de ce mot dans le dictionnaire. Il veut dire que toute la table se précipite sur le plat (au grand dam des moniteurs). Raymond sort alors son sifflet et plus personne ne bronche.

En fin de repas, l’on débarrasse les assiettes et les verres pour faciliter le travail des personnes de service.
Après avoir mangé, c’est l’heure tant attendue du courrier. Je reçois une carte pratiquement chaque jour, de mes parents, grands-parents ou tantes. De belles images que j’affiche au-dessus de mon lit.
L’une ou l’autre des fillettes reçoit parfois un colis rempli de bonbons, de petits jouets et de journaux illustrés. Le partage est la règle, car certaines copines ne reçoivent rien.
On se regroupe ensuite à l’ombre des galeries pour lire son courrier, faire des jeux de mains ou de ficelles et ramasser des pommes de pin dont nous mangeons les amandes. "Trois p'tits chats, Trois p'tits chats, Trois p'tits chats, chats, chats".
À 14 h, nous rentrons au dortoir pour la sieste. C’est un temps où chacune doit s’occuper en silence sur son lit. Les plus petites dorment pour de bon alors que les grandes lisent, écrivent, fabriquent des scoubidous ou des colliers de perles.
Youpi, la sieste est terminée. Nous enfilons les maillots de bain, les chapeaux et nous préparons la trousse de secours, le périmètre, la caisse de pain et les bidons de sirop pour le goûter. En route pour la mer.
Nous traversons la colo, ouvrons le portail donnant dans le petit bois Henri IV. Nous empruntons alors un petit chemin aux odeurs de résine qui nous mène à la plage des Prises. Pieds-nus, nous grimpons la dune bordée d'herbes touffues et de fleurs violettes. Et soudain, l'océan est là, haut, bleu, magnifique, bruyant. Il reflue mousseux et odorant sur le sable clair. Une odeur inconnue nous remplit les poumons, ça sent la mer !
Pour beaucoup d'enfants, c'est une découverte et les cris de joie couvrent bientôt le bruit des vagues et du vent marin.
D'autres groupes sont déjà assis sur le sable, les enfants jouent patiemment pendant que deux moniteurs installent le périmètre.
Puis vient notre tour de baignade, oh ce n’est pas bien long, une demie-heure heure environ pour permettre à tous les groupes d’en profiter. Qu'à cela ne tienne, ça vaut le coup de sauter par-dessus les vagues, de s'éclabousser, de tenter de nager dans cette eau qui n'arrête pas de bouger. Bouha, j'ai bu la tasse, que c'est salé !
Après le bain, nous nous séchons puis entortillés dans notre serviette de bain nous enfilons une culotte sèche sans que personne n'entrevoit notre derrière.
Puis vient le temps des jeux de plage. Nous ramassons des coquillages, creusons de puits, enterrons les pieds de nos copains, jouons aux osselets avec des cailloux. Que de bons moments !
17 h 30, il est l’heure de gravir la dune dans l'autre sens et de regagner la colo. Nous nous rendons directement aux douches puis à la lingerie où chacun récupère son linge soigneusement rangé dans sa case.
Après dîner, nous traversons la cour jusqu'aux bâtiments en bois, ce sont des salles d'activités qui le soir, nous accueillent pour la veillée. Nous faisons des petits jeux calmes, nous chantons ou l'on nous lit de contes. Pour la première fois de ma vie, je fais connaissance avec les lettres de mon moulin et de ce curé de Cucugnan qui nous fait tant rire.
Deux fois par semaine, nous partons en randonnée avec le KW autour de la taille et le chapeau vissé sur la tête. Ce sont de longues marches d’une demie ou d’une journée entière. Nous nous rendons au phare des baleines (11,2 Km), St Martin en Ré (8,5 km), Ars en Ré (7 Km), Loix (5 km)…À la colo, on marche sans cesse et nous chantons pour nous donner du courage, un kilomètre à pied ça use, ça use…
A midi le directeur nous apporte les caisses d’œufs durs, de tomates, les fruits, le pain d’épice et les incontournables jerricanes de sirop de menthe ou de grenadine.
D'autres matinées sont plus calmes, ce sont des jours de correspondances, de nettoyage des chaussures ou de ramassage des papiers de la cour. La colo nous apprend le civisme et le vivre-ensemble.
Chaque samedi soir, il y a une Grande veillée préparée par un groupe d’âge. Un spectacle de chants, de danses, de sketches auquel toute la colo assiste. Rires et applaudissements réjouissent les colons.
Les dimanches sont des journées de fête. Après le spectacle de la veille, la grasse matinée est autorisée puis nous rejoignons nos moniteurs qui tiennent chacun un atelier. Individuellement, nous choisissons notre animation ou mono préféré : construction de cabanes dans le petit-bois attenant, activités manuelles, chants, contes, jeux, cuisine…
Le repas du midi est, ce jour-là, amélioré et l’après-midi est consacrée à un grand jeu, une kermesse, un jeu de piste ou une chasse au trésor avec un goûter de crêpes, de glaces et des bonbons à gagner.
Le 14 juillet est aussi un jour de fête, nous nous déguisons, fabriquons des drapeaux et le soir venu, nous nous rendons sur la plage pour voir le coucher de soleil puis le feu d’artifice.
Les soirées sont aussi ponctuées des anniversaires du mois dont le mien. Je souffle cette année-là, mes neuf bougies, entourée de mes amies ; elles m’ont fabriqué un petit cadeau de coquillages et de pommes de pin avec l’aide attentif de Babeth.
Quatre semaines passent vite, nous nous sommes bien amusés, mais il est temps de passer à la pesée et sous la toise. Il est de bon ton d'avoir grossi et grandi pendant ce mois et ceci est inscrit sur notre fiche sanitaire.
Le dernier jour, nous allons à la Couarde acheter les souvenirs. Je prends un petit chalutier sur un socle avec l'inscription "Ile de Ré".
L'après-midi, il faut refaire l’inventaire, remplir les valises et nous faisons les folles en sautant sur les lits.
Au petit matin du dernier jour, nous plions nos draps, bouclons nos valises et embrassons bien fort nos camarades et nos moniteurs. Il y a des larmes, des joues mouillées de tristesse de se séparer et des promesses de revenir l'année prochaine.
Nous repartons toutes dorées, les genoux couronnés et la tête bourdonnante de refrains entrainants et d'amitiés d'été.
Au revoir l’Ile de Ré, nous allons retrouver nos parents.

 

Photos de la colonie de Bellerives sur Allier à la Couarde sur mer en 1983 (année ou j'y suis retournée comme mono)Photos de la colonie de Bellerives sur Allier à la Couarde sur mer en 1983 (année ou j'y suis retournée comme mono)Photos de la colonie de Bellerives sur Allier à la Couarde sur mer en 1983 (année ou j'y suis retournée comme mono)

Photos de la colonie de Bellerives sur Allier à la Couarde sur mer en 1983 (année ou j'y suis retournée comme mono)

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Publié dans #Quand j'étais petite

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